EDC de Pixelle

Une porte qui s'ouvre une autre qui se referme...

Quitter les rues dessertes dont la Destination finit forcement par se heurter à un mur. Le froid, la pluie acide, le smog.
Quitter la réalité d'un monde encore figé dans l'apocalypse, deux sociétés primitives qui s'affrontent. La violence, la domination, le pouvoir
Quitter les banalités du désespoir, ces corps dépossédés deux même qui traînent leurs carcasses, se laissant mourir à petit feu. La solitude, l'honneur, la sensibilité.

Un homme avait franchit les portes du bar, avec sa gueule de mort vivant, le visage bien plus qu’émacié parcourut de sillons belliqueux, son dos est voûté comme si déjà il portait tous les maux de la ville. Pourtant rien qu'à la manière dont sa carcasse longiligne était fringuée pas de doute que le démoulage était frais.

La salle était bondée, qui n'aurais pas eu un mouvement de recule en le voyant entrer, les discussions se sont arrêtées pour prendre le temps de le détailler, des grimaces à peine masquées sur des visages sans imperfection, les regards de biais accompagnés de coups de coude moqueurs.
Mais ça semblait lui passer bien au dessus, il était déjà là de tout manière. Le dégoût laissant place à l’indifférence ..dans les deux sens sans doute.

Son corps se déplaçait lentement sur des jambes qui s'articulaient difficilement, raides comme si elle n'avait jamais apprit à marcher, pour rejoindre le comptoir alors que ses pupilles perçantes interpellaient la serveuse. Aucun moyen s'en dérober une fois qu'elles vous ont capturé.
Il commande ce panaché rose et toxic, la serveuse hésite un bref instant, car en général ça reste une boisson au publique exclusivement féminin, qui plaît plus pour sa délicieuse allure que pour le goût...La Mort'Gane. Toujours imperturbable le verre va à se remplir devant lui. Le reste du bar a déjà oublié sa présence. Seul la serveuse semblait encore avoir du mal à se détacher de son regard, quelques mots viennent à s’échanger...les banalités d'une première rencontre. L'homme lui a déjà refermé ses long doigts sur le verre, alors que ses yeux s' attardent encore une fois sur les reflets violets des cheveux de la serveuse. Qu'il retrouve aussi dans les vapeurs cotonneuses qui émanent de son verre, des détails si futiles qui laisseront toute leur emprise.*** De son autre main il effleura l'écran de l'AITL posé sur le zinc, il le présenta à la Violette, ses yeux s’illuminèrent comme une enfant, fascinée devant les croquis dessinés. Chaque jour qu'il passera au bar, c'est une soif de créativité qui ne s’apaisera qu'avec la fin d'un projet pour le commencement d'un nouveau. Certains passeront des années à comprendre ce dont ils ont envie, lui il avait déjà tout, le génie intarissable. Aucunes barrières, juste le dépassement de soi, pour enrichir même le taudis le plus crasseux. Des heures passées à essayer de se comprendre, de relever la difficulté d'un nouveau plan ou d'un nouveau caprice. Tout paraissait possible bien loin des conflits politiques qui nous font tourner en rond dans une cage de béton.

Mais un jour le plaisir de créer se confond au chaos et la porte se referme ...

Un simple choix, à faire devant des réponses évidentes. Mais créer c'est aussi détruire.
La cruelle serveuse, gardera sa rancune contre elle même ,responsable de sa perte.
Personne n'est indispensable ... mais pour une fois si.