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Un gobelin dans la ville

Créé par Seifer~12015 le 26 Août 2011 à 23:19

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Seifer~12015 Posté le 26 Août 2011 à 23:19 #1
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Seifer erra longuement dans les rues avant d'entrer au CIPE. Il avait froid, il était malade et sa mémoire lui faisait défaut, mais il se sentait mieux dans cet espace chauffé. Des chômeurs tout aussi perdus que lui tapaient sans aucune conviction sur les clavier des consoles, espérant dégoter un job. Il laissa passer son tour plusieurs fois. Il avait peur, il était effrayé par cette ville, effrayé par cette salle d'opérations, sa boîte crânienne inventait des souvenirs pour justifier une telle situation. Peut-être que le gouvernement l'avait puni avec un lavage de cerveau? Puni de quoi? Encore un souvenir que son cerveau inventerait si jamais il y réfléchissait trop.

Il saisit son changement de situation lorsque les cuves grondèrent. Son tour avait fini par arriver, la journée avait passé, plus personne ne l'avait doublé car il ne restait plus que lui. Une cuve fit un bruit étrange, il prit ses outils et commença à effectuer les opérations de première nécessité indiquée dans le manuel, mais il savait qu'il n'en avait pas besoin, il voulait juste paraître normal aux yeux des gardiens qui l'épiaient et aux yeux des lentilles des caméras qui ne le lâchait pas d'un cheveu, bien qu'il fut chauve.

Un éternuement fut réceptionné sur les pages du manuel B10239-V. Du sang, son propre sang, tâcha le sommaire. Il déglutit et se demanda combien coûtait un médecin spécialisé en exosquelette médical.
Seifer~12015 Posté le 29 Août 2011 à 10:07 #2
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Une heure d'ennui dans les cellules de la prison Impériale avait suffit à accentuer sa maladie. Pendant cette heure interminable une question trottait sans cesse dans sa tête: «Et si ils recommençaient?»

Lorsqu'on le fit sortir il fut soulagé, bien que sa toux ne cessait de s'amplifier. Il retourna aux services techniques et organisa au mieux ses pauses, la publicité de l'exosquelette médical se répétait en une boucle infinie dans sa tête. Il savait que c'était grave, qu'il s'approchait de la fin, que cette boucle était son salut, mais le travail avant tout. Facteur héréditaire tenace.

La matinée il travaillait, l'après-midi il supportait plusieurs crises et le soir il concevait son propre DATA006-B04.
Seifer~12015 Posté le 11 Septembre 2011 à 17:23 #3
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Ses doigts de chrome se refermèrent en un poing brillant. Sa respiration était lente, semblable à celle d'un seigneur de fiction, sa voix grave, électronique. Il n'avait plus l'apparence d'un gobelin, mais celle d'un droïde chétif.
Seifer~12015 Posté le 22 Septembre 2011 à 07:56 #4
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Les mâchoires de la pince claquèrent dans un bruit sec autour d'une canette glukoz light. Des milliers d'habitants ramassaient bénévolement les ordures, tout comme lui, chaque jour que l'Imperium faisait. L'emballage coloré fini dans le sac électrorétrécisseur du gobelin, qui modifia immédiatement une valeur numérique.

Les gens pensaient que les gobelins étaient les spécialistes du ramassage d'ordures. Seifer, lui, se demandait si son organisation et sa passion pour les outils étaient l'envie d'avoir une relative efficacité dans sa tâche ou l'envie de ne pas se salir comme ceux qui se vautraient par terre à gratter avec leurs ongles.

Il était vrai qu'un costume d'Armacham à sa petite taille lui avait coûté cher, mais n'était-il pas Cette réflexion le quitta une nouvelle fois, abruptement, sans prévenir, lorsque la pince brandit fièrement une chemise verte avec des teintes cambouis. Cela n'avait rien d'une nouvelle mode, ou alors mille-deux cent tours par minute dans une savonneuse constituerait une épreuve impossible à surmonter pour elle et il savait que c'était peu, pour une mode. Ce n'était pas à lui de le faire estimait-il, mais au type avec un sourire jusqu'aux oreilles qui trouvera une chemise qui lui plaît dans ce tas de merde composé de polyester, de pyramilène expansé et de faux-coton.

Le faux-coton était vicieux car c'était la matière la plus difficile à différencier de l'originale au toucher, imitation parfaite d'une sensation qui, en réalité, pesait son kilo de crédits.

Les pinces remontèrent un blouson noir de bonne qualité.
Seifer~12015 Posté le 04 Octobre 2011 à 19:43 #5
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Seifer trafiquait des broches dans la petite boutique d'armes avec un certain entrain. Pour la première fois de sa vie il avait l'impression d'avoir un secret, quelque chose d'intime, qu'il ne partagerait qu'avec une seule personne. Bien sûr l'Imperium était au courant, après tout la vie de chaque personne Le regardait puisqu'Il l'avait forcément créée et on ne devait jamais Lui en faire, de secrets, car c'était mal.

Il contempla la petite puce rouge. Elle pouvait conditionner l'être et le rendre amoureux de l'Imperium. Il regarda la bleue, celle-ci insufflait le désir de la soumission et le plaisir que l'on pouvait en tirer.

Même un requin ne saurait imiter son sourire ce soir là.
Seifer~12015 Posté le 14 Octobre 2011 à 18:28 #6
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Trois jours.

Il avait écrit sa démission, en tremblant, un goût amer dans la bouche, celui qu'il analysait comme celui de la défaite, de l'échec.

Trois jours.

Ces deux mots ne cessaient de tournoyer dans sa tête, comme un manège. Cela faisait trois jours qu'il avait démissionné, incapable d'assumer ses fonctions, d'écrire avec crédibilité, depuis qu'on l'avait accusé de vol.



Deux jours.

Deux jours qu'on le montrait du doigt, le désignant coupable de tous les maux de la planète, le narguant d'anticitoyen pour qu'il se haïsse au plus profond de lui-même. Mais il ne pensait pas avoir passé la barrière.

Les agressions se multipliaient, beaucoup plus que lorsqu'il vivait un quotidien au DCN qui lui paraissait maintenant très loin. Deux jours de moqueries, de menaces, de jets de pierres, de coups, de centre de clonage à chaque fois que l'occasion se présentait.



Un jour.

Un jour de prison, un jour au même niveau que les criminels, mais un jour de soulagement pour la population. La ville tremblait, les habitants craignaient qu'il ne vienne chez eux pour dérober leurs biens ou les tuer comme il avait tué Radium.

Il repensa au meurtre, la tâche avait été compliquée, mais il fallait tuer le plus gros pour leur prouver qu'il ne plaisantait pas. À moins que ce n'était pour se le prouver lui-même.




«Et maintenant?
- Un an de terreur, hin hin.»
Seifer~12015 Posté le 24 Octobre 2011 à 01:49 #7
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«Et maintenant?
- Me hsepfi qyshi.»