Point temporel 06.02.2015
Laboratoire VITRIOL

Watari arpentait les rues comme à son habitude le visage complètement caché, masqué par une longue capuche ne découvrant que la partie basse de son visage.
Sa journée avait été longue, éprouvante, rythmée par des entrainements et quelques séances de fouilles... Des fouilles, toujours des fouilles... Nécessaires à la pérennité du projet... Pas n'importe quel projet.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cela. Un sentiment de joie mais aussi et surtout d'utilité. Et puis il y avait Ever. Ever, cette androide à qui il aurait tout donné.
Mais nous nous égarons. Notre héros, Watari donc, était enfin parvenu à sa cible. Un lieu tenu secret, le lieu où tout allait se jouer.
La première chose qui le frappa, c'était la porte à demi-ouverte, phénomène tout à fait contraire aux règles de prudence édictées par Ever. Avec prudence il s'insinua donc par l'étroit passage. Des éclats de voix lui parvenait dans le hall d'entrée. La silhouette d'Ever était au sol. Mal en point. Il serra les poings, arrêtant son envie de surgir de la pénombre.
Il y avait trop d'individus : la leader du Centre militaire entre autre. Mais qu'est ce qu'elle foutait là ? Un autre type à l'accent peu banal ainsi que deux androides.
L'un deux ne lui était pas inconnu. Bien que de dos son allure inhabituelle était reconnaissable parmi toutes : Grievous. Cet immonde raté génétique sans aucune conscience.

Watari se crispa. Il fallait agir et vite. Discrètement, sans aucun bruit, il sortit son communicateur et lâcha un bref message à son Frère, KIRALighT.
Le laboratoire est attaqué, rapplique vite

Les yeux voilés par un sentiment de colère il enfila ses gants hydro. Mais trop tard, il avait suffi qu'il tourne le dos pour envoyer le sos pour que tous les autres protagonistes aient quitté les lieux.

Merde. Il fallait une nouvelle fois agir, et vite.

Ellipse temporelle, durée inconnue
Lieu inconnu, quelque part dans les rues de la Cité en Secteur Libre

De T-Cast en T-cast, le souffle coupé, les muscles crispés par l'acide lactique, il cherchait désespérément Ever. Pourvu qu'elle ne soit pas seule.

Après une bonne dizaine de cycle minute de recherche, il tomba enfin sur un attroupement de badauds. Voilà peut-être une piste. Ce n'était pas une piste, mais le dénouement.

Déterminé, le regard sombre, Watari fendit la foule pour atteindre le centre de ce qui était maintenant une violente altercation.

Ellipse temporelle, durée inconnue
Immeuble rue Hoblet

Pourquoi? Pourquoi tu fais ça?
Watari était au sol, le visage maculé de sang. Le dernier coup porté par Grievous l'avait projeté à terre avec une rare violence. L'androide lui avait bien proposé de se rendre.
Mais plutôt mourir. Il venait de voir KIRALighT se dématérialiser lui aussi terrassé par le géant hybride.
Le souffle coupé, Watari sentait son coeur se ralentir. Alors c'est ainsi la mort. Il bascula légèrement la tête, afin de croiser une dernière fois le regard d'Ever. Ever qui était allongée, inconsciente, les vêtements déchirés et rouge sang. Ever, cette dame pour qui il avait finalement tout donné, jusqu'à sa vie... Mais pour quoi.
Grievous s'approcha de lui. Il redressa légèrement l'Orc. Les secondes paraissaient des minutes. Son visage effleurait désormais celui de son ennemi dont il pouvait même percevoir l'haleine fatide à chaque mouvement respiratoire.
Je t'avais pourtant proposé la vie sauve misérable Orc. Regarde toi... Regarde l'état dans lequel tu es. Tu ne changes pas d'avis?.
Watari tentait de sourire.
Plutôt mourir.
La lame franchit son épaisse cuirasse. Mais la douleur n'était rien comparée à celle provoquée par la vue des larmes d'Ever

Flashback quelques minutes plus tôt
Immeuble rue Hoblet

La première voix qu'il entendit avait la même accent qu'au laboratoire. Sûr d'être au bon endroit, Watari bondit et rattrappa KIRALighT.
Ever n'était donc pas seule. Bonne nouvelle.
Son Frère lui hurla de se réfugier dans l'immeuble le plus proche. Il portait la silhouette inerte d'Ever dans ses bras.
L'individu au fort accent invectiva Grievous.
Ca pou ton idée là, lé typé il a amené des potés. Y'é vé pas participé à ça
KIRALighT fracassa la porte de l'entrée et pénétra rapidement dans l'habitation avec la Directrice de l'Administration rebelle.
L'humain étendit Ever sur le banc présent dans le hall du bâtiment. L'androide perdait de plus en plus de sang. Son teint virait dangeureusemnt au blanc. La vie semblait s'échapper de son corps.
KIRALighT déchira son débardeur et effectua un point de compression de manière sommaire. La couleur brûnatre de l'habit tourna rapidement au pourpre.
Putain, bouge toi Watari, viens m'aider
Watari était pétrifié, le regard rivé sur l'entrée béante. Les cries extérieurs qui s'intensifiaient le sortirent de sa torpeur.
J'arrive
A la vue de l'état d'Ever, la vue de Watari se brouilla par les larmes. Reste avec nous Ever, reste, par pitié
Une ombre s'insinua derrière eux. Le "gnoll" était dans la fabrique de steack d'écureuil. Les événements qui suivirent défilèrent à une vitesse incroyable.
Grievous entra précipitamment dans la pièce une arme à la main. Sans un mot le combat s'engagea. Très rapidement, Watari fut en difficulté, épuisé par sa journée. Son ennemi oeuvrait habilement, n'hésitant pas à harceler l'Orc en l'obligeant à des mouvements rapide, usant. Le poids et la fatigue de Watari eurent raison de lui. L'androide changea alors rapidement de cible. KIRALighT se défendait ardemment parant les coups de manière subtile mais Grievous avait bien monté son opération. Après de nombreux coups d'épée, rythmés par des esquives et des cris de douleurs, l'humain mis un genou à terre.
Vous n'avez aucune chance misérables
Sans aucune pitié, Grievous prit la tête de KIRALighT à une main. D'un mouvement sec et d'une précision chirurgicale, sa colonne fut brisée. Le silence mortuaire envahissait les lieux. Watari pouvait désormais entendre la respiration lente et filante d'Ever. Il perdit brièvement connaissance.

Dernières secondes
Même lieu

Le métal glacé de la lame surpris Watari. Il s'obligea malgré tout à tourner son regard sur Ever. Un sentiment de paix et de sérénité s'empara de lui...
C'était donc ça la mort.
Dans un dernier effort il prononça quelques mots :
Ainsi soit-il
Telles furent les dernières paroles de l'Orc

Hellguapo était peinard à la banque, prêt à bientôt remplacer Gurk, qui avait bossé encore toute la journée comme un forcené.
Dans le temps, le latino rebelle n'aurait jamais fait ce boulot. Banquier.. Mais à sa sortie de cryo, c'était le premier poste qu'on lui avait proposé, et ma foi, les banques sont utiles.
En y réfléchissant, Hellguapo en était même venu à penser que le poste de banquier est même un poste clef dans la rébellion, aussi important voir plus important même que d'occuper un poste de contre hack au centre militaire, un poste qu'il avait tenu dans le temps.
Il suffisait d'observer les "clients" défiler dans la banque pour s'en convaincre.
Un bref coup d’œil sur comment ils étaient équipés en entrant, et comment ils étaient équipés en sortant, montrait que la salle des coffres, en particulier, occupait une fonction hautement stratégique, surtout dans une banque aussi proche géographiquement du centre militaire.
Mais revenons à l'heure moins une.
Hellguapo était donc occupé à glander, une activité qu'il avait érigé en art, lorsque son comm vibra.
"Si qué pasa Grévious?"
Hellguapo décrocha, c'était son coatch, au bout du fil. Grievous.
Grievous était une des rares personnes sur qui Hellguapo avait pu compter à sa sortie de cryo. Il l'avait rencontré alors qu'il venait de se faire recruter comme banquier, à la Ten. l'étrange personnage était entré dans la pièce ou Hell roupillait à moitié, avait saisi son arme, et avait dit au cyborg: "Ne bouge pas, toi."
Hellguapo avait tout de suite accroché. Ce mec était une vedette, à coup sur.
Sans se démonter, il avait répondu:
"c'est exactément cé qué souis en train dé faire. Et yé compte continouer."

Une sorte d'amitié était née suite à la discussion qui s'en était suivie.
Rendez vous avait été pris pour une séance d'entrainement, ce qui était, à ce moment là de l'existence de Hellguapo, ce dont il avait le plus besoin.
Ce mec était clairement bizarre, certes. Mais qui n'était pas bizarre à Dreadcast?
On peut même dire qu'ici, être bizarre était la norme.
Le temps avait passé. Les liens se créaient, et Hellguapo avait l'impression qu'il avait noué une sorte d'idyle, tout en espérant que la "fillancée" ne le demanderait jamais en mariage.
Et ce jour là, malheureusement, la demande en mariage tomba.
Hellguapo avait eut du bon temps, et c'était clair, le jour de payer l'addition était arrivé.
Il se fit expliquer vaguement l'embrouille. En même temps, il ne désirait pas trop en savoir. Grievous s'était encore mis dans de sales draps, on peut même dire que c'était sa spécialité. Et il demandait l'aide de Hellguapo.
Après tout ce que Grievous avait fait pour lui, il aurait été incongru de l'envoyer ballader.
Hellguapo était coincé. non pas qu'il avait peur de représailles de la part de Grievous,
en fait mourir une fois de plus ne le préoccupait pas beaucoup plus que ça.
Mais Hellguapo était un homme de parole. Et si maintenant que Grievous était dans le caca, il lui disait non, ce serait de la pure lâcheté. Hellguapo avait une réputation à tenir. Il était donc hors de question de refuser. Il savait qu'aider Grievous risquait de nuire à sa réputation, mais c'était cette même réputation qui l'obligeait à le faire.
Coincé de chez coincé, que ça s'appelle, ça. Putain d'honneur, putain de mortalité...

"Bon okay, yé t'aide à craquer oun digi ou deux si bésoin. Mais rien dé plus.
Yé né tue personne, on est bien d'accord. Ensouite tou té démerdes awec tés embrouilles."

Rendez vous était pris. Hellguapo avait pris la précaution de mettre son masque
à gaz, celui là même qu'il portait lorsqu'il avait fait son premier et unique vol, à bord de son gyroptère, au dessus des murailles de Dreadcast.
Si possible il aurait aimé que son identité reste secrète dans cette affaire, et il comptait sur le masque pour préserver l'anonymat.
Mais le sort en décida autrement.
La tenancière du labo, qui n'était autre que la célèbre Ever, avait débarqué.
Ce con de Grievous, en parfait amateur, avait appelé Hellguapo par son nom, puis
attaqué Ever, à la suite de quoi la moitié du secteur avait débarqué après que Ever les ait bipés.
Ce vieux Cherakanon avait aussi déboulé, et immédiatement reconnu le latino rebelle. "Salut Hellguapo!" s'était-il écrié, heureux des retrouvailles, qui ne tombaient pas au meilleur moment.
C'était mort pour l'anonymat de Hellguapo.
Suite à ça s'était ensuivi un joyeux bordel. Le cyborg rebelle s'était encore un peu plus compromis en aidant encore Grievous. Au point ou il en était, un peu plus, un peu moins... A la fin, Hellguapo l'avait encore aidé à se relever, tandis qu'un inconnu aidait Ever à en faire de même.
Faisant opérer ses nanites, Grievous s'était vite remis d'aplomb, et requérait encore l'aide d'Hellguapo pour arrêter Ever et ses acolytes.
Le vieux cyborg le regarda enfin, et lui dit alors:
"Là, yé fait plus qué mon maximum, Grévious. Mainténant, démerde toi. On est quittes."

Il semblait bien que la rupture était consommée avec la "fillancée" de Hellguapo...
Il semblait bien aussi que la réputation du cyborg aurait à en souffrir.
Plus tard, le comm de Hellguapo se mit à vibrer comme jamais il n'avait vibré.
La moitié de la ville devait causer à Hellguapo, certains pour l'insulter, tandis que d'autres
voudraient probablement sa mort.
Putain de journée...

Quelques jours plus tôt, point temporel 04.02.2015
Laboratoire VITRIOL

Watari regardait de manière très distraite les réactions chimiques s'enchaîner dans les zones d'accès sécurisé. Ses yeux brillaient d'émerveillement. Voir les produits inertes seuls, agir finalement suite à de subtils mélanges le rendait totalement euphorique.
L'équipe était presque parvenue à synthétiser le deuxième boost. L'ambiance était de ce fait particulièrement détendue. Il ne manquait que quelques pièces au puzzle pour parvenir à ce qui serait peut-être le Graal.

Cependant, ce petit havre de paix n'allait pas durer...de même que la quiétude ne serait pas d'actualité au cours des jours à venir.

La première chose qui frappa notre Orc fut le silence de mort qui s'abattit sans prévenir dans la salle. Nekhbet était en salle de repos et Ever manifestement...ailleurs. Comme un violent coup de tonnerre, des éclats de voix, jaillirent du hall d'entrée. KIRALighT déboula dans la salle qui faisait office de laboratoire.
Suis moi, sans faire de bruit. Pas un bruit. Tu as compris?
Watari hocha la tête, en signe d'accord et sortit rapidement ses gants hydro, tous ses sens en alerte.
Wanderlust était déjà dans le sas de sécurité visiblement très stressée.

Et il y avait de quoi... Un androide immense faisait face à Ever. Watari n'avait de mémoire d'orc jamais rencontré un individu pareil. Quatre bras métalliques fouettaient l'air de manière anarchique. Sa voix était puissante et grave.
Ne rabaisse plus jamais mon travail Ever

Ever lui faisait face, impassible, digne comme à son habitude.
Quitte ce laboratoire, Grievous, tu n'as plus rien à y faire. C'est compris?

C'est alors que les hauts parleurs se mirent à diffuser une musique du groupe Cyberpunk du moment très tendance : Les Ecureuils Electriques. Les portes électriques s'ouvrirent de l'autre côté du hall. La silhouette de Nekhbet se dessina.
Salut tout le monde
Le vautour s'arrêta net en voyant l'intrus. Il bafouilla un rapide bonjour.

La réponse de Grievous ne fut pas des plus amicales. L'un des bras de l'androide agrippa le scientifique et le cloua au mur. Dans un rictus, Nek' prononça quelques mots afin d'apaiser la situation.
Il aime pas la musique le monsieur

C'est alors qu'Ever changea radicalement d'attitude. Jamais Watari n'avait entendu la Leader rebelle crier aussi fort.
Lâche-le maintenant. Pose le à terre de suite

Grievous n'avait visiblement aucunement envie d'obtempérer. Pire, il souleva Nekhbet encore plus haut, l'étranglant un peu plus.

C'est ce moment que choisirent KIRALighT et Watari pour se précipiter dans l'entrée. De manière simultanée, Ever enlaça le bras de Grievous avec son monofilament obligeant ce dernier à lâcher le vautour. Nekhbet chuta lourdement sur le sol. L'air expiré d'un coup de sa cage thoracique émit un sifflement suraigu.
L'intrus était désormais encerclé.
KIRALighT vociféra :
T'as pas entendu? Dégage !
Watari préférait lui rester en retrait, les muscles bandés, prêt à bondir au moindre signal alarmant.
Mes épaules sont trop larges peut-être?

Les yeux de Grievous lancèrent des éclairs avant de croiser ceux d'Ever.
Je reviendrais et ça ne sera pas pareil

L'androide bouscula légèrement KIRALighT avant de s'évaporer dans la nuit noir de Dreadcast.

Ce n'était que le début de longs ennuis...