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EDC de Dall

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Le retour parce qu'on revient

Qu'est-ce qui se passe ?
C'est quoi, ce froid qui pénètre jusqu'à mes os ?
Pourquoi m'inflige t-on cette douleur ?

Le réveil d'une si longue cryogénisation n'aurait évidemment pu se faire sans heurt et il laissa la Teigneuse tremblante. Même une fois sortie du centre, équipée de pieds en cape d'un matériel hautement obsolète, elle demeurait perdue dans ces rues, qu'elle reconnaissait un peu et plus tout à fait à la fois. Elle savait pertinemment qu'elle se trouvait à DreadCast. Les longues avenues s'étirant devant l'édifice qu'elle venait de quitter ne lui étaient pas étrangères mais... qu'étaient toutes ces constructions ? Durant son long sommeil, des immeubles avaient poussé comme les champignons qui infestent les souterrains. Ah non, on me souffle dans l'oreillette qu'il s'agit désormais de buissons à cristaux farin. Et si la haute ville avait toujours été particulièrement encombrée, les environs du centre de cryogénisation le lui paraissaient tout autant à présent.
See the man who stands upon the hill
He dreams of all the battles won
But fate had left its scars upon his face
With all the damage they had done

Dall était perdue. La main crispée sur son vieux communicateur, elle remontait le fil d'anciennes conversations qui ne faisaient plus sens pour elle. Qui la reconnaitrait encore ? Les membres rendus à un coton instable, elle menaçait de s'effondrer à tout instant. Pourtant, elle trouva la force de faire un pas, puis un autre. Somme toute, elle n'avait pas parcouru une grande distance, peut-être vingt mètres, lorsqu'elle tomba nez à nez avec une figure connue et sa chance enserra alors sa gorge plus fort que nulles brutes mains ne sauraient jamais le faire.
« C'est vraiment vous ? »
Elle n'avait d'abord pas été capable de la moindre parole. Rien. Le souffle déjà coupé tandis que son cœur lui semblait exploser dans sa poitrine, répandant dans son corps ses éclats de glace acérés. Lui-même répétait ses paroles sans y croire, puisqu'elle avait si longtemps disparu qu'il l'avait crue perdue à tout jamais. Mais ainsi qu'elle le lui confierait plus tard, personne ne s'efface jamais vraiment tant qu'il demeure des mémoires pour s'en rappeler le souvenir. Hein ? Abraham ? Si l'émotion était aussi intense, la raison en était bien simple : Dall faisait face, par le plus grand des hasards, à peine quelques cyclo-minutes après sa sortie de cuve, à son...
You must fix your heart
And you must build an altar where it rests

« ... Père. »
***
Après une éternité passée dans le froid, ses membres s'étaient peu à peu réchauffés pour retrouver l'intense chaleur qui les caractérisaient. Dans le même temps, c'est aussi l'esprit de la naine qui s'était enflammé. Entre la reprise violente de ses martials -jamais achevés, la honte pour une militaris- et ses descentes quasi quotidiennes en souterrains pour y trouver le précieux, Dall côtoyait de tout aussi près les cuves de clonage que sa maison. Non, pas celle d'Imperator, pas la domus, pas même un appartement tout confort en haute ville. Sa maison à elle : le militarium. Car si cette organisation impériale la mettait dans de tels états de rage, c'était bien parce qu'elle avait fini par s'y considérer chez elle. Il avait après tout fallu retrouver un nid, depuis qu'elle n'habitait plus chez Abraham. Autant dire qu'elle avait été SDF toute sa vie, considérant le ratio. Suite à l'échange de lignes furieuses via messages privés, elle éclata violemment son communicateur contre le comptoir d'un bar, provoquant aussitôt une fêlure en travers de son écran.
Now, if your convictions were a passing phase
May your ashes feed the river in the morning rays
And as the vermin crawls, we lay in the foundations of decay

« Ridicule ! C'est indigne ! avait-elle dit. Je suis dans un état de rage assez peu commun. Le militarium est devenu l'enfer sur Marran. Le putain de militarium ! »
Puis elle avait expliqué, un peu, à demi-mots agacés qui rendaient sûrement le tout confus.
« C'est un scandale ce qu'il s'est passé ce soir. Aucune communication, tout le monde courait partout comme des cons. C'était n'importe quoi. Pas de commandement.
- Ah faudra t'y faire... C'est toujours comme ça. Maintenant les combats se font ainsi, il faut être rapide et réactif. Et surtout autonome. La guérilla quoi.
- La rébellion quoi, traduisit-elle. Voilà pourquoi je suis énervée. C'est minable. Incroyable. C'est risible. »
Le feu de ses yeux d'ébène parlait de lui-même et son interlocuteur, s'il lui rendait bien, en faisait cependant souvent les frais. Mais la gueule d'ange commençait à compter. Ca ou sa croupe, qu'elle avait sournoisement qualifiée d'efféminée. Et son tout entier, qu'elle avait été jusqu'à traiter de tordu loyal compétent ! Dall s'écrasait la main en travers du visage chaque fois qu'elle y pensait : sérieusement, quel foutu hasard l'avait faite tomber sur cet elfe ?
***
Quelques jours avant ça, déjà, elle avait fini en cuve. L'histoire bête. Ils avaient pas dit "Salve". Dall s'était précipitée en recevant un signal de détresse, kobold en danger. Elle s'était interposée, en protestant que -franchement- ils pourraient juste être tous au lit au cycle qu'il était, que c'était vraiment stupide d'en arriver là. Un instant plus tôt, elle était en train d'escalader l'échelle du sas pour un repos bien mérité, puis elle se trouvait embarquée là-dedans. Tuer des rebelles ne l'excitait pas. Dall protégeait les siens et servait l'Imperium. Ce soir-là, elle avait croisé la route d'un gros rouge pas commode qui répétait qu'il allait la crever, la naine. Mais comme un vieux sage l'avait dit un jour1', il en fallait plus. Oui et non.
Let our bodies lay while our hearts will stay
Let our blood invade if I die in pain
And if, by his hand, her spirit flies
Take her body as a relic to be canonized
Now she gets to die a saint
But she will always be a whore

Sköll avait poussé une beuglante et d'un pas agile envoyé un revers de son Monofilament du destin vers la Naine hagarde. Un instant plus tôt, elle avait pris de plein fouet la bagatelle de 500 UBA qui la laissait effondrée sur le sol crasseux des souterrains. L'assemblage de lames effilées trancha net, aspergeant les murs de perles écarlates. Une fois le corps éparpillé, il chargea vers les compagnons impérialistes, décidé à leur faire subir le même sort.2' Mais Shana, tout comme Maathéo et Zaktra réussirent finalement à s'éviter le même funeste destin. A sa sortie de cuve, elle n'avait prononcé qu'un ironique :
« Salve, Marran. »
Car de cet enfer, elle revenait toujours. En revanche, elle plongeait doucement mais sûrement, chaque jour qui passait, plus profondément dans la décadence qu'elle découvrait.
***
Celle-ci la rendait dingue. Toujours, l'affaiblissement de Marran l'avait poussée aux pires folies, comme celle de passer quelques années en Orion. Aujourd'hui, on ne pouvait pas vraiment qualifier l'Imperium de la sorte puisqu'il demeurait largement dominant sur la rébellion, au point qu'elle se demandait comment les hostis faisaient tourner leur centrale énergétique. Mais les postes vacants des organisations impériales lui faisaient de la peine.
A cela, l'outrilien avait opposé des paroles sévères, à son habitude, mais au sens profond et réconfortant. Une rigidité qui n'avait pourtant plus rien à voir avec sa rigueur militaire d'antan. Après un siècle, elle le redécouvrait plus souple. Se trouver ainsi mise au pied du mur avait cependant désabusé Dall, qui partit aussitôt faire ses cycles dans ce petit travail tranquille qu'elle s'était dégotté en corporation. Travailler à l'usine, lui était agréable, car au-delà du bruit des machines, il y régnait un calme que ses collègues ne perturbaient pas vraiment. Elle s'était proposée auprès de la directrice pour venir ouvrir la boutique si des clients se trouvaient dans le besoin, mais n'était jamais appelée à cet effet.
Jusqu'à ce qu'un humain ne franchisse le seuil du bâtiment. La naine avait posé un oeil vitreux sur les caméras de surveillance, avant de se précipiter dans le hall, déjà hérissée. Au feulement courroucé qu'elle lui avait jeté, il lui avait lancé de cesser de se prendre pour un gnoll et cela l'avait irritée plus encore. C'en était ensuivis des cris, des coups de pied dans les tibias -à lui- et une droite dans la tronche -à elle. Elle en garderait un bleu balèze jusqu'à sa prochaine cuve. Ainsi que des mots, des mots qui la remueraient.
« Vous êtes tous pareils à vous plaindre mais à ne rien faire. Je veux que tu poses ta candidature, ce soir. »
Yes, it comforts me much more to lay in the foundations of decay
Get up, coward !~
Elle l'avait fait le lendemain.

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  • 1 Premier commentaire de l'article suivant : https://www.dreadcast.net/EDC/Dall/Article=11545
  • 2 Adaptation pour intégration à l'article de l'achèvement RP de ma pantine par Sköll, rédigé par le JD du même rebelle (MERCI !) Original ici : L'Orc pousse une beuglante, d'un pas agile il envoi un revers de son Monofilament du destin vers la Naine hagarde. L'assemblage de lames effilés tranchera net le corps armuré, aspergeant les murs de perles écarlates. Le corps éparpillé, il chargera vers les compagnons de cette dernière, décidé à leur faire subir le même sort.

Informations sur l'article

Chroniques des années 340
04 Septembre 2022
314√  8 5

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◊ Commentaires

  • Dall (117☆) Le 08 Septembre 2022
    Bah en voilà un accouchement... C'est décousu, c'est dégueulasse, mais il fallait que je le pose pour en garder une trace. J'avais déjà perdu troooooop de screens que j'avais fait pour des citations.
  • Saurus (28☆) Le 08 Septembre 2022
    C'est du gros boulot ça, très sympas.
  • Mara (391☆) Le 09 Septembre 2022
    Excellent Dall! Dur dur ce retour pour les naines, hein? smiley
  • Dall (117☆) Le 10 Septembre 2022
    Ca va, ça va. Je gère x)
    Merci vous deux !
  • Sköll (57☆) Le 10 Septembre 2022
    Pfwah ! Excellent, j'ai bien ri ! Elle a la tête dure, la naine.