La capuche de son sweat Anonyma sur sa tête, le camouflage optique faisait effet. De légères vibrations atmosphériques à peine perceptibles perçaient l'épaisse couche de brouillard cendré. Des bruits de pas étouffés, rapides, traçaient une ruelle déserte, aux lueurs du jour. A l'entrée d'une grande tour, les distorsions cessèrent, la porte principale coulissa dans un souffle, et laissa passer l'individu invisible. Le hall de qualité minimum s'encrassait sous la rouille, l'être respira profondément, appréciant cette odeur d'humidité, et s'avança de pas assurés vers l'ascenseur, qui ne mit pas longtemps à s'ouvrir pour l'engouffrer. Vingt-quatrième étage. Fond du couloir, droite, gauche, porte 342. Si on se concentrait, on pouvait voir un rictus s'afficher sur le visage de cette mystérieuse personne. Elle composa sans hésitation le digicode de l'appartement, et poussa lentement la porte qui venait de se déverrouiller.

A l'intérieur, un jeune homme dormait sur le canapé, affalé devant la télévision. Un léger ronflement s'échappait de ses narines, son torse se soulevait à rythme régulier. Vêtu d'un costard, il semblait être quelqu'un d'important. Mais dans ce cas précis, il était vulnérable. C'était bien trop facile. A l'autre bout de la pièce, l'inconnu leva une main vers son Bad Luck, puis, après quelques secondes, se ravisa, et sorti un couteau gravé d'étranges sculptures d'un fourreau à sa cheville. Son cœur commençait à battre plus vite, ses doigts serrèrent la garde, l'étranger était pris d'une pulsion jouissive. Le plaisir de tuer. Tel un prédateur, il s'approcha de sa proie, lentement, analysant chaque détail pour les graver dans sa mémoire. Pas après pas, sa tension grimpait. Puis, une fois à sa portée, il lui trancha la gorge d'un geste brusque et précis. Le sang gicla sur son revêtement, laissant des gouttes en suspension dans le vide. L'homme ne se réveilla pas. Et ne se réveillera jamais. L'intrus lui arracha rapidement sa puce-mémoire avant de la piétiner au sol.

Il posa un dernier regard sur le cadavre, admirant son œuvre, et rangea son poignard tranquillement, n'ayant aucunement peur d'une quelconque intrusion imprévue. Cette fois, il dégaina son arme à feu. Abîmée, rayée, cette antiquité était passée entre des nombreuses mains meurtrières, dont la sienne. Il tourna la tête vers la caméra, leva le bras et appuya sur la gâchette.

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Blocage des données... Terminé.

_C'est fait. Elle ne se souviendra plus de rien, jusqu'à ce qu'on lui déverrouille sa mémoire grâce au programme, confirma une voix féminine.

_Bien, envoyez-la, ordonna un ton grave.

_Doit-on vraiment...

_Oui. Dans un an, tout ça ne sera plus qu'une vieille histoire.

La femme soupira et fit un signe de tête à deux gardes, leur intimant de s'occuper du corps endormi sur la table d'opération.

Ils la traînèrent sans douceur hors du bâtiment, la tabassèrent à grands coups, lui broyant les os, déchirant ses vêtements, ne laissant plus qu'un tas sanguinolent de chair, et la jetèrent dans les sous-terrain.

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Yurelei Okinoa était assise sur un baril de son bar habituel. Fervente Rebelle, combattante apprentie, elle ne débinait jamais devant la mort. Loyale, elle se lançait corps et âme pour défendre ses amis et son secteur. Quant à sa grande gueule, pas grand chose à y redire. Pas toujours appréciée par certains, elle avait su gagner la confiance d'autres. La discrétion n'était pas son crédo, mais elle savait écouter et comprendre.

Verre de vod' à la main, le regard pensif, elle décréta à son ami :

_Tu sais, j'ai tout de même 25 ans. On ne démoule pas à un âge si avancé, dans la cité. Je me demande bien où sont passées ses dix dernières années...