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Vide.
tout est vide et creux.

Le pas léger des bottes résonne sur le goudron.
Ils passent tous, en silence, accomplissant ce qu'ils sont
sensé faire.

Le flic passe à coté de moi, scannant ma CI, puis râlant sur "cette machinerie
toujours en panne"... il ne lui viendrait pas à l'idée de m'interpeller
pour vérifier autrement, non.
Voilà un gros bras. lui me regarde un peu plus. Il cherche à renifler une bonne affaire.
C'est son mode de vie, prendre une arme, taper, voir tuer et piller ce qu'il reste de la charogne.
Est ce quelqu'un qu'il peut taper sans que le policier s'en mêle ?
Si oui... est ce que ça vaut la peine qu'il le fasse ?
Avec un grognement, il abandonne son idée de m'assaillir.
La fille de joie... elle, elle est là, au bout du mur.
Elle evite de se poser trop de question comme pourquoi elle est là.
ça peut être une preuve, une obligation pour se nourrir elle, ou son moyen
de ne pas réfléchir. Elle, elle regarde juste l'argent qui pourrait se voir.

Toutes ces personnes avec leur routines... Leur train-train.
Se lever. Café. Faire ce pourquoi tu t'es levé. Se coucher.
Tout le monde est vide. tout le monde est creux. Chacun n'est plus qu'un point dans
un cercle, point remplaçable, réinscriptible. Une poussière dans une dune de sable.

Je m'arrête une petite ruelle plus loin.
Il est là, contre ma cuisse, à travers le mince tissu de ma poche.
Un petit bouton sur un émetteur. Une petite pichenette dans un ensemble de dominos.



J'appuie sur ce bouton. Je pousse ce domino.



Le flic délaisse sa machine et se tourne vers l'explosion. Le voilà qui devient fou. De coq de la rue, il est devenu poulet sans tête, cherchant un semblant de raison dans son talkie-walkie.
Il n'en trouvera pas.
C'est le commissariat qui viens d'exploser.
Le gros bras se met à courir. Instinctivement, il va vers le lieux. C'était aujourd'hui qu'était normalement la fin de sa réinsertion. Il cherche à finir son dossier par une bonne action.
Il ne le finira pas.
C'est au commissariat qu'était son dossier.
La femme d'un soir pâlit. C'est normal sur une explosion, mais ça veux dire qu'elle ne pourra pas finir sa journée. Une journée, un quota, un chiffre. Elle devra faire plus demain pour atteindre son quota.
Elle ne le fera pas.
C'est au commissariat que son mac se trouvait.

Un domino. Un fil qui se coupe. Des tas de destins qui se libèrent.
Les gens n'ont de vraie valeur que lorsqu'il agisse de leur propre volonté et ne sont pas des marionnettes que l'on manipule à sa guise.

La silhouette elfique se pose à la fenêtre de l'immeuble abandonné et admire l'oeuvre de destruction des flammes, une cigarette aux lèvres, un sourire en coin...

"j'adore ce jeu que les gens appellent "la vie"..."