EDC de 27320

Je suis préoccupée. Ces derniers jours m'ont mise sur les nerfs. C'est peut-être pour ça que j'ai manqué de prudence en descendant. À moins que ce ne soit exactement ce que je recherchais. L'envie de m'évader, de me retrouver seule, en danger.
C'est réussi. À peine, me suis-je faufilée par la trappe, qu'elle est sur moi. C'est une elfe. Aucun doute là-dessus. Sa manière de se déplacer, de me poursuivre dans les souterrains. Là où je titube sur mes boosters en piteux état, elle voltige avec souplesse, me décochant ses tirs d'azmats.

Je me maudis intérieurement. Aucun moyen de m'échapper aujourd'hui. Ce n'est pas un de ces malabars survitaminés et débiles. C'est une chasseuse, et je suis la proie. Plusieurs rayons d'azmats me touchent, m'envoyant bouler contre un mur. L'un à la hanche, l'autre à l'épaule. Je me redresse aussitôt pour repartir. Étrangement, je ne sens rien, pas encore en tous cas. Tandis que je cherche une issue, mes pensées s'éparpillent. C'est la première fois qu'on me tire dessus. Est-ce que j'ai fermé correctement en sortant de chez moi tout à l'heure ? Vais-je me faire engueuler pour mon imprudence à la sortie de la cuve ? Il y a des jours, il vaudrait mieux éviter de se lever. Juste abandonner

Un nouveau tir me ramène à la décevante réalité. Je loupe un virage, me prends un mur de plein fouet. Craquement sinistre, certainement une côte. Toujours ce détachement, cette douleur qui ne vient pas. J'observe mes boosters dont les roues ont littéralement fondu. C'est le moment de me battre. Je me retourne, hallebarde en main, et fonce en hurlant sur l'elfe, sans doute guère impressionnante dans mon mini-short et mon top troué. Et en effet, ça la fait sourire. Elle continue de me tirer dessus, parfaitement maitresse de la situation, et je viens finalement m'étaler à ses pieds, sans avoir lâché mon arme. Petit tas de plumes, de chairs et de sang.

J'ai peur ... Pas de me faire cuver, les rats et autres mutants m'ont eu plus d'une fois. J'ai peur qu'elle m'embarque. J'ai entendu bien trop d'histoires sur ce qu'ils font aux prisonniers dans leurs geôles. Aussi, je m'acharne à la provoquer. Je l'insulte. Ça ne me ressemble pas, mais que faire d'autres ? La prison n'est pas une option.

Elle m'interroge, cherche à savoir qui je suis. Si je n'étais pas au sol en train d'agoniser, on pourrait presque croire à une conversation mondaine. J'ai honte de le dire, mais je ne me montre pas aussi courtoise, me contentant de ricaner entre deux insultes.

Elle ne semble pas s'en émouvoir. Lentement, elle décroche son fusil de son épaule, et vient en enfoncer le canon dans une de mes plaies.

La voilà enfin. Elle me traverse d'un coup. Je hurle. De douleur, mais également de soulagement. Parce que la suite, je la connais. C'est un chemin qui ne m'effraye plus. Il y a bien pire que la mort dans cette ville. L'elfe me regarde. J'essaye de comprendre son expression. Serait-ce de ... la déception ?