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EDC de LĂ©onie

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đŸ”± Chaleur nocturne đŸ”±


Le grĂ©sillement intermittent des enseignes versicolores, aux nuĂ©es d’insectes Ă©pileptiques, m’accueille dans l’antichambre d’une plongĂ©e en apnĂ©e. L’électricitĂ© crĂ©pite dans l’éther, saturĂ© des relents de la rue et d’humiditĂ©.
À l’aube d’une soirĂ©e moite, je m’enracine dans le terreau des vices. Une traine capiteuse se dilue dans mon sillage : je suis une fleur toxique Ă  l’acmĂ© de sa beautĂ© crĂ©pusculaire. J’ai dĂ©roulĂ© des bas affriolants pour gainer mes tiges fuselĂ©es et je dĂ©voile suffisamment pour que, Ă  l’orĂ©e de mon dĂ©colletĂ©, affleure l’écume du dĂ©sir. Mon regard charbonneux aguichera (ou annihilera les tentatives) dĂšs qu’il se braquera avec une assurance qui tutoie l’arrogance.

Je sillonne les artĂšres et je remonte Ă  la source pour toucher le cƓur palpitant de la congestionnĂ©e. Les nantis assoupis, la citĂ© grouille sous la rouille de l’atonie et, d’un ongle, j’en Ă©caille le vernis. Les sourires de façade ne me dĂ©rident pas. A brĂ»le-pourpoint, certains ont le bĂ©guin mais je les Ă©conduits, malgrĂ© les spores de la provocation que je ventile. Les infatuĂ©s prĂ©tendants m’oublient pour harponner la proie suivante. Je poursuis mon cheminement cahin-caha.

Je devrais ĂȘtre maculĂ©e de honte Ă  dĂ©ambuler ainsi. Pourtant, il n’en est rien. Ma survie conduit Ă  cette inĂ©luctable fuite en avant, pour contrer la mort et l’ennui, si intimement liĂ©s.

La musique m’hypnotise, ayant optĂ© pour une discothĂšque glauque encastrĂ©e dans les bas-fonds. Des postures extatiques m’animent alors que le venin de l’alcool se propage. Je suis vouĂ©e Ă  danser jusqu’à m’épuiser et Ă  consommer ce qui m’est proposĂ© pour oublier. Je me mĂȘle Ă  la faune hĂ©tĂ©roclite et m’y frotte, fĂ©line et cĂąline. Je ne crains pas le ballet des mains qui s’égarent quand j’ondoie en Ă©pousant le rythme.
Je glousse quand un petit gros patibulaire se trĂ©mousse. EspiĂšgle, je glisse des glaçons dans le dĂ©colletĂ© d’une potiche Ă©mĂ©chĂ©e vocifĂ©rant. J’en embrasse une puis la dĂ©laisse. La courtoisie m’invite Ă  goĂ»ter une pipe tendue par un inconnu. J’en inspire la fumĂ©e acre et blanchĂątre puis je hoquette benoĂźtement. Cet homme me plait. Le stupĂ©fiant me terrasse. Je ris jaune en m’affalant sur un divan surpeuplĂ© et tanguant, lĂ  oĂč des corps s’adonnent Ă  des Ă©changes pernicieux. Je me dĂ©bats mollement quand des bouches avides m’oppressent et que ma chair est pressĂ©e. Aspirent-ils Ă  m’embrocher tel un vulgaire bout de viande ?

Une main qui m’inspire la confiance Ă©merge et je la saisis pour m’extirper du magma humain. HappĂ©e par cette force qui m’exfiltre, et malgrĂ© la dĂ©liquescence de mes sens, je me redresse. Des mots susurrĂ©s dans le creux de l’oreille m’apaisent quand j’échoue dans ses bras. Cependant, la musique qui me mettait en transe, la promiscuitĂ© et la moiteur, m’agacent. Mon pouls enfiĂ©vrĂ© martĂšle mes tempes. La suffocation rode et des frissons me strient.

NimbĂ©e par la grĂące qui me sied, et dans la foulĂ©e d’un « oups » libĂ©rateur teintĂ© de culpabilitĂ©, je rends le contenu de mon estomac ; avant de m’étaler sur l’ocĂ©an puant de mes vomissures, ricanant bien que confuse. On m’aide Ă  me relever ; on me tend un verre, une cigarette, un prĂ©servatif, une seringue. Ce sont des mains hostiles qui grouillent telle de la vermine sur de la chair faisandĂ©e. Les regards visqueux se liquĂ©fient et coulent sur moi. Lui n’est plus lĂ .

Je me carapate en titubant, aspirĂ©e par la rue alors qu’ils s’évertuent Ă  dĂ©terminer qui fera quoi. Je m’essouffle et mes jambes ne me portent plus. Je cours et tombe et me relĂšve. Je cours et tombe mais me relĂšve. Je cours et tombe ; un pied dedans. Le nĂ©ant.

Je me réveille dans un lit propre.

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