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Forum Role Play » L'EMPIRE ET LES 9 SECTEURS, L’EMPIRE ET LE NEXUS

Eloge du Rubicube

Créé par Inconnu le 04 Juin 2010 à 13:58

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Inconnu Posté le 04 Juin 2010 à 13:58 #1
Sujet écrit en v2 par Sokol

Eloge du Rubicube


Les citoyens ordinaires ne savent pas. Ils ne peuvent pas savoir. Sinon, pourquoi s’en seraient-ils débarrassés ? Oui, Sokol était fier de cette trouvaille. Et d’autant plus fier qu’il était la seule personne à connaître sa vraie valeur. Il faut dire que cet objet lui a été d’un grand secours pendant ses périodes de détresse, et l’aide toujours autant aujourd’hui. Tandis qu’il travaillait aux Services Techniques de la Ville, lorsqu’il passa pour balayer CETTE rue, il ne pu s’empêcher de se remémorer avec émotion le jour où il l’avait trouvé.

Aujourd’hui, la journée commence mal. En effet, tandis qu’il se prépare à aller travailler très tôt le matin, il se rend compte que la douleur est plus forte qu’en temps normal. Mais il faut bien vivre avec. Il se rend donc à l’immeuble des Services Techniques en titubant, entre prendre son matériel, et en ressort aussitôt. Quand il souffre comme ça, les murs semblent se rapprocher. Pour le prendre au piège. Pour tout dire, il était très heureux de balayer les trottoirs. Un travail peu contraignant pour l’intellect, une paie suffisante pour subsister, aucun risque de se faire acculer comme dans un immeuble. Dire qu’avant son assassinat, il était médecin…

Tandis qu’il se remémorait le « bon temps », il aperçut soudain quelque chose d’inhabituel. Il se crispa, serra le balais dans ses mains, et observa d’un air soupçonneux. « Il » était là, posé bêtement sur le sol, au pied d’un lampadaire. Il demeura complètement figé durant plusieurs secondes, avant de commencer à s’approcher. Il se pencha lentement au dessus de l’intrigant objet, s’attendant à tout moment à ce qu’un diable sorte de cette petite boite. Après tout, les Résidents venaient souvent traîner en ville. Il n’était pas difficile pour eux de savoir où quelqu'un travaillait. Oui, c’était certainement ça. Un piège de ces crapules de Résidents. Mais il ne pouvait pas non plus le laisser là ! Son rôle était de nettoyer la ville, il fallait donc absolument déplacer cette chose. Un terrible conflit survint alors dans l’esprit malade de Sokol, entre son désir de le laisser là et de partir, et son goût du travail bien fait.

Il appuya finalement son balais contre le mur, et s’empara de l’objet avec méfiance. Il se dit qu’il allait simplement le déplacer, le cacher, et partir le plus vite possible. Mais tout à coup, il fut comme… hypnotisé. Il observa minutieusement le petit cube, immobile durant plusieurs minutes, debout sous ce lampadaire. Il appréciait ses couleurs chatoyantes, ses formes lisses, son apparente simplicité mais son concept diabolique. Puis, lentement, délicatement, il se mit à faire tourner la première rangé de cubes. Un léger déclic, très satisfaisant, se fit ressentir. Il recommença, avec une autre rangé, et s’aperçut qu’il éprouvait toujours le même plaisir à sentir le petit mécanisme s’enclencher à l’intérieur de l’objet. Il continua ainsi, encore et encore, durant plusieurs heures, en plein milieu de la rue. Il était pris dans une sorte de transe, il lui était devenu impératif de faire tourner ces cubes, en long, en large, en travers. Lorsqu’il se « réveilla » , il était heureux. Sans qu’il puisse expliquer pourquoi, la douleur qui lancinait encore son crâne il y a quelques heures avait disparu. Cette souffrance permanente, ces pulsations omniprésentes qu’il ressentait dans sa tête, de jour comme de nuit, s’étaient envolées. Il regarda avec une émotion sincère le petit objet qu’il tenait dans ses mains tremblantes, le mit dans sa poche, et se remit à la tâche, tout guilleret. Jamais Dreadcast n’avait vu de balayeur si heureux.

Oui, le jour où il l’avait trouvé, ce fut le jour le plus heureux de son séjour à Dreadcast. Seule cette petite chose parvenait à lui procurer le bonheur
d’ « exorciser le Mal » qui le rongeait de l’intérieur. Oh, il y avait bien la prison qui lui faisait énormément de bien. Mais elle lui permettait simplement d’entretenir un minimum de lien social, et lui faisait juste « oublier » sa douleur le temps de quelques jours. Rien de comparable avec le soulagement que ce cube lui procurait.

Pour cette raison, c’était son bien le plus précieux. C’était son grigri. Son talisman. Sa poupée vaudou.
C’était son Rubicube.