EDC de Hellguapo

Cette nuit, y'é fait oun rêve.

Y'é rêvé qué il y avait un nouveau secteur, peuplé de rebelles.
Y'avais du me planter de route, et attéri ici dans ce nouveau secteur, par hasard.
Peut-être qué c'était un secteur voisin, il semble qué yavais du y pénétrer par un chemin détourné.
Ou alors c'était situé à un autre niveau, peut-être en sous sol. Impossible à dire.
Avec le smog, on aurait pas pu distinguer le plafond, sans doute trop haut,
et d’où provenait une lumière laissant croire à l'existence d'un soleil de l'autre coté du brouillard.
Mais yé suis pas sur, peut-être qu'il faisait nuit.

Dépuis combien de temps ce nouveau secteur existait?
Impossible à dire, quand comme moi on ne sort plus, qu'on ne lit plus l' AITL,
et qu'on a plus aucune nouvelle de plus personne.
Yé né réconnaissais rien, bien sur, dans ce nouveau secteur.
Yé lé traversais, sous module furtif, pour essayer de retrouver la sortie, mais yavais beau
le traverser de long en large, le seul effet était de peu à peu vider mes batteries
à cause de marcher dans les rues, et de ma furtivité.
Alors yétais obligé dé désactiver le module, et d'avancer à découvert.
Yé n'avais plus l'habitude.
Normalement, quand yé sors, yé né désactive jamais mon module.
Cé n'est pas que j'ai peur, mais, peut-être bien que si.
Peur dé faire des rencontres, de rencontrer des nouveaux gens? Ou tout simplement pas envie,
plus d'envie.
Envie de rien, juste de rester en vie, avec mes petites habitudes.
Manger un sandwich moisi, boire une pix éventée, ou un skiwi trop vieux.
Juste envie d'une vie de petites routines, tellement ennuyeuse, que l'ennui n'y a plus de place,
laissant juste la place au vide, et à l'éternité.
Peut-être cette vie est elle tout simplement un refus de mourir?
Ou peut-être bien qué yé suis mort, il y a longtemps, et que je traverse la vie, sans arriver à m'y intéresser.
Envie de rien, même pas de mourir. Peut-être que j'ai peur qu'il y ait une autre vie,
trop semblable à celle ci, dans un ailleurs que yé pas envie de découvrir.
Mais yé mé perds encore dans mes élucubrations.
Révenons à nos écureuils.

Y'étais donc perdu dans ce secteur, qui ressemble à celui que je connais, mais ou tout était différent,
sans pour autant contraster énormément.
Et yé venais de désactiver mon module pour économiser mes batteries, quand yé rencontré un type.
Il avait l'air sympa, et puis un autre type arrive, sur un engin motorisé à deux roues.
Et le mec motorisé commence à chercher la merde, jusqu'à ce que mon nouveau pote, qui semblait
savoir qui yétais, descende l'emmerdeur avec deux coup de fusil à pompe, mais qui n'était pas à pompe.
C'était une arme que yé n'avais jamais vue, un calibre 12 à canons sciés et juxtaposés.
Le mec avait du tirer deux fois, pour buter l'emmerdeur. Donc l'arme était vide.
Là dessus, il y avait une sorte de bar à putes juste à l'angle de la rue, et deux filles qui se tenaient là
et qui avait tout vu.
Mais bien sur, ce genre d'altercation étant courante,
les deux filles avaient continué de fumer leur cigarette, comme si de rien.
Alors mon nouveau pote s'adresse à l'une d'elles, celle qui semblait être la patronne.
Il lui demande si elle a des cartouches pour le fusil, qu'il veut me donner, afin qué yé puisse me barrer
avec la moto du mort, et avoir une arme, pour disons, ma tranquillité.
Mais la fille, une magnifique métisse d'environ 30 ou 35 ans biologiques à vue de nez,
dit que les cartouches, cé pas donné, et qu'elle veut bien me les filer, si yé suis gentil, mais alors,
très gentil avec elle.
La fille est magnifique. Pas une de ces beautés plastique, sans aucun défaut, qu'on dirait qué la peau
de leur cul a été tendue et lissée avec un logiciel de retouche, les faisant ressembler à une sorte d'androïde
en plastic chaud.
non, c'est une fille avec de la classe, pas une de ces filles pincées qui vous donnent du vouvoiement,
bien sur, mais pas non plus une de ces pétasses qui déversent de la merde dès qu'elles ouvrent la bouche,
vous coupant toute envie de faire plus amplement connaissance.
Une fille avec du caractère, avec de la classe, une classieuse de la rue, dirais-je.
Une personne rare.
Et belle sans artifices: des lèvres charnues, et des yeux noirs qui donnent envie d'y plonger son regard, et de se noyer.

Mais attention, yé n'en pince pas pour elle, ni elle pour moi; ça on le sait tous les deux avec le premier échange de regard.

Ma foi, tout bien réfléchi,
m'envoyer en l'air avec elle contre les munitions, lé deal semble correct.
Alors moi, bah, malgré qué yai plus d'histoire avec aucune fille depuis la belle lurette,
parce que en général, ça me casse les couilles,
yé suis prêt à payer dé ma personne contre ses deux cartouches.

Et là dessus, yé mé réveille.

Yé suis chez moi. Dans ma piaule pourrie.
Tout est toujours pareil, mes meubles qui sentent le moisi à la même place,
et je regarde par la fenêtre, et tout est pareil dans ma rue.
Ouf. C'était juste un mauvais rêve.

Alors, ça me donne quand même à réfléchir.
Peut-être qu'il y a une signification?
Beaucoup de personnes, ceux qui rêvent encore, ont un rêve.
Et ils voudraient, ils aimeraient, le réaliser.
Mais moi, dans mon rêve, le secteur était nouveau, mais tout était presque pareil.
Chacun essayant de survivre, et de s'offrir un moment de plaisir, à défaut de bonheur.
D'ailleurs, le bonheur, qu'est cé qué c'est? Serions nous plus heureux, si on le trouvait?
Cé n'est pas sur.
Peut-être que ce rêve me dit: Ton rêve, il existe déjà. Pas besoin de le réaliser?

Peut-être que je rêve d'un nouveau secteur, ou tout serait exactement pareil.
Ou alors, peut-être qu'il me faut une moto, un calibre 12, deux cartouches, et que yé dois
payer une partie de jambes en l'air avec une belle métisse, pour m'acquitter de ma dette...

'CLIC'

[L'enregistrement se coupe.]