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Chapitre 2 - Anomalie

La Chute de l'Humanité : Chroniques des Témoins
Chapitre 2
Anomalie
"Lets suppose that you were able every night to dream any dream you wanted to dream, and you would naturally as you began on this adventure of dreams, you would fulfill all your wishes. You would have every kind of pleasure, you see, and after several nights you would say, well that was pretty great, but now lets have a surprise, lets have a dream which isn't under control. Well something is going to happen to me that i don't know what it's gonna be. Then you would get more and more adventurous, and you would make further and further out gambles as to what you would dream, and finally you would dream where you are now." - Alan Watts
_____
"Supposons que vous étiez capable, toutes les nuits, de rêver n'importe quel rêve que vous désiriez rêver. Naturellement, alors que vous débuteriez cette aventure de rêves, vous exhausseriez tout vos souhaits. Vous auriez toutes sortes de plaisirs, vous voyez, et après plusieurs nuits vous diriez "Bien, c'était plutôt génial, mais je veux une surprise, ayons un rêve que je ne peux contrôler. Quelques chose va m'arriver, et je ne saurais le deviner à l'avance." Vous deviendriez de plus en plus aventureux, vous feriez des paris de plus en plus risqué sur ce que vous allez rêver jusqu'à ce que, finalement, vous rêviez où vous êtes, maintenant." - Alan Watts

Halizem.
Halizem.
-Quoi?
Ouvre tes yeux. Lentements.
Il ouvrait un oeil rapidement puis, lentement, le deuxième.
-C'quoi ce-
Ne bouge pas, reste ici.
Autour, deux réalités se chevauchaient.
Il se levait, en slip dans son vieil appartement bordélique, avant de faire les cents pas, tentant de se masser les tempes, d'adoucir l'effet psychédélique. Les murs autours. Ils bougent, ils se parlent ou... se transmettent de l'information. Par moment, l'espace se brouille pour une demi-seconde.
Halizem se pincait le pont du nez, inquiet.
-Icarus. Je trip encore. J'savais qu'on m'avait refilé un truc louche.
Ce n'est pas ça.
-D'abord, les gens honnêtes, maintenant on m'enlève ma drogue pure. La qualité s'perd partout.
Il ronchonne, bouillonne, s'habillant à la hâte.
-J'vais aller lui dire deux mots.
Le vieil homme ouvrait la porte de son appartement, la voix n'avait cessé de s'opposer.
Attends! C'est ton pointeur! Il...
Elle n'est pas loin, il t'a trouvé. Tu dois...

-J'dois parler à c'lui qui a coupé ma came, oui!
Il était déjà dans la rue, longeant parfois le mur. Les bâtiments autour se matérialisaient parfois lentement, rapidement, de manière approximative ou saccadée, tout au rythme de son avancement. De longs traits flottants, ondulants, peuplaient l'espace stratégiquement.
L'homme soufflait par les narines, tentant de rester accroché au sentiment lointain de réalité, complètement dissocié. Il ne sentait pas la pluie sur sa peau, qui semblait être imitée par un logiciel qui n'avait jamais vraiment vu pleuvoir.
La voix omniciente se taisant par moment. Parfois trop lointaine. Toujours insistante. Toujours inquiète. Halizem, lui, suivait les traits. Car parfois un pas dans une mauvaise direction lui faisait perdre la vue, grésiller l'esprit, bourdonner les sens. Un flash rapide d'exceptions, d'indications, se laissaient être devinés -ou hallucinés?- à l'intérieur de ses paupières, s'il venait à les fermer.
OUT_OF_BOUNDS OUT_OF_BOUNDS OUT_OF_BOUNDS

Guidé, confus, survolté de stimuli, ses idées ne font alors que peu de sens. Après quelques minutes, ou quelques heures, la réalité semblait vouloir être représentée à nouveau devant ses yeux. Devant lui, l'énorme catère du Sud. Un endroit rempli de souvenirs. Bons ou mauvais. Le crépitement dans son esprit se calme tranquillement, pour finalement laisser place à un sifflement, une acouphène laissant grimacer l'humain. Il se cale un majeur dans l'oreille.
En levant les yeux, il perdit le souffle. Un être humanoïde prenait forme devant lui, debout sur le vide du cratère.
En 3 secondes, il se trouvait alors devant lui-même. Une copie identique, agitée. Il plissait d'un oeil, entre le rêve et réalité, l'un fondant dans l'autre, ne faisant de sens à son esprit faible par pulsation, tour à tour. Son autre lui était tout près, mais cette copie agissait comme s'il était loin, très loin. Il lui faisait de grands signes, tentant d'attirer son attention. Halizem, le vrai s'il l'est, ne lui répondit que d'un signe de doigts, bouche bée.
La copie flottante plaçait ses mains en porte-voix avant de crier de toute ses forces. Une voix faible faisait écho dans son esprit. Sa propre voix, projetée par quelqu'un d'autre.
On va crever mon vieux! Lui fait pas confiance!
Son autre lui parlait toujours, mais un bourdonnement ne le laissait pas terminé. Un mot se distinguait du chaos.
"Anomalie".
La copie sembla se tourner soudainement vers quelque chose de gargantuesque, invisible, la tête entrée dans les épaules. Les bâtiments autour s'effondraient. Le ciel semblait fondre puis, un cognement intense. La copie se désintègre. La voix retombe lourdement dans son esprit, dans un son d'explosion qui laissa la réalité submerger son esprit d'un coup, peut-être même trop vite. Les bruits autours, bien que nombreux et insistants, n'étaient pas assez pour engourdir l'impression de silence complet qui régnait maintenant.
La voix brisa éventuellement le silence, poliment.
C'était lui.
Halizem s'asseyait au bord du cratère, pieds dans le vide, le regard tout aussi vide.
-C'était quoi ça. T'était où?!
Je ne peux pas t'expliquer en détail maintenant, Halizem.
C'était le pointeur dont je te parlais.
C'était toi... à une différente adresse mémoire.
Si tu pouvait plonger, et le trouver, nous pourrions...
-Nous? ON devrait, ON pourrait... Ca fait trois ans que je t'entends, et chaque fois que t'essaie de me vendre les bénéfices, ça te semble surtout utile à toi. Lâche-moi.
Un long silence. Halizem fouilla sa poche de manteau pour en tirer un paquet de cigarettes Secretio, en portant ensuite une au coin de ses lèvres. Il eut le temps de l'allumer, avant que la voix reprenne place dans son esprit.
Je doute que tu puisse le comprendre en mots, Halizem.
Ce n'est pas quelque chose qui se traduit bien dans votre réalité.
Je sais que ta dernière expérience l'autre côté fut traumatisante.
Mais dans tout les cas, si cette copie meurt...
Halizem fixait le vide devant lui. Ce grand cratère, là où l'anomalie était apparue, soupirant de la fumée par les narines.
...S'il meurt,
peu importe le choix que tu fera,
tu sera coincé avec moi.
Le vieil humain fixait toujours devant lui, désormais concentré sur le bruit des usines du sud, l'appréciant maintenant bien plus que le silence qu'un instant sans paroles entre ses deux oreilles pouvait laisser peser. Il hocha la tête lentement, après un bref instant.
-Nous plongerons demain.
"If you awaken from this illusion,
and you understand that black implies white,
self implies other,
life implies death.
You can feel yourself, not as a stranger in the world,
not as something here on probation, not as something that has arrived here by fluke, but you can begin to feel your own existence as absolutely fundamental.
What you are basically, deep, deep down, far, far in, is simply the fabric and structure of existence itself.”
–Alan Watts
_____
"Si vous vous réveillez de cette illusion,
et que vous comprenez que noir sous-entend blanc,
soi sous-entend les autres,
la vie sous-entend la mort.
Vous pouvez vous sentir, non pas comme un étranger dans le monde,
pas comme quelque chose ici sous probation, pas comme quelque chose qui est arrivé ici sur un coup de chance, mais vous pouvez commencer à ressentir votre propre existence comme absolument fondamentale.
Ce que vous êtes, basiquement, très, très profondément, très, très loin, est simplement l'étoffe et la structure de l'existence elle-même." -Alan Watts



Informations sur l'article

La chute de l'Humanité.
15 Décembre 2018
315√  4 1

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◊ Commentaires

  • Aislinn (177☆) Le 16 Décembre 2018
    J'étais tellement absorbée...incroyable ♥