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EDC de Joe~73265

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II. Midnight City



Et voilà que Joe errait dans les rues de Marran. Enfin, il ne pleuvait plus ! Il profitait de l'accalmie du moment pour découvrir son nouvel habitat, la clope au bec, les mains dans les poches de son jeans déjà usé d'une précédente rencontre face aux rebelles. Cette brève incartade il avait également valu un cocard sur l’œil droit. Pour faire passer la pilule, on lui avait dit que les blessures de guerre attiraient les petites meufs en chaleur. Cependant, Joe n'avait aucune meuf sous le bras pour faire le beau.

L'air était encore humide et les flaques d'eau nombreuses, rendant la plupart des rues peu praticables et boueuses, du fait des fouilles aux alentours. Dans ses chaussures de villes déjà ternies par ces quelques premiers jours à déambuler, le cuir attaqué par la pluie acide, il enviait ceux qui avaient pu s'offrir des bottes taillées à toutes épreuves. Il essayait d'ailleurs de mettre des crédits de côté pour ce premier "gros" achat. Achat qui semblait bien dérisoire pour l'habitant lambda de Marran. Si bien qu'il ne lui avait fallu que quelques jours pour prendre conscience de l'écart entre lui, et ceux customisés et kités jusqu'aux dents. D'autant plus que Joe se doutait qu'il ne parviendrait jamais à un tel niveau de richesse dans son éternité à picoler et fumer.

Les lumières de la ville se reflétaient sur le goudron et la terre créant une ambiance aux couleurs néons. Le dégarni, à mesure qu'il déambulait, avait le visage teinté de bleu, de rouge, de violet. La nuit semblait si calme et agitée à la fois. Joe s'était finalement retrouvé dans une petite rue déserte du Sud, qui contrastait avec l'ambiance habituelle des grandes artères. Pour autant il ne les oubliait pas. Il pouvait encore entendre le brouhaha de la ville derrière lui, les échos des voix dans les immeubles au dessus.

Et puis, brutalement, la dureté de la ville se rappela à lui alors que deux clochards en pleine baston de rue arrivèrent devant l'humain. Ils puaient la vieille transpiration qui avait longuement macérée dans des vêtements jamais lavés et l'alcool bon marché, ils beuglaient, s'agrippaient d'une main tandis que la seconde, fermée, s'élançaient dans les airs en direction de leurs faces respectives. Joe fut spectateur de cette querelle sans agir, le temps de fumer sa clope et jeter le mégot non loin d'autres déchets. Les clochards ne l'avaient même pas regardé. Pas une seule seconde.

Et si le trentenaire était plus insignifiant qu'une paire de sans-abris ? Dans un sens, c'était peut-être le cas. Ces gars là avaient au moins quelqu'un avec qui vivre, boire, être sales et même se battre. Cette réflexion lui donna le vertige. Rebroussant chemin, il se mit alors en quête de provisions de pix' pour le reste de sa soirée dans un squat', à ruminer sur sa solitude de nouvel arrivant qui doit faire son trou.

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Goes and it goes and it goes
26 Octobre 2020
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