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Chapitre 1 - Le meilleur ami de l'homme.

La Chute de l'Humanité : Chroniques des Témoins
Chapitre 1
Le meilleur ami de l'homme.
Le grand paradoxe. Le sauvetage de l'Humanité.
Nos corps immortels charient maintenant des âmes inhumaines.
Nous sommes sauvés.
Mais l'Humanité... pas tellement.

Un battement de coeur trop lent fait écho dans ce lieu éthéré.
Aucun repère de notre réalité. Aucune gravité. Aveugle qui voit trop. Sourd qui écoute. Juste un être perdu dans un rêve. Un avatar en suspens dans un univers digital à la fois chaotique, instable, et paisible. Couché sur un horizon des évènements tel une plume collée, prisonnière de la surface de l'eau malgré le vent.
La grille graphique ondule et disparait par moment, laissant parfois deviner une ville, des grattes-ciels, une chambre, le ciel ou parfois même le vide. Cet espace matriciel n'est pas régit par l'humain et nullement contrôlé par le plongeur échoué et inerte, voire catatonique.
Sans aucune forme rien d'humain. Un simple amas d'information.
Entre le rêve et la confusion de l'éveil, les idées ne font que très peu de sens. Chaotique, irrégulière, l'information transperce l'esprit si rapidement et avec tant d'acharnement qu'on ne saurait dire s'il y en a trop ou pas du tout.
Une quantité incroyable de discutions, débats, de rencontres et de secret transpercent l'esprit du vieux netrunner perdu, pour être aussi vite oubliée.
Les seuls souvenirs seront ceux qui prennent sources dans la peur, la honte, la haine.
Imprimé sur la mémoire, étampé dans l'esprit. Traumatismes faisant office d'encre, cette sensation d'être effacé de notre forme physique, il n'en avait qu'entendu parler sous avertissement, dans un ton de mauvais présage.
Ce qui lui reste de volonté lui permet une observation; Tout ce mouvement... Cette imbalance... Quelque chose de titanesque se déplace. Une insulte à la nature s'approche.
Un grondement sourd, terrifiant. Puis un tremblement monstrueux, se faisant sentir dans chaque bit de donnée. Toutes dispersées minutieusement de manière à imiter notre réalité tri-dimensionnelle, la masquarade s'effrite pourtant de la présence d'une entitée rebelle. Le monde tourne au rouge, et la grille ne supporte plus aucun visuel, secouée par la défaillance.
Une entitée anormale, indescriptible par l'esprit humain, semble faire de son mieux pour prendre forme devant l'avatar figé et minuscule sous sa présence.
Elle traduira l'incompréhensible en une bête ailées aux plumes enflammées et une paire de serres acérées qui fondent sur la conscience piégée du netrunner égaré qui ne s'éveille que très peu. L'esprit engourdi et surmené, simplement témoin de sa propre disparition.
Un tremblement insupportable. La fin d'un monde. Un pic de puissance indiscernable. L'apogée d'un cauchemard.
Les serres s'enfonce dans l'amas de donnée à la dérive, qui aura l'impression de tendre la main et de s'aggriper à pleine force de doigt dans ces plumes-brasier, avant de disparaitre avec elles à une vitesse désintégrante.
Le grondement sourd, un sifflement stridant, un cri surréel et lointain lors d'une fusion douloureuse.
L'information se fond l'une dans l'autre dans un sifflement constant jusqu'à laisser place au silence qui, pour un moment, sera ressenti comme un bruit insupportable.
Le bruit s'interrompt par celui d'une décompression.
La porte de la cuve de clonage s'entre-ouvre.
L'homme réalise son retour pour une seconde à peine, avant de s'en retourner dans le monde des rêves, accablé. Écrasé.
***
-Docteur, le patient de la chambre 11 est éveillé.
-J'y vais.
Le docteur ferme son carnet avant de se diriger vers ladite chambre, où se trouve un vieil homme assis sur le bord du lit et une infirmière tentant de le convaincre d'attendre.
-Attendre quoi? Je vais bien!
Le médecin s'impose déjà dans la conversation.
-Je décide de qui va bien et de qui ne va nul part, monsieur Bronson.
Le vieux patient impatient se renfrogne, et se contente d'attendre la suite.
Bronson.
Le médecin continue donc.
-Réveil mouvementé, vous ne trouvez pas?
Bronson secoue la tête.
-À vous de me dire, en fait.
-Je vais vous dire oui. Dit-il, quelque peu impatient envers le grognon sur le lit. Vous seriez mort si les employés du centre n'avaient rien remarqué ou s'ils ne se sentaient pas d'humeur à trainer votre carcasse jusqu'ici ce jour-là.
Le patient fronce les sourcils;
-Ce jour-là?
L'infirmière fit un signe au docteur avant de sortir de la pièce, fermant la porte derrière elle. Le docteur ne prend pas la peine de répondre à la question, soupirant simplement en ouvrant son carnet, prêt à prendre note.
-Écoutez, j'ai beaucoup de patients. Contentez-vous simplement de me dire: Vous êtes-vous sauvegardé avec un malaise? Étiez-vous intoxiqué lors de votre dernière sauvegarde?
Et surtout; pourquoi n'avons-nous trouvé aucun backup à votre ID au Centre de clonage?
Bronson marquait une pause, confu.
Non seulement parce qu'il ne se souvenait ni d'être mort, ni d'avoir effacé ses données de sauvegarde...
Ca n'a aucun sens...
Pour toi, non. Mais ne lui dit pas.
Tu serait interné. Surveillé. Enfermé.
Tu es peut-être fou.
Tu vas le crier à tout le monde?
...Mais surtout parce que ses réflexions étaient narrées par une voix étrangère.
Il se pincait le pont du nez, prit d'une migraine. Le médecin, lui, soupirait par les narines avant de prendre quelques notes.
-Très bien, je vous garde encore cette nuit.
-Non!
-Pardon?
-J'veux dire... C'est ça, j'étais intoxiqué. Kronatium et skiwi, mon cocktail pref.
Le médecin secoue la tête, exaspéré.
-Qu'on vous y reprenne pas, alors. La prochaine, on lance votre corps de drogué dans les cuves des services technique.
Vos vêtement sont dans la commode. Habillez-vous et foutez-moi le camp d'ici.
Oh, et, allez vous sauvegarder nom d'un gnoll. J'ai pas encore vu de cadavre en 34 ans de carrière, et je tiens pas à ce que ça change.
Le docteur fit claquer son carnet avant de quitter la pièce, sans un regard de plus vers son patient, qui regardait, distrait, sa main hideuse, brûlée, cicatrisée.
Bronson... J'aime pas ce nom.
Change-le.
Pour quoi?
On trouvera bien.
Il fermait et ouvrait le poing à répétition, se délectant du sentiment à la vue de sa propre chair brûlée; la simple absence de regret, d'amertume et de honte. L'engourdissement total.
Un seul sentiment, très léger, subsistait: La confusion.

De par ces idées qui naissent en lui, sans introductions, dictées par une voix qui ne lui appartient pas. Ces idées imprévisibles qui ne le surprennent pourtant pas.
Cette pâle impression de n'être qu'une copie...
et d'être accompagné.
Spoiler (Afficher)
De retour à l'écriture après presque deux ans sans rien pondre et a jaqueter en anglais. Ce chapitre et ceux qui suivront auraient du sortir il y a longtemps, mais mon français et ma plume étaient (et sont toujours) très rouillés, je sais. (Re)commençons quelque-part! Ceux qui suivaient mon personnage oublié sont probablement partis, mais pour les lecteurs égarés; vos commentaires constructifs sont plus que bienvenu! Merci

Informations sur l'article

La chute de l'Humanité.
10 Juillet 2018
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◊ Commentaires

  • Enaya (13☆) Le 11 Juillet 2018
    Et bin, si t'es rouillé, je demande à voir quand c'est pas le cas! joli ! *
  • Halizem (195☆) Le 12 Juillet 2018
    Merci beaucoup! smiley
  • Amaryllis (438☆) Le 13 Juillet 2018
    * pour la lecture, super agréable et * pour la musique, de bons goûts !