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EDC de Léonie

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💀 Maux dits 💀


Liane déliée s'étirant sur un canapé, je bous intérieurement. Les volutes acres d'une cigarette délaissée se mêlent à celles boisées de l'encens. Je pense ; mes plaies sont encore béantes. La douleur s'estompe quand culmine une indifférence suspecte. Je crois avoir extirpé les maux qui me persécutaient: « Je souffre donc je suis » n'a plus aucune raison d'être.

Des ombres, projetées sur un paravent blême, exécutent une pathétique pantomime. Je me redresse, les observe et m'interroge:

« A qui appartiennent ces silhouettes aux contours incertains? »

Je les entends qui murmurent. Je ne les comprends pas, elles m'exaspèrent. Je crache un juron vindicatif. Mes compagnes évanescentes se figent, complotent puis se retirent.
Ces intruses fantomatiques m'ont parasitée! Elles m'ont gorgée d'une rage qui m’invite à balayer, d'un revers de la main énergique, la carafe élancée trônant sur la table basse. Je suis une boule de haine qui suppure. Encore une fois meurtrie, encore une fois trahie alors que la porte était entrebâillée! Interdite, je suis foudroyée par l'affront. Sujette à la sournoiserie, la folie alanguie me guette, tapie dans la pénombre de mon esprit. Je contrôle ma respiration mais mon pouls enfiévré libère une lame de fond qui me submerge. Poussée dans mes derniers retranchements, usant d'un ton péremptoire, je déclare:

« Nulle entité ne doit percer mon for intérieur! »

Mes bonnes résolutions se désagrègent quand, épousant l'hystérie, je crie. Mon cœur palpite, frénétique. Je suis l'enfant capricieux dont le jouet s'est brisé alors qu'il ne fut jamais sien. On me retire ce qui ne m'appartient pas! Bousculant une tasse qui vacille, je saisis une cuillère polie qui me renvoie mon reflet. Un regard torve me fusille. Outrée, je la tords pour la punir.

La promiscuité avec soi devient étouffante. Tout mon être se délite pour imploser en une infinité de moi sectionnés. Je délimite un périmètre de sécurité pour me prémunir de la corrosion affective.

De la pointe d'une lame de rasoir affûtée, je m'entaille un avant-bras, sculptant avec application l'acmé de ma rancœur: une ronce sanglante et venimeuse se dessine dans ma chair meuble. Puis, je maudis l'objet de mon acrimonie.

« Qu'elle s'enroule autour de ton cou et t'étouffe! Je jouirai de ton morbide anéantissement. »

Succombant aux délices de l'automutilation, repue de haine, je m'allonge sur la banquette tandis que mes stries à vif me rappellent qui je suis. Plongée dans un silence olympien, je fume pour que se déploie la brume qui m'engourdit l'esprit.

◊ Commentaires

  • Flÿnn (538☆) Le 09 Décembre 2019
    C'est qu'après la troisième lecture que j'ai compris le titre. :s
    Je veux bien être la ronce cependant.