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EDC de Elvire

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Cacher

Une idée fixée par le goût du fer.

" Quelles sont vos dernières pensées avant d'aller cuver ?
A quoi ressemblent vos derniers soupirs avant de mourir ? "
Après trois ans dans le secteur, à deux jours près, c'est finalement arrivé...
...
J'avais réchappé à la rafle impérialiste quelques jours plus tôt... Echappée à quatre d'entre eux, puis à sept, venus en renfort ; bien décidés qu'ils étaient à faire le plus grand nombre de morts ...
...
Depuis ce jour néfaste, l'ambiance dans le secteur avait changé, c'était comme si le smog était en effervescence. Les clones s'éreintaient à l'entraînement avec une vigueur renouvelée. Les bars étaient vidés de leurs habitués... Les raids nocturnes de l'ennemi et les réunions de crises s'amoncellaient, comme les cuvages lors de cette fameuse nuit...
Mon compagnon, élu chef de Pole peu de temps auparavant, m'avait légué la direction de son bar _ bien que déserté, je n'en restais pas moins honorée par le gage de confiance implicite dont il me faisait part _ pour s'impliquer sérieusement dans les projets de la rebellion et de la cité.
Non pas que l'idée de le suivre et servir la cause ne m'intéressa pas, mais j'étais encore faible, pauvre et donc nullement équipée. Et certaine chose doivent être faite, si tant est qu'elles ne soient pas les plus glorieuses.
...
C'était un soir assez banal, à priori. Rien ne pouvait laisser présager ce qui allait se passer. Vous me direz, la mort, c'est souvent comme ça : ça ne prévient pas.
...
J'attendais qu'âme qui vive entrât dans l'établissement, ayant néanmois le luxe de la compagnie de mon amant ; en sommes, ce n'était pas si déplaisant.
Alors que nous désespérions de voir quiconque passer la porte ce soir encore : un client passa la porte, dévalisa le rack puis ressorti. Pas de quoi couvrir un salaire, mais c'était toujours ça de prit.
Finalement, Nero m'annonça qu'il n'allait pas tarder à se coucher. Et, moi, je pensais à mon entrainement qui m'attendait. Un client choisit ce moment pour entrer et s'installer, puis un autre. Mes plans patienteraient.
Le chef de poil, euh, de Pôle, ne s'abstînt pas de leur faire la discussion quelques minutes, mais finît par abdiquer et disparaître dans l'arrière-boutique. L'un des clients profita de l'élan pour se retirer également.
Il ne demeurait à présent que le plus silencieux des deux. Je pris le parti de lui faire la discussion malgré une nature introvertie que nous partagions, tenant mon rôle de patronne de bar amène et ce dernier chaland, en haleine.
Je pensais réussir la mission que je m'étais confiée, le voyant se dérider, jusqu'à ce que je le vois tapoter sur son deck, venant à la conclusion qu'il ne tardera pas à s'excuser et qu'en fait je devais l'ennuyer.
Sans surprise, il déclara qu'il était invité ... par une certaine Sha-sha dans son bar.
Je marmonnais intèrieurement, elle me piquait mon seul client... si tard... bizarre.
Puis il ajouta que j'étais conviée.
Je me ravisais de mes pensées.
La surprise était bien appréciée.
J'acceptais... Mon sort était scellé.
...
Nous nous rendîmes ensemble au Pinatubo. La soirée se passait et je me sentais de trop.
Pour me rendre un peu plus jouasse, je placais quelques blagues crasses.
Tant qu'au moins un acolyte riait, je continuais sur ma lancée.
C'est à la suite d'un chapelet de traits d'esprit dégueulasses, finissant sur une fille prise dans la glace, que se présenta la situation la plus cocasse :
Un vibromasseur interrompit notre trio composite, de par sa sonorité, pour moi, inédite.
Je tournais tranquillement la tête vers le son, qui semblait se rapprocher d'après l'audition.
Avant de comprendre, je vis une humaine maigrelette, court vêtue, d'à peine plus d'un mètre et une tête, fonçant sur moi avec : dans une main un coupe-chou, dans l'autre, un substitut de quéquette.
Je me retrouvais sonnée, au sol, l'image résiduelle des visages ébétés de mes compagnons de beuverie était remplacé par la sensation du genoux sèchement pressé entre mes omoplates et de la main empoignant mes cheveux pour me tirer la tête en arrière, donnant à ma nuque un angle cassant.
J'entendis l'humaine dont le visage m'était pourtant familier proférer : "on ne se connait pas ; c'est rien de personnel " et quelques absurdités..
J'allais rétorqué que "si, on se connait, je t'ai déjà servi à boire !" quand les mots mourrurent en chemin, étranglés dans ma gorge : tranchée.
Le travail était sûrement très propre. Ma peau, ma carotide et ma trachée, habilement sectionnées. La morsure implacable du métal se fit sentir seulement deux secondes après que le geste vif et précis de l'assassine fut exécuté et je réalisais que j'étais en train de mourrir égorgée.
J'avais presque envie de rire, par dépit, par défaut et parce que j'étais lancée ; mais je ne pouvais plus me marrer, dans mon sang en forme de mare, je gisais.
Alors que ma bouche et mes poumons étaient emplis de mon hémoglobine et que je vivais mes derniers instants...
J'avais une idée fixe...
Cette idée était une blague.
Une blague de mauvais goût.
Un gout métallique...

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