EDC de 11441

Nombreux sont ceux qui font mine de l’ignorer, ou même le nient franchement, mais la guerre économique qui fait rage entre les Corporation de Dreadcast n’a échappé à personne. Une lutte de pouvoir qui a pris sa naissance dans l’émergence des Corporations Requiem au milieu des deux forces dominantes qu’étaient Sins7 et Armacham. Groupes de Corporations rescapés de l’Ancienne Ville, ils n’ont pas tardé à faire main basse sur la ville dès sa reconstruction, les avoirs et possessions de leurs créateurs ayant manifestement survécu au cataclysme.

Dreadcast n’est alors qu’un gros gâteau à se partager jusqu’à l’indigestion, sans laisser ne serait-ce qu’une miette aux entrepreneurs courageux, ou fous pourrait-on dire, qui tentent de leur faire concurrence. Car les règles de la ‘saine compétition’ ont elles aussi survécu à la refonte de notre ville : l’oligarchie, quand ce n’est pas le monopole, se forgent à force de crédits, de sang et d’OPA musclées.

Les résultats sont catastrophiques.

Plus de 90% des terrains immobiliers aux mains des deux grandes corporations, dont Armacham se taille la part du lion, les postes de stagiaires sous-payés fleurissent comme la mauvaise herbe et détournent la main-d’œuvre des STV. Les contrats publics sont attribués par le truchement de manœuvres politiques, et les prix des biens de consommation sont alignés. En bref, l’économie stagne et le niveau de vie des citoyens atteint un seuil critique.

L’influence de Sins7 et Armacham devient telle qu’elle transpire de certains officiels à des postes clés de la ville, et affecte le fonctionnement de certaines OI. C’est un fait : Armacham a fondu sur le Cercle en la personne de Lord Horus, tandis que le Militarium est sous l’égide de Sins7 lâché en patûre à DonPhilippe.

Si ces putschs silencieux n'ont pas été connus du grand public, les fonctionnaires de ces OI ne sont pas dupes, voire complices pour certains. Une course à l’armement digne d’une guerre froide s’engage alors au rythme des tensions qui apparaissent inévitablement, risquant de mettre en péril l’intégrité de ces Organisations et, par la même occasion, la sécurité des citoyens en cas de conflit ouvert.

Mais un 3ème joueur va entrer dans l’arène et changer la donne, en la forme des Corporations réunies sous l’étendard de Requiem, les seules ayant résisté aux rachats massifs. Au même titre que les autres Corporations, Requiem est appelé à participer au forum économique organisé par la DAI, et se dresse contre l’oligarchie en place et les pratiques salariales honteuses.

Les débats débouchent sur une impasse cependant, Armacham et Sins7 ayant réussi à faire passer des recommandations allant à l'encontre de la politique libérale telle que définie dans les lois. À la demande de son fondateur, Requiem se retire des discussions. Dans les jours suivants, l’Ambassadeur Thor Brokers annonce la création de la loi sur les Consortiums, et appelle une nouvelle fois les Corporations à se réunir pour débattre.

Nouvel échec, les Corporations dominantes refusent d’entériner la loi. Ce sera Requiem qui fera le premier pas : pour tenter de redresser la situation économique jugée catastrophique, la représentante Lambda annonce la fondation du Consortium Requiem. C’est un premier coup dans la fourmilière Sins7-Armacham. Seul Consortium officiel, Requiem a dorénavant voix au chapitre économique de la ville à travers les assemblées de la DAI et devient fournisseur officiel de l’Impérium.

Le Consortium Requiem fraichement officialisé semble représenter un danger assez critique envers Armacham et Sins7 pour qu’une paix tiède s’installe entre eux, dans le seul but d’étouffer leur concurrent. Mais les stratégies économiques et politiques ne suffisent bientôt plus pour endiguer l’ascension de Requiem, et le Consortium réussit à influencer les recommandations de la DAI : hausse des salaires et politique ultra-libérale cassant la plupart des prix minimums imposés sont les nouvelle mesures à appliquer.

La réaction de Sins7 et Armacham est cette fois radicale, et Requiem essuie ses premières pertes humaines. Car quand l’économie et la politique ne suffisent plus pour obtenir ce qu’on veut, on retourne aux méthodes à papa : contrats, mercenariat, formation d’équipes de sécurité ‘extérieure’.

Pour le citoyen moyen, la rubrique nécrologique n’est rien d’autre qu’une liste plus ou moins longues de pauvres malchanceux. Mais pour celui qui sait la décrypter, en revanche, elle est le merveilleux révélateur de cette guerre clandestine que se livrent les Corporations. Un vendeur assommé par ici, un PDG ‘prélevé’ par là, ou encore un garde dont le cadavre sert de message : l’AITL compte les points.

Le but est ni plus ni moins, comme on s’en doute, de faire fermer les entreprises de la concurrence, ne serait-ce que quelques heures. Tout cela sans trop de heurts, et dans un anonymat quasi total. Les rares témoignages rapportent même que certains employés ne sont parfois mis qu'inconscient, sans doute dans le soucis de faire le moins de vagues possible. Car il faut le dire, une rubrique nécrologique longue comme un annuaire fait tache.

Mais cette fois, Sins7 semble être allé trop loin pour Requiem: les primes offertes à qui coupera la tête de Lambda, et l'assassinat du PDG Hiruma sont la goutte qui fait déborder le vase des multiples agressions qui n'ont jamais été punies.

L'opération commando en représailles a été d’une ampleur telle, que l’ex-Générale Alleria a dû intervenir en personne pour y mettre fin en emprisonnant l’équipe d’assaut de Requiem, alors prise sur le fait à l’usine Sins7 Factory.

Requiem a sorti cette bataille rangée de son faux anonymat en la jetant au visage de tous. Il est désormais impossible de faire l’autruche, la Guerre des Corporations est déclarée.