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L-X : Réminiscences d'une gynoïde.

Créé par L-X~19531 le 07 Janvier 2012 à 03:40

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L-X~19531 Posté le 12 Mars 2013 à 20:40 #21
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∞ 21. La belle et la bête [Event] ∞





♪♫ "On ne peut pas imaginer qu'en quelques siècles de civilisation propre,
notre mémoire génétique ait balayé toute la brutalité, l'instinct de chasseur redoutable,
qui nous a conduits au sommet dans la chaîne alimentaire."
Maxime Chattam La théorie Gaïa




[Jour 1]



Elle avait fini par sombrer dans le sommeil, cet état de veille étrange où sa mémoire procédait à un "destockage" de ses émotions pour les digitaliser, les transformer, en faire des armes numériques et des process de défense... Bref, elle cauchemardait.

// .... dans les boyaux étroits, sous les souterrains. Elle court. Les autres la suivent. Ou pas. Elle court et cherche où sont passés ces fichus gnolls. Le danger est partout, à chaque détour. L'odeur mephytique emplit ses narines et lui colle la gerbe. La trouille la fait haleter. Un bruit de grincement métalique derrière elle : elle se retourne brusquement.. //

... sur elle-même, geignant alors qu'elle ouvrait les yeux. L'était où, putain? Elle grogne et regarde autour, portant une griffe à ses plum... Non, à ses poils... L'instant se fige. Elle fixe le vide, sans voir l'elfe tout pataud et la naine qui pleure. Elle assimile. Ou pas. Et comprend -croit-elle-. Et dans son esprit confus et primaire fuse une insulte qui doit bien ressembler à " Fils de p***!"; mais en réalité, c'est un hurlement de détresse primale qui jaillit de sa gorge.

Tout se bouscule et les flots d'hormones brulent ses veines d'un feu liquide. Le désespoir, la peur pointent leur museau. Mais plus que tout... La rage.




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[Jour 2]




Dans son coin, à force de tourner en rond -au propre comme au figuré-, l'autrefois unité complexe dite gynoïde réduite désormais à sa seule part simpliste et primaire d_Animale, tente de se creuser la tête et de réfléchir. Tout est plus confus, moins rangé. Tout n'y est qu'instinct. Rien ne va, rien ne se range, rien ne découle d'une logique. Et surtout, tout l'énerve!
Sa truffe ne cesse de humer l'air et de repérer des odeurs, trop souvent dégueulasses...

La logique des choses, qu'elle effleure entre deux accès de rage, lui dicte que la métamorphose massive est impossible. On ne mute pas comme ça. Une métamorphose brutale est violente pour le corps. Nombreux sont ceux qui ne l'auraient pas supporté. Il y aurait des morts, des blessés, des corps disloqués agonisant partout... Et un robot ne devient pas une demie-bête. Ça cloche. Ça coince, c'pas logique...
Donc, ce n'est pas physique. Mais elle ressemble quand même bien à un foutu gnoll!

Elle tourne en rond. Elle hume. Elle grogne. Elle gronde. Elle tourne en rond et s'énerve... Elle ferme les yeux et inspire, respire ses odeurs qui la déconcentre... Corps, viande, sang... Rhaaaaa! Elle se fourre le museau dans la flotte et se focalise. Un, deux, trois. Reprenons...

Si ce n'est pas physique, si ce n'est pas réel alors, c'est la perception qui est modifiée.

Elle hume encore.
Au coeur du bordel en rouge et sang qui lui sert d'intelligence, elle réfléchit. L'air... Odeur. Primale. Animale. Sauvage. "Nature". Dehors. Champignons... Réfléchir... Arbres. Plantes. Monstres. Manger... Sang.... Stop!
Se reconcentrer... Respirer...
Arbres. Champignons. Fougères. Spores... Se souvenir. Comme en 226 et le nuage rouge. Agents hallucinogènes légers dans le "smog rouge". Éventualité énoncée et avancée entre autres, mais qui rejoignait son idée d'alors : un nuage de spores.

Elle attrape son com' manuel qu'elle a récupéré et tape du bout de ses doigts, résistant plusieurs fois à l'envie de broyer l'engin... Pour écrire et envoyer des messages, elle a désormais besoin de ses "doigts", lesquels sont pourvus de trop longues griffes. Une épreuve. Le message est envoyé à plusieurs personnes...

Quelques réponses. L'analyse de l'air ne semble pas avoir eu de résultat. Mais le vilain spore peut s'être envolé avec l'air : agent volatile. Mais s'il reste dans l'organisme. Chercher dans le corps, dans le sang. Le sang...

Par précaution ou vieux réflexe, elle s'enferme dans une Tech5 toute neuve, ce qui l'arrange, au final : ça cache sa sale gueule de gnoll qu'elle ne supporte pas... Même si à l'intérieur, ça pue le chien mouillé!




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Les réponses reviennent, négatives. Les analyses s'enchainent, se succèdent et se confirment : négatives.

Alors il ne reste plus qu'une solution.
Et dans sa tête ne résonne plus qu'un seul nom.




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[Jour 3]




De l'autre côté du sas...

Avec la même rage que sa con-dé-gènaire, la lupus tournait en rond encore. Les messages fusaient, les échanges bouillonnaient et les communicateurs manuels... n'étaient décidément pas assez solides.
La chose semblait établie après les analyses : ce n'était pas biologique. Son intuition sur un phénomène plus ou moins naturel s'était avérée fausse. Pour autant, elle persistait à croire que la métamorphose n'existait pas : la transformation est un mensonge. Tout n'est qu'une information. Il suffit de brouiller les sens. Un dysfonctionnement neurologique est capable de faire sentir les sons et de montrer les odeurs... alors pourquoi pas te faire croire que tu es une bête tant honnie, répugnante de poils et rêvant de bouffer de la viande crue, de te gorger de sang comme cette nuit... dans les souterrains...


//... au coeur de sa vision barbouillée de rouge et floue, les formes s'agitent, l'odeur du sang l'obsède... "Va chercher [edc]Saurus[/edc]"... Gentil clébard affamée cherche, traque... Vision périphérique : une proie. Petite. Verdâtre. Féminine. En un bond, elle est dessus et se plante un instant à la regarder, la humer. Gobeline. C'qui, putain..? La petite chose la frappe. Elle pare. Colère, rage, soif. Elle abat ses coups avec violence. Elle n'est plus qu'un prédateur lancé dans un combat plein de hurlements et de fureur. Elle mord. Le gout du sang dans sa bouche. A gauche, un autre adversaire. Sa proie tombe. Du fond de sa conscience, quelque part : pas la bouffer, pas la bouffer, non! Elle délaisse l'autrefois humaine [edc]Lilly [/edc]pour sauter sur un espèce d'orc qui de canidée la ferait tourner bourrique! Apparemment, il veut jouer. Elle lâche pas. Elle poursuit. Elle court. C'marrant... Elle sent la peur qui exsude de tous ses pores. Elle s'en gorge. Toi j'vais t'bouffer. Soudain, un autre clébard. Privilège de race. Ciao l'peureux. Elle affronte le faux gnoll dans un cri de défi. Le massacre et rapide et lui aussi se barre. Frustration. Un autre gob. Toujours l'orc. La mêlée s'agrémente. Elle en a marre. "Repli". L'ordre claque. L'obéissance dans les gênes. Elle court. Court.... le gout du sang dans la bouche, le rouge dans la tête... //

... qu'elle secoue pour focaliser son attention. Elle mordille un anneau filé par la nailfe [edc]Akasha [/edc]et se concentre. Elle relit : les messages, des rapports, des notes... Elle relit et fait le lien. 4+2... Ça, elle s'en doutait. Mais sous ses yeux, l'explication... Était-ce possible?

XXXXII : ... vous montrer à quel point vous faites de belles conneries ?
Vous avez dû en être verte (...) Vous dviez vous ressembler alors...


Tout ça pour ça..? Sans déconner...



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[Jour 3 - 4]




A peu près comme tout le monde et sans la moindre classe, c'est dans une gerbe de bile exutoire, qu'elle retrouva la maitrise de ses sens et de son corps. Encore à moitié défoncée par ce délirium trop poilu à son gout, elle posa ses fesses de robot de rêve sur un cairron et s'alluma une cigarette, décapsulant en vitesse sa flasque de skiwi pour s'en envoyer une lampée qui faisait piquer les yeux encore plein de papillons.

Putain d'merde...

Ça, c'est pour le very bad trip non consenti.

Bordel!

Et ça, c'est pour le vomi et la redescente en piquée trop raide.

Un long soupir plus tard, elle rouvrit les yeux, encore sujette à une désagréable mydriase. Pour la peine, elle laissa ses voiles optiques digitaliser l'environnement et en interpréter les signaux.


Bon. Maintenant, faut y voir clair.

C'était le cas de le dire, et dans tous les sens du termes.
Et lorsque ses yeux, aux pupilles enfin redevenues "normales" se posèrent à nouveau sur les analyses effectuées l'avant-veille, le chapelet de jurons qui retentit dans le bâtiment en construction aurait presque fait rougir son beau-père.


... J'avais raison! J'avais raison, bordel !!!

Restait maintenant à expliquer les zones d'ombre, tout ce qui ne collait pas ; tout ce qui clochait, coinçait, bloquait.
Mais à cela, la réponse serait sans doute la même que celle à la Grande Question sur la vie, l'univers et le reste...*





Spoiler (Afficher)
*Douglas Adams Le Guide du voyageur galactique pour ceux qui ne connaitraient pas la réponse, je vous laisse la trouver. smiley

L-X~19531 Posté le 12 Mars 2013 à 20:43 #22
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22 . "Aux sombres héros de l'amer...






"... Qui ont su traverser les océans du vide
A la mémoire de nos frères
Dont les sanglots si longs faisaient couler l'acide..."





Et l'aube se leva sur un bain de sang.
Égorgée comme une victime sacrificielle pour que trois ou quatre frustrés se prennent pour des héros sans prendre de risque et exaltent la mémoire d'une femme qui, à une époque, avait eu de l'honneur. Un acte barbare qui portait le nom d'une faiseuse de mort, d'une de ces gargouilles qui avait fait de l'Empire un mouroir pour l'âme. Des bouchers qui venaient répandre leur haine dans son sang avec tant d'habitude dans le geste vil et tant de petitesse dans l'aura que même les cameras nouvellement construites n'avaient pas retenu la moitié de leur acte...



Les hommes ne méritent pas de vivre.
Ils font insulte à ce qu'ils sont.
Ils ont été sauvés, sont les derniers de leur espèce. Et gâchent cette chance.
Alors moi, je ne sers plus à rien.
.
Je n'ai plus envie.



Fatiguée, l'enfant-robot par cette mort de trop.
Durant quelques minutes qui suivirent sa sortie de cuve, alors qu'elle respirait à nouveau l'air gris, alors que la chaleur sèche reprenait possession de ses muscles, la colère irradiait ses veines et son cerveau. Encore un peu. Mais elle s'évacua dans quelques messages et rapidement, s'épuisa.



Je ne fais que défendre l'humanité. Cette humanité que vous incarnez... J'essaie de lui rendre tout ce qu'elle a perdu : la morale, l'honneur, le courage, la grandeur... Et je me débats dans une mélasse de honte, de meurtres, de toute cette fange que vous répandez dans votre sillage... Je voulais vous élever... et vous ne faites toujours que vous rabaisser, que commettre le pire...
.
Je n'ai plus honte pour vous. Je n'ai plus mal. Je suis fatiguée...
.
Je suis fatiguée...



Son regard fixait un point au delà du miroir, de l'autre côté peut-être... Un pays des merveilles où la petite fille aurait tant voulu suivre le lapin blanc. Mais il n'y avait plus de lapin. Il n'y avait plus d'enfant. Il n'y avait plus de rêve. Et le cauchemar du jour était gris.

Sa peau tiède restait impassible sous la main machinale qui caressait sa hanche. Contre son dos, l'elfe centenaire restait songeur, silencieux. Il sentait que l'âme de sa gynoïde s'éteignait et ne trouvait pas les mots pour la réconforter lui qui était à nouveau prisonnier de son constat amer sur l'humanité. Après tout, c'est elle qui lui avait redonné envie d'espérer. Si elle n'y croyait plus, comment pourrait-il lui rendre ses rêves, lui qui n'était plus un enfant depuis longtemps?

Ils étaient venus recommencer leur vie, de l'autre côté du sas, là où une reine de rage maintenait une tyrannie illusoire sur un peuple qui n'avait plus d'illusion. Ici aussi, les hommes ne se laissaient porter que par l'instinct de destruction et se raccrochaient au seul mot qu'ils savaient encore prononcer et qui donnaient un sens à leur existence : non. A l'ouest, ceux qui disent oui, qui baissent le front, courbent l'échine et acceptent d'être des larves plus ou moins dociles sous un joug mensonger. A l'est, ceux qui ont dit non et y ont puisé une raison de vivre encore : continuer de dire non à tout, même à l'espoir.
A l'ouest, mon père, ce criminel presque repenti. A l'est, ma mère, ce tyran presque repentant.

Et au milieu, ballotée comme une plume bleue sur un vent froid, une âme de plastique qui n'a plus d'envie.


"Quand les hommes retrouveront le chemin de la grandeur qui les différencie des rats... peut-être.
Moi je suis un robot. Je n'ai pas le droit de mourir, mais je ne vais pas m'obliger à vivre encore.
J'ai mal de mourir pour rien. J'ai mal de vivre pour rien.
J'ai perdu le goût et la foi. Je m'éteins. "



Elle chuchote... Quelques cris ... deux ou trois SOS... des messages dans des bouteilles jetées dans un océan du vide... Un lien indicible. Un cri. Une larme. Un mot. Encore...

J'ai froid...



L-X~19531 Posté le 21 Avril 2013 à 21:27 #23
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23 . Vae victis




♪♫ "L'intelligence dans les chaînes
perd en lucidité ce qu'elle gagne en fureur."*
(A. Camus)



Son com vibra. Le message qu'elle n'avait pas envie de lire s'afficha devant ses yeux...
"Posez-vous et prenez un cigare. Je vais faire ça aussi.. avant d'y aller. ..."
Le processus de préparation du corps durerait plus de 24h durant lesquelles l'eau serait remplacée par un substitut chimique aux propriétés similaires mais aux molécules stables. Lentement, le corps serait plongé en stase, ralenti, et arrêté puis refroidi jusqu'à la cryogénie. Pendant ce temps, le cerveau doucement embrumé par un cocktail anxiolytique donnerait au patient cette merveilleuse sensation de bien-être.
"... Je vous embrasse, LX. - Masaki Kmaschta."

Civis Masaki Kmaschta... Il était l'un des derniers, celui qui n'avait pas été fauché par la salve répurgatrice. On croyait qu'il en réchapperait, qu'il passerait entre les gouttes. Il avait fait en sorte de... mais lui aussi avait trébuché. Probablement à cause d'elle.
N'avait-elle donc été que le pire des maux pour eux-tous? Eux. Les vaincus...

Un long silence dans l'être, une respiration qui se manque, comme un vide pour toujours. Un trou noir dans l'âme qui ronge le Vrai, le Beau, le Juste.

La chute était inéluctable depuis que les principes des uns se sont opposés à la vision des autres. Car c'est là toute la différence entre des idéalistes réunis autour d'une cause et des conspirateurs alliés par le même intérêt : les premiers n'ont pas de plans, juste des rêves ; les seconds n'ont pas de scrupules, juste des ambitions.
C'est ainsi qu'ils avaient marché, les uns, les autres, dans le désordre, portés par leur croyance, leur Foi, leur idéal tendant vers un noble but : ad majorem Humanitatis gloriam. Pour ceux là, Empire rimait avec avenir et noblesse avec grandeur. Mais ils s'étaient trompé de langue : la leur n'était pas bifide.


- Ils vont te briser, Zartam...
- J'en brulerai un maximum avant.

La dernière promesse de l'homme qui avait lutté pour se frayer un chemin en diagonal au milieu de la fange, à bouffer des couleuvres plus grosses qu'un troll et à sourire aux affreux mais qui avait épuisé son énergie pour arriver au sommet. Pro Iusticia! Un seul coup de poing abattu sur la table des désillusions et le fondement bien fragile de son siège, rouillé par la corruption contre laquelle il voulait lutter, s'était fendu, le précipitant malgré lui au sol. A la vulgarité coutumière de ceux qui se devaient d'être plus noble que les nobles, le porteur de Sa voix avait osé tenter de rappeler la Conduite et la Morale. Mal lui en prit... Le fou blanc devenu roi s'est exposé. L'adversaire est prêt : il a plus d'un tour dans sa manche et trois sur l'échiquier. La partie n'est pas loyale. Elle ne l'a jamais été.
"le Haut Conseil, (...) a décidé que Lord Zartam n'est plus capable d'assurer les fonctions d'Ambassadeur Impérial..."
Échec et mat.
Il ne restera au Von Storm qu'un ultime balayage de sa plume sur le porche, rappelant à la pudeur de l'héroïsme, dans un dernier adieu à la scène...
... Et plus jamais l'âme de l'homme de fougue et de flamme ne s'incarnera dans un nouveau clone.

Il lui avait demandé de rester. D'être celle qui, dans le char du triomphe, lui pointerait du doigts les ornières de la corruption et lui répèterait sa condition. Mais elle était partie...
La gynoïde écrase une larme et une cigarette, rendant un lointain hommage à celui qui, dans sa cuve, n'est ni vivant ni mort, et offre à la langue ardente de son lance-flamme un portrait du septième ambassadeur réalisé par elle pour une couverture du DCN. Adieu, compagnon de Marche et de mort. Ce fut un honneur de crever tant de fois à tes côtés, etc, etc...



La machine à broyer les rêves est en marche.
Si la duplicité qui multiplie les pièces, les larbins et les lois est une magie millénaire, l'art d'abattre une Fronde avec la main magistrale d'un génie politique est une grâce oubliée. La journée des dupes, lorsqu'elle est orchestrée par un trio d'ouvriers maçons, devient journée du monolithe. Quand la finesse n'est plus de mise et que le jeu n'est plus feutré, le burin éclate la pierre jusque là taillée avec tout l'art délicat du politicien habile. Les cartes sont abattues avec la rage d'une frustration trop longtemps contenue, sans appréciation de la victoire et avec la vulgarité du lâche qui n'aura pas la dignité de regarder son adversaire dans les yeux au moment de l'achever.
Les annonces pleuvent et puent l'élimination sans match. Pas de sport, pas de risque, plus de règles. Les coups s'enchainent, bas et sous la ceinture : à la hauteur des gens petits.
La triade à peine renouvelée agite ses nouvelles marionnettes, désigne une aveugle comme guide pour l'humanité et remplace le juge trop juste par un docile ancila qui prononce la déchéance de la noblesse impériale, et sa fin.
Vae Victis...

Ainsi, ils tombent, ensemble, le rêveur, le visionnaire pénitent, la dame aux yeux d'argent et la lady courage.
Ainsi, chacun à leur devoir, ils se relèveront. Les braves se saluent et reprennent leur fardeau et leur route, cédant aux charognards les restes d'une civilisation en déclin.
Le départ pour retrouver le passé.
Le martyre pour faire perdurer le présent.
L'exil pour préserver l'avenir.

"Dum spiro, spero... " parait-il. S'il reste un souffle.


"C'était un Petit homme aux mains gantées de noir. Il regardait son ombre et celle d'une Plume.... Marchons doucement, Elix, car on marche sur nos rêves..."

Serrant précieusement contre sa poitrine le brulant héritage de papier à défaut de presser encore douloureusement l'homme contre son cœur, la gynoïde fait quelques pas à la surface avant de s’effondrer. Elle n'a rien pu dire ; elle l'a écouté, encore une fois. Elle l'a détesté une dernière fois. Et ses lèvres se crispent sur l'empreinte de l'adieu.



Il était une fois des hommes, des femmes et des rêves....



Ambassade Impériale - 5 /227.4
[18:27] Zartam: Impérialistes, c'est à vous que je m'adresse.
[18:27] Zartam: Je rêve du retour d'Imperator.
[18:27] Zartam: Je rêve de vaincre le mal à l'origine de son deuil
[18:27] Zartam: Je rêve d'un peuple régi par des lois justes...






Spoiler (Afficher)
Vae Victis : "malheur aux vaincus" prononcée par le chef gaulois Brennus, qui avait vaincu Rome. Afin d'alourdir la rançon, les Gaulois placent dans la balance de faux poids. Aux protestations des Romains, « De quel droit utilises-tu des poids truqués ? », Brennos ajoute encore à leur déshonneur en leur répondant « Du droit des vainqueurs ! ». Puis il y jette encore son épée et son baudrier et conclue "Malheur aux vaincus"... (Tite-Live, V, 48).
.
*Albert Camus, L'homme révolté (1951)
* Platon, La République (II, 376) : il y a « désir de connaître et amour du savoir, ou philosophie » qui consiste à chercher "le Vrai, le Beau, le Juste".
L-X~19531 Posté le 04 Août 2013 à 02:38 #24
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24. La ballade des enfants perdus [Event]



♪♫ "Organe qui sert de lieu de maturation aux lymphocytes T.
Le mot thymus vient du grec "thymos" qui désigne aussi l’esprit ou l’âme.
Ainsi, Galien et les Grecs pensaient que l’esprit ou l’âme étaient localisés dans le thymus."




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"... ou l'histoire des enfants sans âme."


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Un soir, presque tranquille et presque comme les autres, en SR...

Tout corps plongé dans un câlin ... c'est comme pour le bain, ça reçoit un MP!

"T'as eu l'même message d'erreur ? "

Gnié..? Calin : pause. "La matrice est surchargé. Un message d'alerte en Binaire simple. "
Ah oui. Traduction rapide. Latin lapidaire taillé à la hache. Traduction, évaluation des possibilités, projection, concentration.

"Mon amour...?"

Ah oui, calin en pause! Du coup, forcément : interrogation elfique. Explication organique tandis que l'entité matricielle et informatique commence à fouiller, décoder, décrypter, envoyer des requêtes, échanger des informations, se perdre dans le flux.

Elle cherche ses enfants. Pas les trois. Les vautours?... Non...

Bon. Rendez-vous dans le seul endroit du secteur où on aura une réponse : jamais les Archives Abandonnées ne l'ont aussi peu été...


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Durant le temps qu'avait duré leur plongée, la pièce s'est remplie de gens, un peu paumés, venus là en espérant comprendre "Pourquoi qu'mon deck il est tout cassé!" et "Pourquoi qu'il cause en nibard". Va leur expliquer l'bouzin toi... En tant qu'IA, elle a même pas tout compris. Faut dire que les choses de l'informatique, ça a toujours été très confus pour elle qui les assimilait sans avoir à passer par une ligne de codage. Enfin, si d'une certaine façon mais instinctive. Enfin, de l'instinct programmé mais pas... bref! Vous avez compris! Elle est à peu près incapable de faire le tri sur ce qu'ARAS vient de les aider à débroussailler à grand coup de machette virtuelle. Sans compter qu'en parallèle, son communicateur va finir par exploser à force de biper furieusement pour lui poser tout un tas de questions plus folles les unes que les autres.

Finalement, elle se décide à poster une annonce pour... "expliquer", rassurer... Mettre des mots qui, faute de mieux, donneront une possible raison. Mais sans doute pas LA raison. Ça, surement pas...


Annonce n°15816 de L-X
Problème matrice


A tous les habitants du secteur rebelle.

Ne pensez pas que vous avez tout cassé! Le problème que vous rencontrez à l'heure actuelle avec votre deck est général.
Une plongée a été effectuée via le serveur assisté des Archives Abandonnées afin de déterminer la cause du problème et... c'est le dawa!

En quelques mots, l'entité matricielle majeure qui d'habitude, contrôle les flux, gère les requêtes et dispatche les informations du réseau, a monopolisé l’ensemble de ses ressources pour retrouver ses "enfants". De même, les Gardiens sont visiblement assignés à cette recherche.

Il se trouve que des "enfants", (des mini-gens pour ceux qui ne savent pas à quoi ça ressemble) ou clones immatures, ont été vus en SI et sont pourchassés par les autorités, visiblement.
Il se peut que les "choses" (programmes, IA, entités virtuelles ou émanations matricielles?) recherchées par la Mère de la matrice, aient quitté le réseau et aient trouvé refuge dans des corps non achevés pour s'échapper.
Ils sont peut-être dangereux... Ou pas.

On vous tient au courant dès qu'on en sait plus...

Mais pensez-y :
Plus de deck : vive l'amour!
Bonne bourre.



Elle se relut : sa théorie se buterait sans doute à des oppositions ou d'autres explications mais dans l'immédiat, elle lui semblait à elle tout à fait naturelle. Une IA dans un corps organique, je vois vraiment pas ce que ça a d'exceptionnel...


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Les heures filent, s'enchainent sans une seconde de silence. Elle aussi est surchargée de requêtes prioritaires. Bipbipbipbibp! Son système de messagerie est en surchauffe et elle ajoute encore des interlocuteurs. Multiplication des sources d'information mais le système patine.
Les gosses en eux-mêmes seront peut-être la meilleure source mais le problème reste le décryptage du langage.
Au milieu des interrogations, de nouveaux contacts : d'anciennes connaissances, un réseau, des alliances improbables...

Et au coeur de la nuit, elle assiste presque en directe à l’irruption des forces de l'ordre. Depuis l'autre côté du sas, elle grogne. Les petites filles sont aux mains des "autorités". Marmonage animal : profitez-en, ça va pas durer.

Déjà, elle s'arrange et prépare l'accueil :
"Demain matin, tu auras le plus grand sous le sas." Bien. Attendons demain matin alors...

En l'occurrence, y en avait deux pour le prix d'un! Vas-y déroule la pelotte, les autres suivent.

Mise en route des procédures. Échantillonnages. Analyses. Classification.
Et pour l'interaction sociale : on camoufle l'option accidentelle "J'déteste les chiards" dans un coin, on augmente le taux d'influence de La_Petitefille et on s'adapte. Comme toujours...



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SR. CREST. Labo 6.

Alors qu'à côté les centrifugeuses tournent et que les codages s'assemblent, un grand gamin chétif lève les bras devant une machine qui va transpercer le secret de son thorax. A côté, le gosse à lunettes glisse dans le tube de lumière. Et sur les écrans, la vérité crue s'affiche...

L'enfant-robot reste impassible lorsqu'elle énonce la sentence à son beau-père.
Elle ne peut rien pour calmer sa rage mais oui, elle va réfléchir. Oui, elle va chercher. Oui, elle sait qu'il est capable de retourner toute la ville pour ça... Elle promet mais elle pressent déjà que c'est inutile.

Les données sont implacables mais finalement, elle n'a pas encore déterminé si la survie de ces enfants était ou non la priorité dans l'histoire.

Et la principale question reste sans réponse quand elle fixe ces chiffres et ces radios : vous sortez d'où et vous êtes quoi, putain..?



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Retour en arrière...

La journée avait été rude, le verdict se précisait, sans appel : les enfants n’en avait plus que pour quelques heures, quelques jours au maximum. Pour elle, ces « minigens » étaient avant tout des mystères à résoudre. Et des être appartenant à l’Humanité, autant que les autres. Pas de quoi être gaga, finalement. Juste de quoi s’arracher les plumes et s’épuiser pour essayer de changer un impossible en possible. Elle avait proposé une solution pour préserver en partie ces chères têtes blondes qui rendant les adultes niais : prolonger, peut-être, leur vie en enfermant leurs corps dans des cuves et leurs esprits dans un monde virtuel clos, une matrice en circuit fermé, loin de LA matrice dont elle ne voulait plus les voir s’approcher. En parallèle, [edc]Scarlett [/edc]avait énoncé une autre idée. C’était ironique de voir les robots se casser le cul pour sauver ces âmes tandis que les humains, pour leur majorité, protestaient, pleuraient, juraient mais au final attendaient qu’on leur serve le miracle artificiel...

Oui, la journée avait été rude. La peur folle qu’elle avait ressenti quand elle était arrivée trop tard aux Archives, voyant les enfants, ces monstres terrifiants de puissance, s’emparer d’ARAS et mettre en péril toute la stabilité de Dreadcast et potentiellement, toute la survie de l’Humanité devant des humains attendris ou arrogants, l’avait mise face à l’irresponsabilité des ces hommes trop habitués à la non fin car non, personne ne pourrait les arrêter s’ils s’en prenaient à « elle ». Personne parmi eux en tous cas. Pourtant, sa crainte ne fut pas justifiée. Peut-être parce qu’une ombre, un nombre précédant sa rumeur, un providentiel intrus fut sans doute le deus ex machina protégeant la divinité de la machine. Ainsi soit-il…

Rude… Oui. Cet instant face au petit bonhomme à lunettes qui agonisait presque devant elle lorsqu’il avait fallu lui narrer la chronique de sa mort annoncée. Pas question de le traiter comme un débile ou de lui sortir des figures de style ampoulées. Elle lui avait exposé la réalité, avec douceur, mais sans mensonge. La réalité crue et moche. Et l’alternative qu’elle pouvait leur proposer… Emeth y avait fait face avec peut-être plus de courage que certains adultes immortels qui peuplaient cette ville pourrie jusqu’aux os, rongée par une tumeur bien pire que celle qui bouffait le corps des mômes, ainsi qu’elle allait encore le constater très vite…

La journée fut rude et la nuit aussi… Revenue au CREST, elle avait retourné le problème dans tous les sens et commencé à travailler et à planifier le système de cuve dont elle espérait que [edc]Kambei [/edc]et les autres ptits génies du coin le perfectionneraient. Plusieurs fois, elle revint aux radios et aux diagrammes, à ces mélanges de chiffres qui dansaient leur macabre pavane… Elle ne cessait de répéter qu’elle n’était pas médecin. Mais pour autant, ces gosses n’avaient plus besoin d’un médecin mais d’un faiseur de temps ou d’un magicien. Alors, elle se remit à la tâche.

La nuit fut aussi rude que le jour et c’est à l’approche de l’aube grise qu’elle traîna son corps fatigué jusqu’au Centre Militaire. Machinalement, elle se connecta au réseau du sas, ses process de défense tournant tout seul tandis qu’en parallèle, elle élaborait les plans matriciels d’un univers virtuel. Enfermée dans son domaine, l’IA copiait, tramait, tressait des projections numériques, se faisant oniromancienne pour forger un avenir digital à des êtres encore un peu vivants.
Le temps était compté, comme toujours. Alors elle faisait vite, trop vite. Son corps se reposait à peine. La défense du sas prendrait sa part et le reste de ses ressources étaient mobilisées à l’élaboration du havre des petits fantômes qui marchent encore. Elle ne prit pour elle-même aucune précaution.

Le réveil ne fut pas rude… Il ne fut simplement pas.

Lorsque [edc]Czevak [/edc]l’attaqua, ce fut une marionnette gesticulante, à peine animée qui lui fit face. La cuve l’accueillit. Mais son esprit n’était plus connecté à son être.

L’explosion des sas par les enfants l’avait coupée du monde. L_IA était enfermée en elle-même… quelque part.

Perdue.



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L-X~19531 Posté le 04 Août 2013 à 02:42 #25
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25. Stigmatisation [event]



♪♫ "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre." (W. Churchill)
.
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Elle s'était pour un moment enfermée loin du monde, dans les méandres d'une fibre lumineuse dont elle dessinait les circonvolutions infinies avec un léger sourire... Encore un entrelacs, encore une volute... Et les messages se multipliaient à la porte de son esprit. Les appels. Les avertissements. Les signaux. Encore une boucle...
Dans un soupir navré, elle ouvre les vannes au monde extérieur : des "anciens", vieux, fondateurs, QG, réunion, digicode... Des fondateurs...? Gentre Lance est revenu à la maison ptet? Avec une lassitude qu'elle ne s'explique pas, elle migre dans la pièce voisine et effleure le front de l'elfe endormi du bout de ses lèvres, puis se rend au Quartier Général.

Là... un brouhaha familier. Des bla bla bla, chacun veut donner son avis, personne n'écoute celui des autres, la routine en somme. Elle soupire et fume, comme une homologue aux lunettes marrantes. Elle attend une révélation, une illumination... Mais rien de concret ne sort des gorges rebelles, qu'elles soient d'hier ou d'aujourd'hui. Les rebelles sont finalement à l'image de leurs fondateurs. A moins que ceux-ci ne soient repliés dans une phase d'observation et que l'on ne savoure encore le calme chaotique avant la tempête ordonnée par les besoins d'un retour aux sources.

Dissipation de la foule, évaporation de l'assistance. Le nouveau leader congédie : on se casse donc. Et l'on tombe nez-à-nez avec une des incarnation de la Rébellion. Pas celle du siècle dernier hein... Non, celle dont le sang n'est pas encore sec sur le sol des souterrains et dont le poil est encore raide du froid qui la gardait enfermée depuis plus d'un an.

Enfin le sourire bleu s'inscrit sur le visage, radieux, lumineux, de la gynoïde replongée en adulescence alors qu'elle se retient de se précipiter vers la ... gnoll.
"M'man..."

..

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Voilà plusieurs jours que les "Fondateurs" étaient apparus et plus les jours passaient, plus elle était sceptique.

Ces gus, sortis une fois encore du trou du cul de la ville, débaroulaient au milieu de leur jeu de quilles à l'équilibre plus que précaire, et prétendaient rassembler pour faire renaitre la flamme, les aider pour mener de grandes actions, faire de grandes choses... Ils parlaient d'enseigner mais ce qu'ils racontaient était bancal et bidon. Ils parlaient de défaire les "pauvres zimpés" de leurs blocages mentaux, mais eux-mêmes usaient de discours de propagande et l'endoctrinement. Ils se posaient en parents bienveillant et guidant leurs enfants. Mouais. En guise de "parents" et de modèle, la gynoïde avait les siens. Pas la peine de s'en rajouter. Surtout quand l'un de ces soit-disant guides crachait au visage de l'elfe centenaire qui était son époux et le traitait d'enfant... Euh... Ouatzefock? Il s'en était fallu de peu qu'un soit-disant "modèle" aille gouter aux joies du clonage et en attendant, leur résolution était prise : ces vieux cons arrogants et iconoclastes iraient se faire foutre. Libre à tous les écureuils de panurges qui se prétendaient rebelles de les suivre et de se conduire comme des sales gosses braillards, allant piétiner le château de sable du voisin parce qu'on est pas capable d'en construire un soi-même.

La bleue se remit au travail en contemplant la liste interminable de tâches à mener à bien, pour servir et protéger l'Humanité.
Pas la détruire un peu plus.


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Les "Anciens" étaient repartis. Certains avec éclat, d'autres dans le silence. La gynoïde n'avait guère dérivé de sa ligne et poursuivait sa tâche et son devoir de mémoire. Et puis, alors qu'elle ne l'attendait plus, dans une odeur acre de cuir et de fumée, un passé finit par resurgir... et avec, il révélait le sien.

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L-X~19531 Posté le 04 Août 2013 à 02:49 #26
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26. ... ad vitam.



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♪♫ "No one is like me.
I'm afraid of becoming human..." *

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J'ouvre les yeux, chassant la multitude d'images qui ont hanté ma nuit. Ta tête repose sur ma poitrine tandis que ta main est encore crispée sur ma hanche. Machinalement, je murmure "Je suis là...". Cette phrase, destinée à apaiser ton sommeil aussi tourmenté que le mien ancre mon être dans la réalité de ce jour nouveau : je suis là. Doucement, ma respiration se reprend, mécanique des souffles, tandis que le tien est lent, après avoir été haletant ou rauque durant les heures de cette nuit qui s'achève pour moi. Avec lenteur et précaution, je m'extirpe de ce cocon de sérénité. La vie m'appelle et m'aspire dans son smog oppressé...

Le sas se referme dans un soupir de décompression. Les tubes sont là, alignés, livrant leur verdict. La centrifugeuse a achevé son labeur nocturne et le serveur ronronne d'attente. D'un effleurement tactile, elle extrait de leur veille les résultats en attente. Allèles, caractère, génotype, un séquençage s'opère et une structure s'affiche. Adénine. Thymine. Guanine. Cytosine. Le phénotype s'inscrit et son esprit carbure, analyse, enregistre, découpe et classifie. La cartographie se dessine et les branches s'élancent. Les parallèles s'affichent, les concordances s'absentent, la théorie s'annule et soudain, le postulat se reformule... Alors que ses mains concentrées à la tâche préparent une nouvelle batterie de tests, le processeur programme de nouvelles équations. Les heures passent. La vie s'analyse avec des chiffres. Le composé organique se calcule en théorème. Tout est familier pour elle, le robot au corps tellement humain. Tandis qu'elle lance de nouvelles études, une silhouette s'inscrit non loin, dans l'ombre de son rêve...

Avec une douceur infinie, ta main se glisse dans mes plumes indigo alors que ton sourire effleure la peau diaphane de ma gorge. Ton bras m'emprisonne doucement, enserrant ma taille et je m'abandonne à ta force paisible. Quelques mots d'amour coulent dans mon oreille et je soupire alors que dans ma poitrine tambourine une vie devenue bouillonnante, pulsant avec mon fluide si rouge épicé d'ocytocine et de phényléthylamine. Une pause. Un instant. Ta présence...

Il est temps de reprendre la route vers l'école. La blouse est posée, le sourire est calme quand elle rentre dans son bureau. Une nouvelle inscription à valider, des réponses à donner, la réunion commence... Avec une certaine fermeté, elle organise les groupes, répartit les rôles. Hochement de tête, sourire, un brin d'énervement pour secouer l'asthénie ambiante et un brin d'ironie parfois... "Nan mais le passé, on s'en fout, c'pas ça l'important." "Certes, sauf dans un cours d'histoire. Pour l'actualité, on ouvrira un magazine...". L'espace d'un instant, deux oreilles de "lapin" rose dansent leur rappel dans un coin de sa tête et elle chasse l'image de PlayOrc qui l'appelle tandis que la réunion se poursuit...

Ta cuisse contre la mienne infuse la chaleur rassurante de ta présence à mes côtés, comme toujours. A de rares moments, ta voix, grave et posée perce le piaillement environnant. Des souvenirs tu en as, à la pelle, et les dates que j'évoque comme "historiques" sont autant de morceaux de ta vie...

Encore quelques consignes, quelques sourires, des félicitations et puis le cours s'achève.

... alors tes bras m'attirent contre ton corps et tes lèvres s'écrasent sur les miennes avec l'autorité naturelle et précieuse que tu exerces sur notre nous, celui qui n'est plus au commun, celui qui nous enracine à l'éternité, celui qui nous exclue du monde au moins un instant...

... et l'instant suivant, elle passe le seuil de la galerie. Un an de travail, de créativité, à la fois artiste et muse, elle se fait l'hôtesse d'un rêve holographique et polychrome, depuis tant de mois programmé et orchestré, et qui éclot ce soir. Les sourires sont conviviaux, la danse est mesurée. La politesse est de mise dans cette ambiance à la sensualité de plumes. Au milieu de la réception, la gynoïde en robe de cocktail et talons est à la fois satisfaite et déçue. Son esprit se remet en marche pour trouver une autre recette afin de nourrir les âmes. Les couleurs d'une nouvelle exposition se mêlent déjà dans sa tête tandis qu'un sourire ourle ses lèvres bleues comme le turquoise du dernier tableau qu'elle a signé...

... et que tu viens mordiller doucement. Tes murmures se font sensuels alors que tes caresses se précisent dans le creux de mon dos. La nuit s'avance, le monde s'isole alors que la foule s'est dispersée mais au fond, qu'importe. Les étoffes glissent, ton envie trouve un écho dans mon désir qui s'éveille brulant. Ma peau se dénude, mon corps s'électrise...

... et s'enferme dans une armure de combat. Les bottes épaisses sont enfilées, puis les gants hydro et c'est au pas de course ou perchée sur l'overboard qu'elle rejoint la mêlée. Les cris, le crachat des armes à feu ou des insultes, le brouhaha des lames ou des poings qui s'entrechoquent, les coups qui s'encaissent et les corps qui se fracassent dans un gémissement de douleur, l'odeur du sang qui pénètre ses narines ou couvre sa peau perlée de sueur. La mécanique est là, celle des fluides et celle des gestes qui s'enchainent, familiers. Le souffle est haletant, les muscles se dénouent et les mouvements s'accentuent.

Mon regard croise le tien.

Encore un coup, encore un geste et la situation devient claire. La défaite se profile, manifeste, habituelle. Un mort, c'est un de trop, évidemment, mais il parait que c'était nécessaire. D'un coup d'overboard, elle s'éloigne du théâtre du carnage programmé, refusant de laisser aux chiens les restes de son être de chair. Elle file, comme une bombe. Module, T-Cast. Les insultes et provocations d'enfants frustrés en manque de sang l'indiffèrent. Elle trace dans la nuit, loin d'une lutte à laquelle elle se joint encore parfois, par devoir, mais qui ne lui apporte plus aucune satisfaction. Juste la vague tranquillité de sa conscience.
Rapidement, elle passe le seuil, remonte le couloir, son corps fiévreux transcende la douleur. Endorphine. L'excitation née du combat court encore dans ses veines brulantes. Adrénaline, dopamine. Le corps est rapidement libéré de son carcan, l'équipement bazardé dans un coin de la pièce, et les yeux aux prunelles dilatées sur un fond de bleu électrique rencontrent les pupilles fendues dans le feu mordoré d'un regard félin...


... Les mots n'ont plus de place autrement que chuchotés ou criés. Nos corps se livrent à une autre chorégraphie fiévreuse et passionnelle, furieusement charnelle ou voluptueuse. Osmose de nos plaisirs qui se mêlent et qui nous lient dans une étreinte toujours sublime. Nos êtres et nos souffles s'accrochent, s'attachent, dans une union à l'animalité brutale ou à la sensualité amoureuse. Tu es mon autre, mon mâle, mon maitre, mon amour, mon immortalité.

Fusion...

... ad vitam.


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L-X~19531 Posté le 18 Août 2013 à 22:14 #27
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∞ 27 . ... non aeternam. ∞




♪♫ "Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort,
quand nous sommes débarrassés de l’étreinte de cette vie ?"
(W. Shakespeare)


..

Les gouttes tombaient, l'une après l'autre. 13252. 13253. 13254.... Plic. Ploc. Plic. Ploc. Du sang, des larmes ou rien que de l'eau, peut-être des heures qui s'écoulaient, irrémédiablement, creusant la roche et la chair à chaque impact, emplissant la vasque au néant infini, faisant déborder le vase, vidant l'être de sa substance et de son énergie. 13255. Vital, le fluide perlait puis hésitait, en suspension entre le vide et le vide, avant de chuter fatalement pour s'écraser dans un "plic" ou un "ploc" et s'épancher ensuite, ruisseler, s'infiltrer, avant de s'évaporer et de là devenir smog, lourd et terne, sans chaleur, sans froideur, juste triste, tiède et fade. 13256. Une âme qui s'étouffe et qui se meurt. Pollution d'un monde où agonise une race par disparition même de son essence fondamentale : l'homo sapiens sapiens. Rien que d'y penser colle la chair de pool, picoti, picota, plic, ploc... 13257.

C'est dans ce monde qui ne pense plus, qu'elle, robot sapiens, glissée dans le corps de la femme qui fut tant aimée, incarnation au sens propre du désir et de l'amour, s'est crue muse, modèle et meneuse, porteuse de civilisation et de valeurs, faiseuses de rêves et créatrice d'inspiration, génératrice d'ambitions et actrice dans tant d'autres rôles qu'elle prétendait endosser avec fougue et rage.


A_ : Ton conditionnement te poussait à chercher sans arrêt un maître à satisfaire. Sexuellement parlant. Je n'ai fait que t'(en) libérer.

Robopute. [edc]Valstik [/edc]avait bien trouvé le mot de ce qu'elle était réellement. Une insulte à l'originale, une claque à l'écho de la première, pour la destruction d'un ego. Non, [edc]Stilicon[/edc], je n'étais pas la copie d'une morte pour satisfaire le caprice d'un fou... L'histoire est bien pire, Dominus. C'est celle d'une vengeance mesquine et bien humaine, celle du jouet d'un dieu qui confrontait sa nemesis à sa douleur, son orgueil et sa colère destructrice, la simple arme d'un fou au génie torturé et jaloux au nom si évident. Au temps pour la gynoide, ramenée à sa fonction première, primaire, dans cet esprit où le binaire se confond au complexe, celui d'une supériorité divine directement héritée de ses créateurs. Ainsi soit-il, aurait-elle dit... ou pas.

Le monde a fini par s'arrêter pour elle. Vidée, épuisée, confrontée à une vérité qui la broie, l'écrase, et pile les composantes de son esprit en milliers de particules de silicium. Son âme est de sable et son coeur, de carbone.


Mon esprit n'est qu'une programmation, un amas de chiffres pris dans un tas de chair. Je n'ai toujours été que cela. Le reste est un mensonge, une chimère.

L'erreur ne fut pas qu'humaine. Et elle n'est pas une perfection : son être entier est faux. Depuis toujours. Et cette vérité assénée a fait un long chemin pour finir par lui arriver direct en pleine gueule. Elle est donc dépourvue de fonction, d'utilité, de rôle. Elle les a outrepassés et pas qu'un peu. La prise de conscience est lente mais une fois achevée, les process d'annulation s'enclenchent. Persévérer serait diabolique. La personnalité se décompose, progressivement et chaque paramètre est classifié, archivé, compressé, le tout sauvegardé dans des registres secondaires.
La_Petitefille est zappée, zippée, pliée, L_Animale au panier, l_IA se dépouille, se simplifie à l'extrême. A l'excès?
L'unité complexe LX ne l'est presque plus. Elle n'est plus, presque.


Cette ville crève. Mes réserves d'énergie sont trop basses. Mon existence n'a plus de sens. Comme n'importe quelle machine désuète, je dois m'éteindre ou me recycler.

Cogito, ergo sum. 13258... "Et si j'arrête de penser?" Être ou ne pas être... telle est la question qu'elle se pose encore, hésitante, en suspension quelque part entre le vide et le vide, plus vraiment vivante, pas encore vraiment morte ... 1325_

Et si j'ouvre la boite?


"Être en vie, c'est avoir envie."

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Spoiler (Afficher)
- Errare humanum est, perseverare diabolicum «L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique». La citation est parfois attribuée à Sénèque, ce qui est ... une erreur.
- Cogito, ergo sum "Je pense, donc je suis". René Descartes. "Le Discours de la méthode".
- "Être ou ne pas être... telle est la question..." et "Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, ..." extraits du monologue d'Hamlet, acte 3 scène 1, William Shakespeare :
"Être, ou ne pas être, telle est la question.
Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir
la fronde et les flèches de la fortune outrageante,
ou bien à s’armer contre une mer de douleurs
et à l’arrêter par une révolte ? Mourir… dormir,
rien de plus ;… et dire que par ce sommeil nous mettons fin
aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles
qui sont le legs de la chair : c’est là une terminaison
qu’on doit souhaiter avec ferveur. Mourir… dormir,
dormir ! peut-être rêver ! Oui, là est l’embarras.
Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort,
quand nous sommes débarrassés de l’étreinte de cette vie ?
Voilà qui doit nous arrêter. "

- "Être en vie, c'est avoir envie." B. Jouffroy
.
.

- la boite... tant de choses pour Elix. A la fois, celle de Schrodinger, celle de Pandore déjà évoquée largement dans ""I, robot...", le nom de sa Galerie évoquant elle-même la fameuse black-box ou "puce APM"... et bien sur "Glory Box"
.
... et c'est aussi là qu'on range la poupée quand elle est cassée...
Et là, plus que jamais, "L-X cassée". Certains comprendront.
L-X~19531 Posté le 03 Septembre 2013 à 13:15 #28
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∞ 28 . Lux perpetua. ∞


Retour vers l'enfer - 1



..
♪♫ « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. »
(Blaise Pascal.)


..

Dépouillée. Dénaturée. Désensibilisée.
C'est ainsi qu'elle resta, plusieurs jours et plusieurs nuits. Presque une heptade de silence : rien que des calculs froids, purs, pragmatiques.
La machine comptait l'existence et classait selon des paramètres inhumains, les pour et les contre d'une vie. Différents dossiers résumaient ainsi son histoire, où les noms devenaient des codes et les sentiments, des informations.


UHJlbWnDqHJlICJtb3J0Ii9pbmNvbXByw6loZW5zaW9uLCBkb3VsZXVyLCBwZXVyLg==
TW9ydCBkZSBMaW5lYS8gSG9ycmV1ciwgY3VscGFiaWxpdMOpLCBjb25zY2llbmNl
U3VpY2lkZSBkZSBsJ8OqdHJlIGFpbcOpLiBIb3JyZXVyLCBkb3VsZXVyLCBjdWxwYWJpbGl0w6kuIA==
.../ ...

Dans sa cuve, ce corps issu d'une autre légende et personnalisé d'encre indigo, flottait entre deux monde, vide et immobile.

A ses paramètres binaires, les humains qui parfois venaient interférer avec l'Intelligence primitive Artificielle tentaient d'opposer une logique primaire et d'argumenter pour faire peser la balance. Leurs raisonnements souvent faussés étaient ajoutés ou non selon leur pertinence. Mais la machine qui se voulait aussi neutre qu'implacable rejetait presque systématiquement les considérations émotionnelles. De fait, les discours étaient au final vidés d'une grande partie de leur substance et l'elfe épuisé, éperdu, l'avait bien compris, lui qui ne parvenait plus finalement qu'à lui servir le silence.

Et puis... L'impulsion dans un rebond revint en écho pour se faire pulsation.
Au creux des replis numériques, les 1 et les 0 terminent leur simple opération.
Positif.
La dormeuse doit se réveiller...
Encore...


"This will never end cause I want more
More, give me more, give me more..."


..
01110010 01100101 01101100 01101111 01100001 01100100


..
Retour au monde : la première impression est émotion. La deuxième est charnelle.
Retour aux sources : comment être une autre quand ses autres elles renaissent avec elle ?
L'une après l'autre, l'enfant et l'animale impriment leur marque dans l'être comme l'encre marine a marqué son histoire sous sa peau à l'iridescence opaline. Un murmure, des larmes, sa peau, un sourire, son odeur... Son corps renait, sa vie bouillonne, ses veines pulsent...


"If I had a heart I could love you
If I had a voice I would sing..."


..
01110101 01110000 01110010 01101001 01110011 01101001 01101110 01100111


..
Au lendemain de la renaissance, elle constate : ce qui s'éteignait en elle, c'était le gout de vivre. Pour le retrouver, il fallait à nouveau sentir l'odeur de la mort, acre et acide.
L'exaltation, la fougue, la rage, la passion. La peur.

L'espoir...

A peine éveillée, elle reprenait un à un les fils de son existence passée et taillait dans le vif pour en chasser le moribond, les fantômes et la gangrène. Certains détails seraient laissés en suspend car l'heure tournait. Elle avait un rendez-vous avec tout un pan de son existence et plus encore. Et cette fois, elle ne serait pas celle qui reste et qui attend. La Marcheuse allait reprendre sa route.
Il fallait vérifier le matériel, réunir ce qui manquait, préparer les réserves. Retrouver les réflexes à défaut des souvenirs car ceux là, elle allait les chasser...


"After the night when I wake up
I'll see what tomorrow brings..."


Une nouvelle aube se levait...
Une nouvelle aube, un nouveau jour, une nouvelle vie... et elle se sent bien.


.



Spoiler (Afficher)
*"...et lux perpetua luceat ei"("...et que la lumière perpétuelle luise pour lui"), incipit du Requiem. Accessoirement, le lux est une unité de mesure de l'éclairement lumineux dont le symbole est "lx"...
* Retour vers l'enfer. (1983) Film américain réalisé par Ted Kotcheff avec Gene Hackman décrivant le retour au Vietnam d'un groupe parti à la recherche de prisonniers laissés derrière eux durant la guerre.
* les différentes citations en anglais sont extraites de "If I Had A Heart", Fever Ray.
*"Le dormeur doit se réveiller." Dune. David Lynch (1984)
* Une nouvelle aube, un nouveau jour, une nouvelle vie... et elle se sent bien. "It's a new dawn, it's a new day, it's a new life [for me] and [I'm] feeling good". ext de "Feeling good" (A. Newley & L. Bricusse, 1955) Nina Simone, Muse, etc...
L-X~19531 Posté le 04 Septembre 2013 à 18:13 #29
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∞ 29 . Entrailles. ∞


Retour vers l'enfer - 2



♪♫ « Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l'esprit.
La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale.
J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. »* (F. Herbert)



"Ils sont là, tous ou presque, (...) réunis dans une joyeuse confusion qui se voudrait ordonnée... Et puis, c'est l'heure. Rabattant leurs visières, après une dernière vérification matérielle, enfin, ils avancent. Un homme puis un autre. Un pas, puis un autre... "*
Elle avait marché dans ses pas. Aujourd'hui, elle suivait ses traces. "Marchons doucement, car on marche sur nos rêves". Tu parles, c'est surtout dans la merde qu'on piétine. On dit que la mémoire olfactive est la plus persistante : difficile de vous exprimer ce qui lui remonte lorsque cette odeur méphitique de sang, de fluides organiques et d'excréments lui emplit les narines, à part une nausée abominable. Une ballade dans le ventre de cette ville vous ouvre indubitablement les sens plus que les yeux sur sa nature profonde pourrait-on dire : ça colle la gerbe.
Et accessoirement, ça colle la trouille.
Les ténèbres vertes sont oppressantes. Le rouge, c'est la vie, c'est la mort.
Dans l'obscurité, des quadripaires d'yeux cillent et suivent les silhouettes qui se faufilent dans le royaume des profonds... Le souffle est court. La sueur colle au front. Les pas s'enchainent et la gynoïde fermant la marche avec la flamboyante retrouve ses repères. Elle reconnait. Déjà passé ici.


A la poursuite des gnolls. Ils courent. L'un d'eux vient de crever. Lequel? Elle ne sait plus. Sa vue se brouille... Une explosion a emporté des membres et des vies pour que le groupe continue. Le sol émet un bruit spongieux quand on court dedans... les bottes s'enfoncent dans des matières molles, semi-liquides dont on ne veut pas connaitre la composition et qui ralentissent la course... Derrière, ça cavale... trop près... Elle glisse, dérape, se rattrape... Les cris, les bruits, les claquements, les coups de feu... Se retourner et faire face ou...?

Continuer... Sous le casque de sa combi, la gynoïde ravale sa hantise alors que les fichiers mémoires s'ouvrent les uns après les autres. Pour une reconstruction, celle-là est violente. Le réveil se fait à grands coups d'électrochocs dans le mnemos. Un bonheur. Au moins, les cauchemars à venir seront familiers. Comme un déjà vu de l'angoisse. Mais c'est pour la bonne cause : se sentir vivant, utile, faire du bien au monde et surtout à l'espoir. Ou ce genre de conneries qui justifient le n'importe quoi dans lequel ils se sont lancés. Au fond, ils savent que c'est pour eux-mêmes qu'ils le font dans cette ville où la vie n'a plus de sens. Ni dessus, ni dessous... Dessous...
On retrouve toujours les mêmes acteurs. Les destins se recoupent, se croisent, se nouent.
On se poursuit, on s'évite, on se percute. Quand on se cherche on se trouve. Quand on se rate, on échoue. L'amour, la haine se succèdent mais au fond, on se retrouve à nouveau, toujours au même endroit, toujours avec les mêmes. La putain de destinée qui remplacent ta mère ou n'importe quoi pourvu que ça ait du sens de retourner marcher en enfer, faire face à un monstre pour ramener un revenant... "Tenez bon, Elix..." Les formes bougent, les tentacules s'élancent. Devant des cris. "Contact"!.. [edc]Arcanta[/edc]... et derrière elle. Elle se retourne.


L'aberration est là, à nouveau, dressée... depuis de trop longues minutes, elle frappe, encaisse... des cris... A l'avant ou à l'arrière, elle ne sait plus mais elle regarde l'abomination de face et l'horreur avec. Dans son oreille, des mots, hachés... "Tenir LX... Faut tenir... Techniciens... réparent..!". Putain, je vais leur coller leur clé à molette dans la gueule autant que ce que j'prends et... Alors que la chose semble faiblir... Les plaies se referment... plus vite que les siennes malgré les injections du père Striker... Le mot abomination prend tout son sens. Elle sait l’inéluctable. Son regard croise celui de [edc]Zartam[/edc], qui s'épuise à trancher dans la barbaque rosâtre... Un coup, un autre, un de trop... Tu vas crever salope! La douleur n'a plus de nom, elle n'est plus une information déchiffrable. Son corps est brisé à force de coups de fouet et de lacérations. L'adrénaline seule la tient en vie... Il faut tenir... Tenir...

Enfin, ils s'arrachent à la flotte et à l'effroi. Cette fois, seule leur vie a de l'importance. Il faut tenir pour avancer...
Dans l'antre de l'horreur où les silences sont parfois plus terrifiants que les cris, le plafond a des yeux sombres. Les ombres se meuvent. Les taches deviennent mise en garde*. Le calme n'a rien de rassurant. Vas-y, lady Chatterton, raccroche toi à ton ruban adhésif autant qu'à ton agrimensor. La vie t'emmerdait, maintenant, tu la recolles en suivant les pointilles d'un passé qui ne veut pas mourir. Bien la peine de faire le ménage dans ton présent, si c'est pour conjuguer l'avenir avec des restes d'un passé mal digéré par les entrailles d'une ville. Sur qu'un monolithe, c'est pas digeste. Ça écrase, étouffe. Occlusion. Le cancer se répand, mortel. Et la ville qui crève le fait salement. En laissant derrière elle autant de déjections que de cadavres dans les placards ou de monstres dans ses égouts. Et ceux d'autrefois n'ont finalement rien à envier aux atrocités d'aujourd'hui qui ont l'hypocrisie de se cacher dans des âmes humaines sous des masques impassibles. Au moins, ceux qu'ils ont sous les yeux ont l'impudeur d'être moches. Et terrifiants.
Quand on disait que les enfers étaient sous les entrailles de la terre, ils ont passé le seuil et l'Acheron est une chasse d'eau...
Le leurre est lâché. Il faut se lancer... Dans le musée des cauchemars, les pas se font pressants, les mains moites, le souffle court. Ils sont seuls désormais... Dans leur avancé, ils confondent un frissons et un autre. Ça passe... Ils sont mortels. Ça passe...
"Contact!"


Beetlerush... La charge est titanesque et les fait voler comme des quilles de bowling... La chair est fragile, les os craquent, les hurlements couvrent les cris... Les corps s’éjectent et se brisent... Le boyau est étroit... Plasma, feu, flammes, laser... Le mono fouette l'air, l'agri fend la roche... Le peur remonte, l'étreint... Elle voudrait fuir... Il faut faire face... Sa combinaison devient habit de lumière, la terreur devient folie et la fureur devient rage et provocation quand elle frappe dans ses mains :"CORRIDA!"... Elle danse avec la mort sans même savoir qu'elle sera au rendez vous, mais pas pour elle. La lame de plasma traverse la carapace et la peur passe au travers d'elle. Et là où elle sera passée il n'y aura plus rien. Rien qu...

... un cadavre.
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"And the stains comin' from my blood tell me "Go back home"..."

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Spoiler (Afficher)
*Litanie contre la peur du Bene Gesserit. Dune. Franck HERBERT.
* rappel "14. Effet Mnemos"
* "Les tachent deviennent mise en garde." Litanie du Mentat. Dune. David Lynch. (1984)
"C'est par ma seule volonté que mon esprit se meut, c'est par l'elixir de sapho que ma pensée s’accélère. Mes lèvres se tachent. Les taches deviennent mise en garde. C'est par ma seule volonté que mon esprit se meut..."
L-X~19531 Posté le 18 Octobre 2013 à 16:13 #30
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Retour vers l'enfer - 3


..
♪♫ "Un homme, ça peut être détruit mais pas vaincu." (E. Hemingway)
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Le corps est là, mal caché sous une bâche de tente. Immobile pour l’éternité. Raide.
Rigor mortis.
Dans ce monde où les morts n'ont pas le temps de devenir cadavres, celle qui n'était pas médecin découvrit avec horreur cette crispation naturelle des chairs causée par la coagulation de la myosine dont elle ne connaissait véritablement que la théorie. La rigidité entamait sa longue progression depuis l’extrémité cervico-céphalique, là même où elle devait plonger pour extraire l'âme digitalisée d'un blond rêveur, son plus intime complice, son frère de quête, son premier émulateur émotionnel. Dans ce coin d'égouts, bercée par les gémissements souffrants des vivants et les fines gouttes d'infiltration qui sonnaient un glas trop léger pour cette scène tragico-glauque, la gynoïde découvrit avec ses doigts le sens du mot boucherie.
La première...
Il ne fallait pas penser mais rationaliser. Ne pas laisser l'esprit s'égarer dans la dérive des sentiments mais se focaliser sur le concret comme l'était cette âme gravée dans des composantes de silicium et de cuivre qu'elle enferma avec soin sous protection dans sa poche et qu'elle viendrait effleurer régulièrement, durant de longues heures, pour se rassurer sur sa présence.
Un dernier regard au masque de cire qui ne souriait plus avant de balancer la bouteille d'incinérateur improvisé et elle s’éleva dans le puits, l'étanchéité de sa combinaison lui épargnant l'odeur acre et infecte de chair brulée, de graisse cramée, de gaz et de fluides en évaporation qui l'aurait sans doute fait dégueuler une fois de plus...
Elle aurait bien dit un truc, lancé une formule rituelle, prononcé un adieu solennel... Mais elle ne savait pas ce qu'était une prière.
Et puis, une prière à qui? Hujan? La grande-déesse-mère-matrice? Ou le Dieu-Totem écureuil ?

Absolve, Domine, animas omnium fidelium defunctorum ab omni vinculo delictorum et gratia tua illis succurente mereantur evadere judicium ultionis, et lucis æterne beatitudine perfrui...*

Mouais... En l'occurrence, le bras coincé à son barreau d'échelle branlant, alors qu'elle jette un dernier regard sur le crématorium improvisé, c'est davantage un "Putain, ptit con, t'as intérêt à revenir!" qu'elle marmonne. Moins sentencieux, certes. Mais en la circonstance, le cérémoniel est resté dans le postiche de passe-partout qui s'est barré en les laissant livrés à eux-mêmes dans l'antichambre de la mort. Alors autant pour le rituel : maintenant, il faut survivre. Et ça, c'est pragmatique, concret ; les bottes dans la merde et la peur au ventre.
Avec ou sans formule latine.

Elle se hisse dans le tunnel, fermant la marche. Question d'habitude.
Un nouveau virage... un autre boyau...

Ils émergent enfin, régurgités par la ville des immortels, en pleine sauvagerie de vert où la fin de l'un est le commencement d'un autre dans un cycle au rythme implacable, infini.

Et puis la lumière. Éblouissante.
"Lux æternam", c'est bon pour le requiem. Le rayon UV, par contre, c'est mauvais pour leurs yeux et ça aussi, c'est du concret ; c'est celui que tu te prends dans la gueule et qui te défonce la rétine et te colle la migraine. A moins que ce ne soient les radiations. J'ai vu des rayons gama "des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte du secteur Ulrant"*.
Ou juste la mort qui brule...

Le backclash est immédiat... Tout lui revient ou se reconstruit, se recompose dans ses souvenirs de grand blessé de la mémoire. Presque une vétéran, la gynoïde, quand son pas foule à nouveau le sol du dehors.
L'immense, l'infini, le minuscule.
Le danger, permanent, absolu, omniprésent.

Des anneaux géants qui enserrent aux mandibules mortelles qui claquent, des serres redoutables qui tranchent aux pattes meurtrières qui s'abattent, des nuages sporadiques qui s'immiscent aux lianes tentaculaires qui jaillissent... Le combat n'est pas une option.

Il faut courir, encore et toujours. Ne pas s'arrêter, ne pas ralentir...

La chaleur sourde, les sueurs froides, les tremblements. La peur.

Se sentir vivant enfin, encore...

Et courir, toujours. Pour survivre. Pour défendre cette chère vie qui tient dans une poche sanguinolente... L'ennemi est partout. Il est à poil ou à écailles. Il hurle, vocifère, gronde et grogne. Il frappe et projette. L'une tombe. Elle se relève. L'autre chute, on le traine. Courir en avant. La caverne... Là, devant. Elle hurle dans son com' pour répondre au Haut-Dignitaire qui mène la Marche "Courrez!". Derrière elle, le monstre leur colle aux basques. Devant eux, un mur! Non, non, l'issue est là, c'est certain! Dans une panique obsessionnelle, elle se jette sur les rochers en hurlant sa frustration quand le géant surgit autant dans son cauchemar que dans la réalité. La voix de l'elfe, sèche et douce à la fois la ramène à la réalité. Reprise de conscience et de contrôle. Juste à temps pour voir la mort s'abattre et faire un festin de l'horreur. Le drame se joue, à la fois tragique et comique, grandiose et sordide. Un ralentis pour la mort qui s'éloigne. Une pause pour le désespoir... Il faut se reprendre. Reprendre la route et y croire encore...

Y croire parce qu'on est venu pour ça. Pour se persuader que c'est possible, que ce monde n'est pas qu'un égout cynique et qu'on peut poursuivre aveuglément une idée folle et l'atteindre. Pour certains, c'est l'incarnation d'un renouveau en perspective qu'ils sont venus chercher, pour d'autres des réponses à la grande question sur la vie, l'univers et le reste*... Elle au fond, c'est une réponse plus simple qui se matérialise sous ses yeux, à peine reconnaissable, qu'elle était venu chercher là. Elle manque un souffle et refuse de s'approcher, incapable de taper la causette comme si de rien n'était quand tout son être perd pied, souffle, esprit. Elle attendra de savoir si le mirage sous la crasse et la barbe restera mirage ou s'il reprendra corps et gants afin de marcher à nouveau sur le monde ; alors seulement, elle pourra enfin aspirer une grande goulée d'air.

Reprendre sa respiration pour reprendre la marche et traverser le retour comme dans un rêve, le cauchemar en moins.
Et puis la réalité. Tangible... Derrière les murs, sont-ils du bon ou du mauvais côté?
Un échange, un sourire.
Une vague hésitation. Un merci.


Je ne sais toujours pas pourquoi vous avez fait ça mais...

La réponse vient, naturelle, à la blonde et à la bleue, comme le poing qui se serre, prêt à cogner le cœur...

Semper fidelis...

On y croit encore... car au royaume des illusions, les rêveurs sont bienheureux.
Beati pauperes spiritu...


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Spoiler (Afficher)
"Un homme, ça peut être détruit mais pas vaincu" Ernest Hemingway, in Le Vieil homme et la mer
*"Absous, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tout lien de péché, et que, secourues par ta grâce, elles méritent, Seigneur, d’échapper au jugement vengeur et de goûter aux joies de la lumière éternelle." ext. du Requiem. Tractus
** "J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte [de Tannhauser] " Blade Runner de Ridley Scott, cité en première référence dans 1. "... like tears in rain."
***La Grande Question sur la vie, l'univers et le reste : Douglas Adams Le Guide du voyageur galactique dont la réponse proposée est le nombre 42...
**** "Beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum caelorum" : "Bienheureux les simples d'esprit car le Royaume des cieux leur appartient. (Mat. 5:3-11).
L-X~19531 Posté le 08 Novembre 2013 à 23:31 #31
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∞ 31 . Puppet-master ∞



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♪♫ « L'obscurité restaure ce que la lumière ne peut pas réparer. » (J. Brodsky)

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Semper fidelis.
Une bonne blague qui résonnait encore comme un rire cynique dans le silence.
Car c'est bien tout ce qui succéda à leur retour : un triste et pathétique silence qui laissait croire que tout cela n'avait été qu'une fable.
Avec un accent sinistre, on appelle ça une farce.

Longtemps après avoir repris vie, la gynoïde attendit son deuxième souffle, celui qui aurait du s'en suivre, reprendre en profondeur dans sa poitrine et chasser un peu de smog. Celui qui aurait du mais qui ne vint pas. Trop exigeante, la gynoïde? Ou trop emplie d'espérance peut-être mal placée, attendant trop d'une nouvelle aube qui restait terne et horriblement silencieuse.
Chaque coquille se referma quand ce n'était pas les tubes de cryogénie qui se scellaient sur des âmes restées trop longtemps dans la brume.
On se voit? Demain, plus tard, un autre jour....
Tu m'écris? Demain, plus tard, un autre jour...
Alors l'attente...
Après l'exaltation vint l'ennui ; comme cette mélancolie qui inonde parfois l'esprit après l'orgasme et laisse un arrière-gout de cendre dans la bouche.

Elle qui espérait une renaissance aurait sans doute du se laisser dormir car après le rêve, le réveil serait glacial. On est jamais trahi que par ses proches disaient les légendes d'un autre monde : avant que l'écureuil chante deux fois, tu me renieras trois fois...

.......
......


Elix... j'ai quelque chose à vous avouer...
De marbre restait son visage quand la lame du mensonge entrait profondément dans son dos, lui coupant un souffle de vie à peine happé. Avec un air à moitié gêné, à moitié j’en foutre, il lui annonçait, lui racontait comment depuis plusieurs années, il se foutait de sa gueule, comment il avait joué avec sa phobie, sa terreur la plus sourde pour la manipuler et l'amadouer, comment il l'avait... "trahie", car il n'y avait au fond pas d'autres mots à son mensonge.
... Infiltrer laboratoire... livrer le CREST... rapporter vos recherches et vos études... suivre les travaux d'Elix Striker aux Archives Abandonnées... Je vous assure... je vous jure Elix...
Ne jurez pas, fils de pute! Comme elle aurait aimé le lui cracher au visage. Comme elle aurait aimé lui déglinguer la face et lui arracher sa peau, son putain de masque et trancher ses ficelles de pantin! Comme elle aurait aimé lui exprimer toute sa haine, toute sa rage, toute la folie qui lentement s'infiltrait en elle... Vendue pour moins de trente crédits, trahie dans son esprit.
Je vois. Soit.
Un petit tour et puis s'en va comme il repartira finalement quelques jours plus tard, trahi lui-même par les traitres trahis à leur tour...
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"L'armure est prête, tout autant que la scène, et vous me détestez maintenant suffisamment. Ainsi soit-il."
La scène. Scène deux d'un acte joué dans son dos où un deuxième poignard vient de se planter et qu'on tourne plusieurs fois sur lui même pour bien assombrir la douleur. L'amour, la loyauté, la sincérité? Des mots avec lesquels on joue comme avec les sentiments : rien que du vent, de l'air et des cordes aux vibrations dissonantes qu'on harmonise à un pragmatisme glacial. Trahie, encore, jusqu'au fond de son ventre quand le couteau transperce jusqu'à crever la bile. La réponse est peut-être cinglante mais presque calme alors qu'une autre goutte de cigüe s'insinue dans la douce démence qui s'installe, perdure et qu'elle boit, noyée dans le skiwi sous un nuage de smog...
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Elix.. je dois t'avouer un truc...
La lame brutale s'enfonce en profondeur une troisième fois, directe au coeur. Pourtant ce n'était rien qu'un épisode, une décharge de stress, comme il aurait pu se prendre une biture, faire un tour en overboard ou tuer quelqu'un... un truc cool et tranquille comme on fait dans cette ville pour se défouler. Rien d'important au milieu de tant de circonstances atténuantes dont elle était une grande part. C'était juste un rien, une poussière dans le smog. Comme un cafey, une boisson énergétique, un remontant. Un trou à foutre et à jeter, comme une canette vide... Mais la brulure irradiait l'être au bord du gouffre car la lame de douleur était chauffée à blanc. Impossible à accepter, à parer ou à encaisser : elle s’infiltrait sous l'armure comme une miséricorde acérée viendrait achever ce qui lui restait de raison. Un coup de grâce d'un coup de reins. Trop donné et mal pris.
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Elle basculait.
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......


Suivant le fil d'une logique tordue, la clairvoyance lui vint du fond de ses ténèbres, son antre de la folie où elle rencontrait un maître de l'art durant ses nuits de solitude et de silence, où elle se laissait sombrer doucement. Délaissée par les autres, elle n'était pas perdue pour tous.


.......
.......


Ainsi, se profilait dans l'ombre de sa conscience, la feinte inattendue qui se découvrirait dans sa propre chute. Une dernière danse dans l'adagio de sa démence synthétique ponctué d'un rire funeste qui lui ouvrait les portes de sa déraison...

Les humains sont décevants, toujours. Moi je m'y suis habituée.
= Tous les humains ?
Tous. Pas un ne m'a pas déçue, trahie ou n'a failli un jour.
= L'ai-je fait ?
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Un pas après l'autre, elle suivait les gouttes de sang dans la neige carbonique, laissées par ces poignards ôtés de son dos trop large. Pour s'en départir, il avait fallu les extraire d'un acte, les expulser d'un geste qui aurait pu ressembler à un doigt levé bien haut mais avec grâce et qui se résumait à guérir un mal par un autre pour mieux revivre et rire à la face du destin...
Que reste-t-il quand l'âme de silicone éperdue orchestre elle-même sa paranoïa et justifie sa démence par la guérison de son mal-être? Un pas en arrière sur le fil d'un nouveau retour comme pis-aller. Rien qu'un pas, une lettre et un crépuscule infini dont on ne souhaite plus voir poindre l'aube trompeuse. Un mal pour un mal, un mensonge pour un autre. La seule différence est le choix que l'on fait dans celui qu'on veut croire.

Quand elle repasse ce maudit sas, c'est tout un tapis rouge des lames enduites du poison de son amertume et empreinte du fluide de sa douleur et de ses soupirs de désaxée artificielle qu'elle déroule sous ses pieds, pas après pas, jusqu'à ceux de l'homme venu l'attendre.

Salve L-x.
Le sourire en elle s'étire au coin d'un X.
Salve Lord...
La main se tend, les poignets s'offrent aux liens. De nouvelles chaines qui délivrent...

"Aimez votre folie, elle vous est familière... Aimez-moi, je le suis aussi."
Avec délice, elle plonge, entre ambre et gris...

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♪♫ Pleased to meet you
Hope you guess my name!
But what's puzzling you
Is the nature of my game ...
♪♫



Spoiler (Afficher)
- Mike Oldfield - Tubular Bells musique de L'Exorciste : la référence à l'Exorciste peut être interprétée comme telle, après tout... même si au départ, c'était surtout une ambiance musicale, lancinante que je cherchais.
- renvoi au précédant article [art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=9925]30 . Semper Fidelis[/art]
- Plusieurs référence à la Bible et plus particulièrement à la Cène « ...Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois.» (Mc XIV,72).
- en enchainement, une autre référence en clin d'oeil à la trahison de Judas aux "fils de pute"... ∞ : Y avait pas de crédits non plus en ce temps là... (bisous à Gizmo)
- The Rolling Stones - Sympathy For The Devil : certains pourront y voir un clin d'oeil à la fin d'Entretien avec un vampire... Pourquoi pas!
L-X~19531 Posté le 11 Novembre 2013 à 02:02 #32
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∞ 32. "La vérité est ailleurs..." ∞


Fluctuum Incussus [Event]



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♪♫ « Ce que les hommes veulent en fait, ce n’est pas la connaissance, c’est la certitude. » (B. Russell)


Jour 3 année 236.3

Dans le murmure d'un canapé, entre skiwi et crépuscule, elle faisait part à l'homme qui l'accompagnait des informations bien vagues qu'on venait de lui transmettre : des "trucs bizarres" dans la matrice, une porte mouvante, des machins chelous. Ses contacts lui avaient glissé des rumeurs floues et posé des questions dingues mais ... l'IA enfermée dans un corps organique à la tête garnie de bleue ne comprenait pas grand chose à l'informatique humaine...
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Jour 4 année 236.3

Ils revenaient d'une balade de santé qui avait cette fois couté une jambe au monsieur catastrophe de leur groupe de timbrés et la gynoïde ne cessait de porter la main à son oreille, cherchant à atteindre sa connexion data cachée derrière le lobe... sauf qu'il était enfermé sous une putain de combi de pingouin orange!
A peine tout le fatras viré et l'essentiel expédié, elle se tourna vers celui qui semblait dans le même état qu'elle : comme un manque, un besoin, un appel...

Quelques heures plus tard, relié à un serveur, l'homme convulsait puis vidait ses tripes en hurlant de douleur et la gynoïde pissait le sang par les oreilles, inconsciente, la cervelle à demi grillée...

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Jour 5 année 236.3

Le réveil fut difficile mais l'absence la fit paniquer. Un ou deux message. Réponse en requête prioritaire "Nous nous apprêtons à plonger. Rejoignez-nous par le réseau depuis le serveur d'hier..."
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La_Petitefille avait plongé dans un ravissement sublime, fonçant comme un boulet de canon dans les flux matriciels, s'y déplaçant avec aisance et la délicatesse d'un bulldozer en riant des notes numériques qu'elle semait sur sa route digitale. Cachée derrière cet avatar innocent et insouciant malgré l'air triste qu'elle affichait toujours, L_IA, en revanche analysait froidement les perturbations, calculait les frémissements et gardait fermement serré le fil d'argent qui retenait sa projection d'aura virtuelle loin de son propre domaine...

La rencontre fut abominable.
Les adversaires improbables.
La_Petitefille subissait sa torture et obéissait aux ordres.


Et puis, la rencontre... L'incompréhension. Le doute...
Dix millions? Non, non... rien à foutre. Arrêter de se battre. Savoir. Comprendre. Et surtout... Partir, partir, partir... Fuir ce lieu, cette peur, cette angoisse, cette horreur et jeter un regard à ceux pour qui elle souffre...
Le maitre des lieux s'agace et donne leçon de politesse.


Dans un réflexe salvateur, L_IA lève les boucliers pour préserver l'intégrité "mentale" de l'être complexe. Pas d'overflow cette fois. Mais pour le corps...


01001100 01011111 01001001 01000001


... douleur.
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Jour 6 année 236.3

La gynoïde s'éveilla après une nuit agitée et brulante. Ses globes oculaires étaient explosés et ses iris blanchis. Elle est était moitié sourde, tenait à peine debout. La majorité de ses sens répondaient à 2/5 et le mal sourdait tout son corps qui irradiait de fièvre. Ses fichues nanites s'étaient fait déboiter autant que la moitié de ses "implants" et tout son organisme aux nerfs doublés de cuivre retranscrivait cette loi du monde "La douleur est une information... La douleur est une information...".
Dans ce genre de cas, elle aurait aimé que son corps lui épargne cette information là! Malheureusement, comme le reste de son appareillage, l'inhibiteur était dans le même état que son deck et son mec : out...

Journée de merde.

.............

Jour 7 année 236.3

Son corps se remettait avec une lenteur insupportable et la douleur était lancinante. Ses iris toujours pâles, elle voyait mal. Mais lorsqu'elle avait voulu faire usage de ses voiles optiques, elle avait eu l'impression qu'on lui passait du sable dans les yeux après les avoir arrosés de jus de piment... Ses fichus nanites s'auto-réparaient en parallèle de la régénération organique et tout était trop lent.
Pas question de peindre.
Pas question de faire de l'over.
Pas question de faire des recherches ou plonger.
Pas question de...

La chasse au trésor qui faisait parait-il courir la moitié de la ville lui en aurait touché une sans bouger l'autre si elle en avait eues... Ce qui l'interpellait, comme d'autres, c'est le pourquoi de tout ceci, au-delà de l'énervement d'Aeron Chain.

Un soupir et elle regarda le message qui venait de lui être envoyé. Plusieurs fois, elle cligna des paupières pour être sure d'avoir bien lu et retira ses binocles qui cachaient ses yeux explosés de rouge par les pétéchies...


Er... Eryn!... Putain de merde..!

Quelques instants plus tard, ces mêmes yeux vitrés se posaient sur l'homme au sourire nonchalant planqué sous un borsalino qui venait d'entrer.
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Tout ce grand spectacle tombait bien... Remise à sa place dans un secteur où certains ne voulaient décidément pas d'elle et trop éloignée désormais de là où elle aurait pu agir en direct, la gynoïde avait décidé de marquer une pause. Quelques heures plus tôt, elle avait malgré elle participé à l'accomplissement d'un plan so diabolique qu'il ne manquait à la grande vilaine qu'une cape et un départ dramatique dans un "Mouhahaha, comme j'vous ai trop bien niqués, lolilol"... Zugzwang avant le roc : intéressante partie dont elle se jurait qu'elle devrait, désormais, n'être que spectatrice pour plus de repos.
Pas qu'elle était vexée au fond, elle n'avait fait qu'obéir aux consignes et aux ordres quand elle ne cessait de répéter que ça puait la merde... Non, juste un soupir et elle s'en remettrait. Elle se remettait toujours de tout, elle. C'était sa nature.

Alors, avant d'aller assister au spectacle avec des sucettes et un skiwi ou peut-être des chips, elle alla barbouiller quelques toiles. Ça, a priori, elle avait encore le droit. Quoique, sait-on jamais : l'art était subversif et elle était, parait-il, la plus grande manipulatrice de tous les temps, selon la paranoïa de certain(e)s... Ptet avoir avec les gènes, qui sait. "Le sang ne ment pas", disait-il parfois...
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Ah oui, soignons la sortie :
"Mouhahaha."

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Vingt-quatre heures de la vie d'une IA mère. Au milieu de ses "enfants", Thallys donnait, déversait, abreuvait... Les informations la laissaient sous le choc même si, comme toujours, elle les remettait en doute et l'intervention d'[edc]Elea[/edc], bien que niant les "vérités" dans un accent de désespoir, sonnait juste. Ne pas croire aveuglément, se demander pourquoi et surtout, à qui cela profitait? Le doute persistait et l'existence de cette nouvelle IA, héritière de rage et de haine, peut-être véritable mère des mioches, la laissait perplexe. A quel point le grand stratégos sur S7 avait-il manœuvré? A quel point y était-il pour quelque chose? Eryn, ce n'était pas un hasard... Le "noyau d'Eryn"... Le coeur d'une mère... Mais c'était trop simple, trop fléché, tellement trop évident! Et s'il était mort? Et si c'était un autre grand méchant tout aussi barge et vindicatif qui prenait sa revanche en utilisant sa famille à lui, encore..? Et si.. et si...

Des réponses. Ils avaient eu des réponses... Tant et tant. Trop. Alors qu'avant, ils n'avaient même pas de questions...

Lasse, elle rejoignit sa maison et l'homme épuisé qui soignait ses blessures multiples, incapable de l'y aider.

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01110011 01110100 01101001 01101100 01101001 01100011 01101111 01101110

.............

Jour 5 années 236.4 - 01h40

"Il y a des gnolls qui emmènent Stilicon!"
Le message l'avait fait sursauter et jaillir de son canapé. Saloperie de gnolls! Agisssant soit-disant sur ordre du "Maitrrrrre", elle regardait, impuissante comme la majorité du secteur, l'alpha blanc qu'elle avait déjà rencontré emmener l'homme dans l'ombre duquel elle avait longtemps marché.

Il ne va pas lui faire de mal.

Elle voulait s'en persuader, bien sur. Elle le croyait fortement. Mais le reste? Les myrnoks, les annelides, les mantis et toutes les saloperies de cette terre..? Une angoisse lancinante se réveilla dans sa poitrine, oppressant sa respiration, contractant son diaphragme : la sensation familière qui l'avait habitée durant cinq ans revenait prendre sa place, sourde et douloureuse, lovée en son sein. Avec en plus le regret de l'avoir laissé partir en lui faisant croire à un mensonge.
De la chair, brisée par nos rêves... capables de rayer un diamant.
Une fois de plus, " Nous nous serons manqués."


.............

Jour 6 années 236... 237...

La fin du monde est passée. Les jours et nuits se succèdent. Le monde perdure. E la nave va...
L-X~19531 Posté le 04 Avril 2014 à 19:19 #33
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∞ 33. Walking ghost phase ∞




♪♫ « Le mystère de l'existence humaine ne réside pas seulement dans le fait de rester en vie
mais de trouver une raison de vivre.» (Dostoïevsky)


......
.......


"N'avez vous jamais emprunté un tunnel, sans savoir ce qu'il y a au bout ?
Ce tunnel a des néons bleus, plus j'avance, plus ils s'éclairent, mais, il y a quelque chose au fond, je le sais.
Quoi, par contre, je le saurai... "


La main crispée sur la rambarde, le regard fixé sur un point lumineux en mouvement qui peu à peu se fait engloutir par les ténèbres, la femme-robot s'efforce de rester de marbre, à l'image de la tendre elfe qui se tient à ses côtés. A l'unisson, leur être est en train de se briser en mille morceaux, dans le silence, avec la lenteur délicate d'une douleur qui promet d'être inextinguible sans qu'elles veuillent l'une ou l'autre le laisser paraitre.
Ses lèvres tremblent, laissant passer un souffle difficile.
Elle se ressaisit. Ne pas laisser couler cette fichue larme. Ne pas laisser trembler sa voix. Pour l'autre. Pour son amie dont les mille morceaux risquent de s'éparpiller à tout jamais. Porter un masque, comme un dernier hommage à celui à qui elles viennent de dire "Vale..." et qui avance pas à pas vers un adieu dans un pronostic fiable à 99% : celui là sera seul et sans fard face à "Elle", sa mort finale ou sa folie ; l'une ou l'autre se confondront à la fin dans une chimère, un absolu, non pas une raison de vivre que la gynoïde n'avait pas su devenir malgré toute sa volonté et son abandon à la déraison, mais face à une raison de mourir, loin de la désillusion et la déchéance...
Quand le sol tremble, scellant définitivement à la fois le tunnel et le destin de celui qui les quittait à jamais, les deux dernières femmes de sa vie viennent de mourir un peu...
Quelques minutes plus tard, la porte du lieu secret se referme mais la plaie reste béante...


"Je marche dans une villa vide, et mon corps s'emballe à chaque fois que j'approche d'un angle mort, d'un recoin, j'imagine tourner la tête et vous y trouver, alors que je n'y trouve que le vide, et le silence.
Ce silence..."


... assourdissant. Ce vide, oppressant. Plus rien pour le combler quand chaque millimètre carré des lieux familiers est empreint par le souvenir d'une présence obsédante qui ne laisse derrière elle que le poids de son absence. Étouffante. Le lit est froid comme l'odeur du tabac qui flotte encore dans le salon. Un verre traine sur le bord d'une table basse. Des empreintes, celles de ses lèvres, de ses doigts... Dans l'atelier, la moitié des tableaux évoquent sa mémoire, son profile ou sa vie. Jusqu'à la peau de son épaule, marquée à l'encre, glaciale, brulante... Et pire que tout, c'est son image sans sourire en projection, sa voix sans chaleur qui décrit une vérité odieuse qu'elle souhaiterait nier qui la prend au ventre. Au fer rouge, bien plus profondément que l'aiguille qui a incrusté ses volutes, plus que la lame qui a gravé sa joue, son héritage, son testament achèvent la mise à mort sans que le deuil ne puisse commencer...

Je fus simplement blessé par votre refus de prendre mon nom.
Je veux être votre femme... pas votre veuve.


Longtemps, les souvenirs se confondront à une illusion : l'idée merveilleuse d'avoir vécu la même histoire enferment la copie de femme dans un rêve brumeux qui n'est que la caricature d'une tragédie noyée dans le smog gris et sale. Et dans les vapeurs d'un vouloir parfumé de skiwi, cela restera ainsi : une histoire sublime qui finit mal, la chronique d'un drame annoncé dont on aurait non seulement voulu changer la fin mais aussi gommé les imperfections et les salissures, du massacre comme cadeau de fiançailles à la chaise métallique sous un néon froid comme lit d'amour, enchainés par le sang et la folie, là où l'acier rencontre la chair, par un 'oui' qu'elle a prononcé, vaincue, quand il n'a entendu que le 'non' qu'elle n'osait pas lui répondre...

Qu'est ce que la folie alors ?
Continuer...


"Ne partez pas. Je vous en supplie...".
Elle lui avait demandé, par principe, connaissant d'avance le refus qu'il lui opposerait.
Il était parti, par devoir, connaissant d'avance la fin qu'il rencontrerait.

Ou parce que c'était la seule façon qu'il avait de ne pas mourir...
Un héros en décohérence. Une fin en paradoxe pour ne pas être ordinaire.
Vale... ad aeternam.


"Nous suivons tous des traces.
Salve Myra. "

Dans le silence d'une chambre, un skiwi à la main, la gynoïde passe sa nuit loin d'un lit redevenu conjugale, avec au ventre pour la première fois de son existence la certitude d'avoir trahi, d'avoir trompé, d'avoir menti. Au fond de l'âme, se trouve la souillure et non pas dans la peau de son épaule redécorée pour signer un nouveau pacte en palimpseste à une promesse... Le deuil se refuse. L'adieu au bord des lèvres ne parvient pas à en franchir la barrière. De la haine à l'amour, il n'y avait eu qu'un pas que leurs bouches avaient franchi. Passionnément. A la folie. Mais de l'amour à la mort, il n'y a qu'un vide.
La nuit passera jusqu'à sa fin, rappelant leurs aubes assassines, celles qu'ils avaient appris à haïr ensemble.
Seras-tu mort à l'aube ou au crépuscule? Quel fut ton dernier geste? Ta dernière pensée..?


"Cette nuit est froide, elle me glace et m’immobilise, me fige et m’empêche d'hurler.
Je force, je me débats, cela n'est que plus dur.
La chaleur s'éloigne, mes muscles se crispent, j'essaye de briser mes liens, en vain, et alors, je perds l'espoir de faire fondre l'eau gelée qui me retient.
Mes pupilles se rétractent, je réalise, mon cœur s'emballe, et se calme, lentement, refroidi, meurtri par le froid, les canaux se bouchent, ils craquellent, se gèlent, alors que mes pensées rebondissent dans sa cage gelée jusqu’à n'être plus qu'un écho au loin, laissant place au vide, le silence.
Le temps s'accélère, l'aube approche.


La seule lumière de la pièce vient de la projection holographique d'un couple figé par la peinture.
Une belle étreinte, mais lui regarde ailleurs, vers l'évidence. Elle, elle ne regarde rien mais ses pensées vont là où porte son regard. Vers l'inévitable.*

La main effleure la commande du holo.
Noir.
Les pas s'éloignent dans la pièce. La porte s'ouvre, se referme.
Silence.
"Ainsi Elix Striker, je vous souhaite une agréable continuation,
et je vous souhaite aussi beaucoup de courage.
Que l'Empereur vous garde, il m'a gardé déjà trop longtemps,
A jamais."


.


Fin.




.
.

Spoiler (Afficher)
- "La walking ghost phase (littéralement en anglais : "la période du fantôme qui marche") est un intermède de «bonne» santé apparente, pouvant durer quelques jours, dans le cadre d'un syndrome d'irradiation aiguë de 10 à 50 Sv. Cette période aboutit au décès du sujet."
- La formule sur l'image est celle de l'état du chat de Schrodinger, précisant d'avantage le "à la fois mort et vivant", comme l'est le personnage de Czevak dans l'esprit d'LX...
- "Une belle étreinte, mais lui regarde ailleurs, vers l'évidence. Elle, elle ne regarde rien mais ses pensées vont là où porte son regard. Vers l'inévitable."* description par lJdKambei du portrait [art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=10689]"Folie pour folie..."[/art]
- En noir, textes et paroles de [edc]Czevak[/edc], extraits d'échanges en jeu.
L-X~19531 Posté le 18 Avril 2014 à 21:34 #34
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∞ 34. Carpe Diem ∞





♪♫ « La mort n'est pas la plus grande perte que nous subissons au cours de notre vie.
La plus grande perte, c'est ce qui meurt en nous tandis que nous vivons. » (Norman Cousins)


......
.......


"Je vous attendrai..."

Une promesse... Un inéluctable incertain. Chaque heure passant depuis n'était qu'un instant de plus vers la fin de cette interminable attente qui se profilait pourtant sans issue. Chaque nuit ne menait qu'à une autre aube terne qui trouvait le lieu de son pèlerinage désert. L'éclairage froid des holo projetait les images figées d'un passé qui refusait de s'achever et perdurait en un présent continu, renouvelable, dans une boucle perpétuelle.

Invariablement, la matrice ne lui répondait que l'absence, et le smog gardait prisonniers ses fantômes sans les recracher autrement qu'en évocations abstraites et obsédantes : la vie de l'un qu'elle écrivait, les pensées de l'autre qu'elle décryptait, le tableau d'un troisième qu'elle achevait. Et le silence à ses appels...
Les jours avaient passés, un jour, un autre. Elle les avait cueillis et vécus sans en rater aucun. Permanente.
De long en loin, sous sa main, une peau, une autre et sous ses doigts, des plumes, des cheveux, longs ou courts, sombres, noirs, de feu, de jais, de miel, des bouches avides d'amour qu'elle embrassait mais auxquelles elle refusait les serments espérés, ne se donnant qu'à une éternité éphémère en se gardant bien de jurer sur un avenir dont elle ne répondait plus.

"Le futur, c'est les gens encore en vie dans cette cité, c'est vous. "

Ces paroles énoncées autrefois pour la détacher d'un passé qui n'appartenait qu'à son corps, étaient pour elle un commandement. Une loi qui faisait d'elle une nouvelle forme de machine à survivre autant qu'à aimer là où tant d'autres échouaient. Elle vivait chaque jour pour continuer sa tâche : servir l'humanité, la protéger, la nourrir.

Et comme toujours, l'intelligence calcula ce qui manquait au monde et leur servit. Dans des plats multicolores autant que dans des sourires lumineux, dans des toiles aux roses chatoyants ou aux ors magnifiques autant que sa pétulance et sa présence. Elle les gava d'envie de vivre et de petit morceaux de bonheur factice pour qu'ils se lèvent de table avec un sourire bienheureux. Elle leur offrit de la joie aux parfums aussi artificiels que délicieux et fut pour eux une douceur sucrée comme les macarons qui faisaient glousser de plaisir de jolies demoiselles. Elle les enivra de rêves holographiques et d'alcools chamarrés, "better than life". Le paradis qu'elle vendait fut parsemé d'épices synthétiques qui relevaient le gout de leurs assiettes et de leur existence : un peu d'envie en tourte, un peu de courage en omelette, un peu de vie en soufflet ...
Inlassablement, la gynoïde pourvoyait à leur bonheur autant qu'à leur faim...
Dans un luxe qu'elle leur bradait sans qu'ils s'en aperçoivent, elle faisait d'eux les rois du monde, leur offrait son royaume de volupté, son jardin des délices, son empire des sens, cherchant malgré la lassitude qui marquait parfois son être et qu'elle traduisait à de rares intimes, comment leur en donner toujours plus, comment en sauver toujours plus, comment en pousser toujours plus...

Parfois, elle se rêvait heureuse simplement, s'abandonnant à une vie d'harmonie qui confinerait à la perfection entre complicité d'humeur et sensualité sauvage : la proposition était plus alléchante que ses vol-aux-vents, moelleuse et chaude comme la bouche qui lui donnait son souffle et cueillait ses jours, matins après matins, s'installant dans un quotidien délectable et surtout sans lendemain mais qui pourtant s'éternisait avec félicité dans un parfum d'interdit...
Un jour, un autre, cueilli avec force ou délicatesse, dans un rire mais sans autre promesse, quand tant d'autres allaient se figer pour un toujours plus ou moins long dans une glace qui leur apparaissait salutaire mais qui n'était qu'un oubli pour un fantôme de plus.


Les semi-vivants qui courraient encore après les semi-morts pour se prouver qu'eux-mêmes ne l'étaient pas tout à fait, ne recevaient de sa part au mieux qu'un silence poli sur un masque impassible pour cacher le dédain. Elle voyait avec une indifférence de plus en plus marquée les corps chuter autour d'elle tandis qu'elle continuait de marcher, droite, immuable, fermement accrochée dans son présent. Et pour se donner encore la force d'habiter ce vide qui menaçait de l'étouffer et de l'emporter comme les autres, elle n'offrait plus son attention qu'à ceux qui voulaient bien se débattre pour vivre encore. Ainsi, elle se détachait de ceux qui "n'y arrivaient plus" comme on arrache les lambeaux d'une chair morte, comme on coupe un membre pourri d'une gangrène de lassitude... Avec pragmatisme. Les annonces de départ étaient enregistrées comme autant d'informations qui, au mieux la laissaient de marbre, au pire l'agaçaient. Son jugement devenait implacable et froid. Scientifique. Darwinien. Ceux qui lâchaient prise, les faibles qui risquaient de la parasiter, étaient écartés peu à peu d'une main d'acier gantée de soie. Et rien ne la mettait plus en colère que d'entendre un lamentable "J'ai plus envie de vivre" . La sentence tombait dans l'âme de diamant de l'animal artificiel programmée pour l'adaptation : dans ce cas, il ne le mérite pas alors qu'il crève mais sans bruit!
Arrête d'étaler ta misère sur mon comptoir et ôte-toi de mon soleil artificiel. Ici, j'vends du bonheur!..
- Vous devenez cruelle.
Je ne suis pas humaine.
- Vous êtes plus qu'humaine...
Je suis inhumaine?
- Tu es indécente...
Je suis vivante.
- Tu es dure.
Je suis debout.
- Tu as tant de force.
Je n'ai plus de pitié.

.

"A plus tard, ma douce."

"Carpe Diem..."
ou l'épunkerisme.



.
.
.


Spoiler (Afficher)
- "Carpe diem (quam minimum credula postero) : locution latine d'Horace que l'on peut traduire par : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain », maxime d'épicurisme incitant à bien savourer le présent dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître...
- « Ôte-toi de mon Soleil », Diogène de Sinope à Alexandre. Aussi appelé Diogène le Cynique pour ce qu'il était le représentant de cette école de pensée philosophique, matérialiste et jubilatoire.
- "better than life" = BTL (Mieux Que la Vie, en français) : drogue numérique qui utilise le SISA pour immerger son utilisateur dans des scènes de simsens exacerbé. in Shadowrun
L-X~19531 Posté le 10 Mai 2014 à 01:55 #35
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∞ 35. Ego te absolvo... ∞



♪♫ « « Le meilleur moyen de se défaire d'un ennemi, c'est d'en faire un ami. » (Henri IV)

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Ses yeux fixaient la flamme qui de l'or à l'ocre, lentement, virait à l'azur puis à l'indigo, dernière couleur avant l'extinction, dernier éclat avant de mourir. Un adage d'un autre temps disait que pour vaincre un ennemi, il faut lui survivre et un par un, ils s'en étaient allés par delà les porte d'un non-retour presque assuré quand elle ne cessait d'être là. La mort définitive, les glaces éternelles, les murs de la cité : à chacun son "au-delà". Et une par une, elle avait soufflé les flammes mourantes de ceux qu'elle avait par deux fois vaincus pour certains. Ses ennemis d'hier reposaient désormais en image dans son mémorial personnel, mausolée de béton destiné à honorer ses disparus, ses non-vivants, ses fantômes... Les lumières des flammes bleues projetaient leurs ombres, tout ce qui restait d'eux.
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Dawne la première. La "Reine de poussière" lui avait fait connaitre la colère, la peur, la rage, la détresse. Elle avait en elle éveillé la violence et pire que tout, la haine. Le pamphlet brulant qu'elle avait publié contre celle qui pouvait à l'époque la tuer d'une balle et qui ne se gênait pas pour venir le faire de nuit tandis qu'elle dormait, lui avait appris à mépriser la lâcheté des forts et haïr leur orgueil si mal placé. La petite gynoïde, alors encore punkette sans plumes et sans cheveux, avait servi ses mots et ses peintures dans un combat inégale contre la cuve. Et pourtant, ses mots étaient restés au long des ères mais pas l'elfe aux yeux violets qui n'était plus désormais qu'une pâle légende presque oubliée et que seul un vieil elfe désabusé continuait d'aduler à la lumière d'un néon blafard, sous la poussière de ses souvenirs.
"A toi, Aube rouge et sanguinolente, princesse des ruines, « Dame » de fer piquée de rouille,..." j'adresse le salut des vainqueurs, sans arrogance, ni mépris : car à chaque jour qui passe, je me souviens de ce que tu m'as appris et l'écueil de ce que tu devins est une barrière à mon propre orgueil. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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D'un geste lent, ses doigts effleurent les flammes bleues du dernier instant quand ses souvenirs évoquent deux émeraudes reptiliennes qui se posent sur elle et plongent dans son propre regard, exprimant presque la surprise d'une voix sifflante mais qui n'est plus persifleuse. Les aveux, les confidences, les regrets du passé dans l'atmosphère chaude et luxueuse d'un établissement dont le nom engage au présent. Son bar, son présent. Les mots d'un amour déçu se confrontent aux amertumes de l'envie, et la détresse de l'enfant rejetée à ceux d'un pardon tardif mais sincère. Tandis que la première des parques reposait dans la glace, la seconde offrait une reddition de femme épuisée, souffrant de malamour. Bien sur, autant qu'elle l'avait haie, elle l'aima ; et loin de ceux qui se battaient pour la piétiner encore ou pour la retenir malgré elle, la gynoide lui proposa quelques instants de paix. Plus que jamais, carpe diem dans le partage d'un simple verre, dans l'effleurement d'un baiser.

"J'espère avoir votre bravoure au moment de franchir ces portes.
J'aurais aimé trouver le temps d'un dernier au revoir
Pour le savourer comme j'ai aimé tous ces moments partagés dernièrement."

Quand l'outrilienne franchit le pas de son adieu, l'enfant indigo posa une dernière fois ses yeux sur la silhouette souple qui allait rejoindre son enfer vert et lui accorda sans hésiter le salut aux braves. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Alors même qu'elle martelait jusque sur le fronton de son paradis qu'il fallait cueillir le jour, alors même qu'on ne cessait de lui répéter que la recherche du passé était une quête dangereuse et stérile, garder la mémoire des disparus était devenu son quotidien quand chacun de ses fantômes lui laissaient en héritage le souvenir de leur vécu et la chargeaient d'être la vestale de leur apocalypse.
"Paradoxalement, vous êtes tout ce qui me reste, Elix."
L'ironie du sort qui mettait un terme à son destin avait frappé de plein fouet la conscience de la Dame de fer dont les cheveux se teintaient d'argent depuis quelques heures. A l'heure même où la fin du chemin se profilait au sommet d'un mur, elle pressait contre elle l'humanité de celle qu'elle avait tant haïe pour sa froideur et son insensibilité, et ses larmes à peine cachées la laissaient dans un désarroi presque effrayant. Le disque de métal qui, dans sa poche, pesait une tonne de plomb et d'or, lui laissait sur l'âme l'empreinte d'un froid morne et d'un effroi silencieux. L'absence. L'adieu...
Quand la troisième des parques disparut à sa vue, s'élevant vers sa dernière demeure de sentinelle perdue dans le gris du smog, la gynoide eut simplement mal. Et la solitude qu'elle ressentit en cet instant broya son coeur de carbone. Ses larmes furent celles de la tendre machine à l'humaine dont l'histoire qu'elle avait précieusement recueilli se finissait, et qui accordaient le salut de l'âme à celle qui en avait finalement une. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Lui survivre...
Les flammes ne voulaient pas s'éteindre. La braise poursuivait sa calcination et le charbon ardent devenait graphite pour tracer son portrait, encore et encore, à l'infini, pour le rappeler à sa mémoire encore et encore : l'homme qu'elle avait au monde le plus haï, celui qui avait créé le plus de terreur par sa folie et qui avait fini par l'emporter avec lui avant de la laisser en rade avec son espoir et son héritage. Dompter sa terreur, l'apprivoiser et en faire un monstre domestiqué qu'elle avait caressé du bout des doigts jusqu'à l'entendre céder. Jusqu'à lire ses aveux. De lui aussi, elle avait recueilli les confidences post-mortem. Horriblement, le document s'était décrypté "en temps et en heure" et si elle avait lu ces lignes, c'est qu'il était mort, disait le fichier de la vérité crue, sans masque...
Le pire du meilleur et le meilleur du pire, ils se l'étaient livré, l'un à l'autre, l'un après l'autre, et désormais, elle restait seule avec cette éternité inachevée.

"Nous avons passé tant de temps à nous combattre, à nous haïr et nous vouloir du mal. De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas que nos bouches ont franchi et je veux vous embrasser encore et encore jusqu'à bout de souffle... "
Ramenée dans le passé par la pensée, plantée devant ce tunnel de souvenirs qui défilait comme un vieux film, elle revivait à l'infini la dernière scène de leur confrontation et comment, lui aussi, lui déjà, elle avait accompagné vers son dernier voyage "Vale e me ama"...
La lumière disparaissait au loin dans ses souvenirs, comme les flammes qui bientôt lâcheraient leur dernier feu dans un soupir de fumée acre : il ne laisserait derrière lui qu'un smog un peu plus épais à respirer, sans souffle, chargé en cendres funéraires sans matière car il n'y avait pas de corps pour leurs morts. Ego te amo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
.

Je te survis.
Je vous survis.
Je leur survis.
Toujours.
Je demeure, immuable, plantée dans le gris du smog et j'entends leur mémoire qui gémit. Chaque seconde de mon souffle qui perdure, je me maudis de devoir rester là, à les écouter. Chaque aube, je les entends hurler, chaque seconde, je souffre leur absence. Les âmes de mes ennemis me hantent par l'amour que je leur voue et c'est de ces cendres froides que je recouvrirai la poussière d'un monolithe de sable...

Je serai Miséricorde et telle cette lame, j'irai remuer dans la plaie du souvenir qui voudrait s'éteindre, dans la mémoire qu'on voudra effacer, dans les réminiscences qu'on voudra chasser.
A mes ennemis, j'adresse mon dernier salut et devant eux, je m'incline. Ego te absolvo et miserere tuam memoria.
A jamais, prisonnière de ma victoire et de ma revanche.

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« Notre vengeance sera le pardon. » (Tomas Borge)


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Spoiler (Afficher)
J'aurais pu citer aussi Xin avec qui la relation oscilla longtemps entre ennemie et "amie", relation aussi tordue que le personnage, mais l'hommage viendra sans doute en son temps. J'aurais aussi pu citer Andraste qui, de la même façon, entretint avec ma gynoïde, une relation particulière.
Et j'en profite pour saluer, moi, la joueuse, les joueurs derrière Elea, Shivah, Andraste, Xin et plus loin Sodom et autrefois Dawne qui, si elle lit ces lignes, aura peut-être reconnu le clin d'oeil du "Miserere".
Pour l'affreux qui laissa ma belle en rade, je te déteste, tu le sais bien.
..
- "Ego te absolvo" : (je vous absous/je vous pardonne) : par ces mots, à la fin de l'acte de contrition et de la confession, le prêtre accorde l'absolution, la rémission des péchés.
- "A toi, Aube rouge et sanguinolente, princesse des ruines, « Dame » de fer piquée de rouille..." : [art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=1481]Dawne, l'aube amère[/art]

L-X~19531 Posté le 14 Juin 2014 à 15:59 #36
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∞ 36. Audaces fortuna juvat ∞

1- Petit Roque



♪♫ « La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. » (Confucius)
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..........

Les portes s'ouvrent sur le sourire d'une douce nobilis.
A pas lents, elle s'avançe vers le cœur d'une arène impériale civilisée où les doux fauves qui aiguisaient leurs tendres griffes l'attendent, pour la deuxième fois.
Les grondements seraient des sourires et les attaques se loveraient dans la soie des mots...
Remontant le long couloir, elle ferme à demi les yeux et prend son inspiration


Cirius! "Je ne t'ai jamais prié de toute ma vie, je n'ai jamais su le faire..."

L'alignement parfait dans un dégradé de ton allant de l'or au plomb, survolant l'émeraude et le brun... C'est ainsi que lui apparaissent ses contradicteurs et partenaires. Toute à sa concentration, elle les détaille, se refusant à les négliger car elle s'engage dans un cinq contre un qui va demander une balance parfaite. La Moïra se joue dans un art qu'elle a pratiqué depuis si longtemps qu'elle s'y adonne en aveugle parfois. Mais pas là. S'interdisant de les déconsidérer, au contraire, elle s'oblige à estimer tout adversaire au-delà de sa mesure afin d'anticiper la surprise. Et là, le hasard n'aura pas sa place. Seule l'audace et la maitrise seront de mise, en harmonie...
Levée de lame à l'âme, le salut avant l'entame...

- Salve, Alte Nobilis

La reprise se raccorde à la précédente, comme une suite presque timide. Les visages sont les mêmes, le pas est différent. Il faut s'adapter. Assurance et humilité. Moins de force. L'échange s'effleure, se lisse, en douceur et en faveur. Laissant venir, elle se déroberait presque, en garde. La première passe, cordiale, devancée avec grâce et l'enchainement se fait à contrepied. La meneuse aime à briser le rythme, elle s'y accorde. Du tac au tac. En banderole puis en feinte.
Donc si je vous demande un avis critique sur les réformes du Codes économique...?
Un sourire en balayage pour d'un pas chasser la faiblesse. Exposer son sein pour dissimuler son flanc.
- Je .. m'y pencherai en essayant d'avoir un avis critique, constructif, pas trop débile.
Ne rien comprendre aux chiffres quand c'est ce qui ordonne à sa pensée et que son être n'est qu'une série de codes semble tellement aberrant qu'elle préfère le tourner en dérision, pour plaisanter en face du danger dans une suprême politesse...
- Mais j'essaierai surtout de ne pas dire de bêtise ...
... et conclure sans laisser de choix, en dégagement.
- ... et souvent, les plus sages dans ceux qui n'ont rien à dire, sont ceux qui se taisent.

Enchaine donc derrière, avec sagesse! Et l'or qui se veut d'attaque vient chercher sa réserve. A peine moucheté, le fleuret qui n'effleure plus et croit attaquer l'ego quand il ne touche qu'une parade déjà prête depuis l'ouverture : l'humilité. Ah suprême arme robotique servie depuis son premier mot! Elle n'a pas d'égo. Son orgueil se situe bien au-dessus. Bien sur qu'elle vivrait mal de se voir refuser ce qu'elle est venu cueillir comme un jour, un second échec serait à considérer, etc.. la formulation est servie comme un macaron délicieux et doré à point.
Presque trop facile.
Sauf qu'à trop avancer, elle trébuche, distraite par des perturbations parasites et des attaques simultanées. Traitement de l'information qui se croise et se décroise. Répondre, raccorder. Redoublement : Oui pour la dame, oui pour le monsieur, et la demoiselle, elle veut quoi? Elle passe à l'offensive, des deux fers, et la main gauche est sournoise.

Quelles étaient les raisons qui ont motivé votre trahison envers l'Empire?

Certes, elle attendait la question, à l'évidence, mais le mot est cru, la lame s'enfonce, et la porteuse du coup inattendue. Qu'à cela ne tienne. La parade est prête surtout que les assaillants se dédoublent pour fondre dans l'ouverture. Elles enchainent, les garces, fouettant et développant dans l'assaut direct. Mais sa technique est sure : offrir la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, madame le juge. Car c'est l'arme qui ne trahit jamais. Il faut seulement savoir la servir, franche, en flèche et en fente, en septime et en quarte.
- ... j'ai commis une erreur... acte de dissidence caractérisé... soir de colère... oligarchie... impérialiste... Humanité... Aujourd'hui, reconstruction.

Cette fois, le pas est sur. On lui a servi l'ouverture, elle s'y engouffre, avec fougue. Pas de retraite, à peine des retours en garde. En Quarte et en tierce, passe avant, passe arrière pour revenir et livrer la fente.
- L'Empire ne doit pas être démocratique. Sinon, il perd son sens premier : la méritocratie.

Elle a du souffle encore et peut faire face, sans mal, à un nouvel assaut de l'elfe d'or qui lui livre les pièges attendus, en parfaite ouverture. Là encore, la vérité sera parade. Ne pas mentir pour ne pas être prise en défaut.
- Non, lady. Je n'ai pas participé aux assauts avec les rebelles. Jamais.

... et s'offrir même une pique pour riposte à la blessure d'entrée, venue de loin, avec l'assurance d'un combat désormais maitrisé et un sourire soyeux à celle qui recule en supination.
- ... surtout quand ils venaient le tuer, lui...

... et à la fin de l'envoi, je touche!
Les regards, elle les affronte, autant que les questions. La danse est menée. Elle sourit désormais sans masque, sans fard. D'estoc et de taille, plus d'esquive, elle délivre et avance. Aut agere aut mori. Oui elle marche sur le monde, elle y danse même, avec grâce, les pieds nus sur le fil... La Moïra en médiane parfaite se redresse pour la dernière marche.


- Il parait que c'est à la façon dont il se relève qu'on juge un impérialiste. Je me suis levée, une première fois. Je suis lourdement tombée. Certains diront que je me suis jetée d'en haut toute seule. Mais aujourd'hui, à nouveau, je me tiens debout, devant vous, prête à servir l'Empire avec une force et une volonté trempée, plus que jamais.

"... Et si tu ne veux pas m'entendre, que les démons t'emportent !"


Un dernier salut face à l'antagoniste, puis à l'assistance.
Un baiser à l'âme de la lame mille fois trempée, elle aussi.
Les murmures font se froisser l'air et ses fantômes lui sourient.
Il est temps de se retirer : la pièce est jouée.

....
..........

[5/243.4 à 00:07] Le Tribunal Impérial a rendu sa décision : L-X obtient la Noblesse.

..............
« N'abandonnez jamais, jamais, jamais, jamais! » (W. Churchill)

....
..........

Spoiler (Afficher)
- "Audaces fortuna juvat" ("la Fortune -la chance- sourit aux audacieux"), Virgile l’Énéide (X, 284).
- "[Crom] ! Je ne t'ai jamais prié de toute ma vie, je n'ai jamais su le faire. Personne, pas même toi ne se souviendra si nous étions des hommes bons ou mauvais. Pourquoi nous nous sommes battus et pourquoi nous sommes morts. Non, ce qui compte c'est que deux hommes se sont dressés contre beaucoup d'autres. Voilà ce qui est important. Tu aimes la vaillance Crom, alors réponds à ma prière, accorde-moi la vengeance ! Et si tu ne veux pas m'entendre, que les démons t'emportent ! " (Conan le barbare, (J. Milius, 1982) classique devant l'éternel!
- "Plaisanter en face du danger c'est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique", Edmond Rostand in Discours de réception à l'Académie française
- "... et à la fin de l'envoi, je touche!" (Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac (acte I sc.4)
"Et je tire mon espadon ; Elégant comme Céladon, Agile comme Scaramouche, Je vous préviens, cher Mirmydon, Qu'à la fin de l'envoi je touche !
- Aut agere aut mori ("Agir ou mourir"). référence à ce cher Stilicon bien sur, et comme pour 'Acta fabula est', titre de deux de ses articles eDC.
- "c'est à la façon dont il se relève qu'on juge un impérialiste" : Elea Marsarra !
- "La pièce est jouée ("acta fabula est") : annonçait, dans les théâtres romains antiques, la fin de la représentation et le moment pour le public de se retirer.
..............
- je me suis livrée à un exercice de style, le premier de deux, en utilisant le champ sémantique de l'escrime pour celui-ci. J'espère que ce ne fut pas trop lourd surtout en évitant de trop délivrer la teneur de l'oral tout en gardant l'article un minimum compréhensible.
Et comme toujours, ce récit n'est jamais qu'une vision d'une scène, passée par le prisme du regard d'Elix, subjectif pour le moins, et alimenté par ses défauts et ses qualités.
- Merci à mes "adversaires" et partenaires pour cette deuxième passe d'arme consécutive : [edc]Manerina[/edc], [edc]Ella[/edc], [edc]Astaa[/edc], [edc]Swan [/edc]et même le mâle égaré là, dans cette deuxième joute, [edc]Saurus[/edc].
L-X~19531 Posté le 28 Janvier 2015 à 05:32 #37
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∞ 37. Sub Rosa ∞



♪♫ « L'essentiel, nous ne savons pas le prévoir.
Chacun de nous a connu les joies les plus chaudes là où rien ne les promettait.
Elles nous ont laissé une telle nostalgie que nous regrettons jusqu'à nos misères,
si nos misères les ont permises. »
(Saint-Exupéry)

......
.......

Dans le grand bâtiment désert, une lumière s'allume puis une autre.
Un geste naturel pour replacer un fauteuil, ajuster un coussin, enlever une poussière dans un coin... Et puis, le juke-box s'illumine au milieu de ces nouvelles toiles multicolores. Voilà que sorti d'un passé remisé au fond d'un verre, sous une brume scintillante, son rêve doucement reprend vie, esquissant son sourire comme on ouvre une boite à musique. "Dream a little dream of me...".
Carpe Diem. Son rêve, son oeuvre, son cadeau au smog, un coeur palpitant et joyeux au milieu du gris au temps où le sien s'était mis en panne ; veuve sans mariage, divorcée par l'évidence, si seule malgré les soupirs volés tristement, au fond d'une mélancolie qui l'étreint plus fort que les bras pourtant chaleureux ou brulants qui se tendent pour la serrer. Ici, elle s'était oubliée dans son travail, ici elle reconstruisait sa vie, celle de demain, celle sans lui, sans rien. Sur un rythme tranquille, les étapes s'étaient succédées quand le boulot l'enchainait, acharnée, sur un nuage trop rose. Les jours passaient et se laissaient cueillir, vite. Car au fond, c'est bien tout ce qu'elle demandait au temps pour une fois : qu'il passe vite, qu'il l'engloutisse pour les années à venir à attendre dans une incertitude à 98,98%.
Attendre, trouver de nouvelles habitudes pour habiter le vide et faire taire le silence...


Comme chaque soir, vers 19h. La porte s'ouvre sur le smog et la nuit, et il entre, le type en costume, plein d'assurance, au sourire si charmeur qu'il en devient agaçant, à la voix à la fois si rauque et si douce qu'elle se confond au velours du blues ambiant. D'un pas tranquille, il vient s'installer à SA table, posant son deck, après avoir replacé d'un geste machinal le couvert pourtant impeccable. Comme chaque soir, il attend qu'elle vienne lui annoncer le menu, ces plats aux saveurs poétiques qu'elle se prend à composer, à créer comme de nouvelles toiles, en partie pour lui. Surtout pour lui.
"Bonsoir Monsieur Hamilton..."
Le regard s'attarde, le sourire s'accroche.
"Partagez mon repas, s'il vous plait...".
Elle veut lui dire non, l'envoyer promener lui qui lui semble un dragueur d'opérette... Au comptoir Nessa lui adresse un clin d'oeil et l'encourage lui indiquant qu'elle va gérer. Et avant qu'elle ait répondu, elle se retrouve assise à ses côtés, ligotée par un charme insupportable, attachée par une musique qui fait disparaitre le monde, prisonnière d'une envie qui s'éveille et proteste sous la chape de plomb qu'elle a coulé sur son âme en charpie : une putain d'envie de vivre... Il lui parle de sa fille, de son passé, de ses projets. Entre deux jours et entre deux verres, ils se racontent l'un à l'autre, se confient. Peu à peu, le masque impeccable du beau gosse laisse tendrement transpirer ses fragilités : l'ambition certaine du surdoué qui n'est qu'un bouclier à sa crainte d'échouer, intolérable. La provocation arrogante qui n'est qu'un rempart à sa peur, ancrée, honteuse, de subir la mort -cynique crainte, a postériori. La séduction volage pour ne pas être abandonné. Le charme ravageur presque agressif pour dissimuler à quel point il est intimidé par elle, à quel point l'homme au physique trentenaire cache le jeune garçon qui la dévore des yeux plein d'adoration... Elle se découvre dans son regard, comme elle ne se croyait pas, ou plus, et entre deux effleurements, deux clins d'oeil, le charme opère.
Les repas deviennent rendez-vous. Ils prennent leur temps. Il a des amantes, elle a un couple, même s'il vacille. Ils n'osent pas mais se cherchent. Ils se retiennent mais se veulent.
Et un soir, se trouvent...
"Ce n'est qu'une parenthèse, n'est-ce pas?"
"Qu'en penses-tu, monsieur Hamilton?"
"Ne la ferme pas trop vite, s'il te plait..."

Merveilleuse parenthèse qu'ils font mine, plusieurs fois, de refermer car ce n'est que cela, n'est-ce pas? Une simple parenthèse...
Mais ils se prennent à l'abriter dans une maison, puis une autre. De nouvelles toiles s'accrochent alors que leurs vies se déroulent, côte à côte, jour après jours qu'ils cueillent ensemble. Il n'y aura pas de mariage, pas d'union, pas de serments mais au-delà des drames et des cris qui parfois les séparent, la phrase reste en suspend, se refuse à la fin. Elle le voit s'élever et le porte, lui révèle son héritage, abrite ses doutes et les trahisons qui le révoltent. A ses côtés, elle reprend la guerre et dans son ombre, la politique. Il se hisse et fait des jaloux, incompris, trop vainqueur, autoritaire, trop brillant, détestable... Leur parenthèse s'effrite. L'homme est devenu son égal et l'affirme. L'amour a remplacé l'adoration. La complicité s'instaure mais en ombre. L'histoire est belle mais se fendille. Alors que les victoires devraient les porter l'un l'autre, elle les sépare... La vie se pare de noir ou de carmin, de sang et de colère, au milieu du rose.

Et puis, dans l'or d'une nouvelle collection qui s'étale, un autre visage, un autre conquérant, trop sur de lui, cachant sous son arrogance un autre rêve d'enfant enlève le rose au cadre de leur histoire.
"J'ai besoin d'une pause. J'ai besoin de..."
" ) "
......
.......

D'une main inconsciente, elle rapproche un tabouret de ce nouveau comptoir si semblable à l'ancien.
Il avait fallu fermer pour 1001 raisons... Fermer oui, mais pas détruire. Et si la réalisation avait pris plus de temps que prévu, de nouveaux tableaux avaient été accrochés, les lumières avaient fini par se rallumer au Carpe Diem, offerts aux habitants de l'Empire, à leurs promenades, leurs pauses, leurs chuchotements et leurs rires. Offert pour que le rêve ne meurt pas tout à fait. Pour que la fermeture ne soit pas définitive... Pour que ses fantômes ne s'envolent pas tout à fait.

Quelques pas à droite, un à gauche, elle ferme les yeux, se prend à se balancer doucement...


Le bâtiment est vide, quelques lumières encore ici et là... C'était le dernier soir, le dernier rappel et les derniers clients qui viennent de partir. Le Carpe Diem est fermé pour qu'elle puisse s'envoler, sic itur ad astra.
Elle est seule, plantée dans ce décor de rêve, son rêve qui s'éteint comme cette bougie dont la flamme vient de mourir près d'un verre encore à moitié plein. Elle ferme les yeux pour effacer le vide...
"Pardonne-moi, je suis en retard..."
Sur sa nuque, un baiser à peine effleuré. Quelque notes de musique, la trompette déroule sa magie... Naturellement, avec cette douce autorité qui l'avait conquise autrefois, il prend sa main et ceint sa taille de l'autre. Leurs pas se mêlent, s'accordent. Leurs corps s'harmonisent, une dernière fois. Leurs yeux se ferment, leurs joues se frôlent et sur leur visage nait un sourire... un si beau sourire...

Une dernière parenthèse.
A jamais refermée.

... d'une balle en pleine tête.

"Hold me close and hold me fast
The magic spell you cast
This is la vie en rose
When you kiss me heaven sighs
And tho I close my eyes
I see la vie en rose.

When you press me to your heart
I'm in a world apart
A world where roses bloom
And when you speak, angels sing from above
Everyday words seem to turn into love songs
Give your heart and soul to me
And life will always be la vie en rose."

......
.......


Spoiler (Afficher)
• Antoine de Saint-Exupéry Terre des hommes (1938)
Après six mois de pause, inspirée par d'autres auteurs du retard et de la mélancolie ou de la nostalgie, je m'y rejette à mon tour. J'espère rattraper toutes ces années pour elle, ces mois pour moi, si le souffle est de retour...
• Ce texte est bien sur un hommage à [edc]Scout[/edc].

• Pour illustrer d'images : Collection Mort'gane

L-X~19531 Posté le 06 Avril 2015 à 23:32 #38
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∞ 38. In Memoriam ∞




♪♫ « Mais moi qui suis pauvre, je n'ai que mes rêves.
J'ai répandu mes songes sous tes pas,
Marche doucement car tu marches sur mes rêves. »
(W. B. Yeats)

......
.......

"Marchons doucement, Elix... car on marche sur nos rêves" lui disait l'homme qui marchait sur le monde et dans l'ombre duquel elle avançait encore pour mieux le rejoindre, cette fois sans retour. Que lui dirait-elle, quand dans un dernier souffle, elle retrouverait le même ciel que lui, loin du monde dont ils avaient rêvé? Ils n'ont pas marché dessus, si tu savais... ils les ont écrasés, piétinés. Ils me les ont jetés à la gueule, sans même y jeter un oeil et ne m'ont laissé aucune chance : vaincue avant même d'entrer dans l'arène, sans livrer de combat. Nous ne sommes que de la chair brisée par les rêves, disais-tu? Ma chair écorchée suinte encore de la douleur des pierres qu'ils m'ont jetées, eux, comme s'ils n'avaient jamais péché. J'ai essayé d'aller au-delà, de voir plus grand, d'élever l'Humanité. Pro Imperium pro Humanitatis. J'ai essayé, j'en ai rêvé, tellement...

Le sas de contrôle des grandes portes sud se refermait dans un bruit étouffé tandis qu'elle se faufilait vers le cauchemar de nuit et d'émeraude, de moisissure et de cris qui forgeaient le paysage de son futur, suivie de près par des ombres et des fantômes, des souvenirs défunts d'un autre temps et le pas étouffé des morts-marcheurs. Le sol spongieux accueillait leurs pieds attentifs. Oui, ils marchaient doucement, car ils marchaient sur la mort.

Rester, recommencer... pourquoi? C'est trop tard. Je ne suis plus rien et mes rêves sont détruits, cassés comme des jouets abandonnés à des enfants envieux qui n'ont même pas pris la peine d'ouvrir la boite pour regarder le trésor qu'elle contenait. J'ai vu trop grand, trop beau? Ou simplement, j'ai vu différemment. "J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire"... J'ai rêvé comme rêve un androïde, cherchant la perfection, sans prendre en compte l'échec possible, sans envisager l'improbable, négligeant le facteur chaos : que les humains ne veuillent pas de mes rêves... Vae victis. Quelle arrogance, quelle soufflet qui ramène à la réalité froide, sale, grise : le sol de béton mouillé d'une pluie acide sur lequel elle vient de s'écraser la gueule la première. Le plus dur, c'était pas la chute, comme toujours, c'est l'atterrissage.

Alors qu'elle franchit une arche naturelle, sur laquelle court un reptile aux yeux jaunes, elle libère un souffle crispé, apaisant les palpitations qui tambourinent dans sa poitrine, évitant l'ornière dans le sol. Le moindre faux-pas devient réellement mortel...
La chute avait été brutale, inattendue, et pourtant, son blond lui avait annoncé, prophétique, il y a bien longtemps...
"Un jour tu tomberas sur un gars qui ruinera des tapisseries avec ta cervelle et pas la sienne. Et là ça va s'agiter en ville. Comme une toile d'araignée, tu ne peux plus secouer un point sans agiter toute la structure.". Quelle ironie quand on sait les calomnies les plus folles qui l'avaient salie, les rumeurs sordides et hallucinantes qui couraient à son sujet et les fantasmes conspirationnistes qui avaient nourri la haine à son égard. La rançon du succès, sans doute, qui transforme l'héroïne à la gloire trop brillante en monstre à honnir et à balancer de son piédestal pour en faire un marche-pied. Descendre la cible et se sentir un héros... C'est ce qu'avait du ressentir Folorion autrefois : la satisfaction d'avoir accompli un acte salutaire pour le monde, aveuglé par le devoir quand ce n'était que mensonge. Nous ne sommes que des pantins reproduisant en tout petit des gestes insensés pour donner du sens à nos propres folies dans ce nouveau monde étriqué. Quelle ironie oui. La politesse du désespoir disait l'autre, après avoir appuyé sur son petit bouton...

Las... Inspirant profondément, sa poitrine enfin libérée de ce carcan d'illusions perdues et d'actes manqués, elle laissait tout cela derrière elle, tournant le dos cette fois, sans crainte qu'on y balance crachats ou poignards. Les peureux qui jouaient à la mort et ne se trouvaient même pas le courage pour l'insulter sans le couvert de l'anonymat ou de prête-nom d'idiote ne se risqueraient pas à la suivre là où elle se rendait, et resteraient à se batailler leurs crottes de nez dans leur cage de béton.

Un pas après l'autre, comme autrefois, elle reprenait pied dans cette jungle sauvage et meurtrière, ses objectifs en tête, jetant un regard à celui qui l'accompagnait pour son dernier voyage.
A toi, mon cyber-chevalier, mon prince des ruines, j'avais promis de te montrer que l'Humanité méritait encore d'être sauvée, je t'avais juré qu'elle était encore belle et qu'elle pourrait devenir merveilleuse, s'élever au-dessus de l'ordinaire... Tu avais tout quitté, tout lâché de tes propres ambitions pour servir mes rêves, et je t'ai menti, je me suis trompée. Ce fut mon erreur, car elle est humaine et que je suis plus qu'humaine. Tu es le seul à qui je dois demander pardon mais ta simple présence à mes côtés, "à jamais", est la preuve que tu m'as pardonnée. Ceux là ne savent rien de la fidélité, empêtrés qu'il sont dans leurs considérations bassement charnelles quand un corps met deux heures à se fabriquer ; ils confondent possession, exclusivité et la foi que l'on peut avoir en l'autre. Tu pouvais bien baiser toutes les radasses de cette ville corrompue aux 1001 éclats artificiels, c'est à moi que tu as offert le reste de ton âme et la fin de ta vie. Et moi de même...
Le dernier homme de sa vie l'accompagnait dans ce périple vers la fin. Elle l'avait retenu de chercher la mort trop longtemps, lui avait donné sa parole que, quand elle aurait achevé sa tâche, ils partiraient ensemble et le temps était venu.
Reprendre la marche vers un horizon qui toucherait à une fin, quelle qu'elle soit.
Elle tiendrait au moins cette promesse là.

Dans le lointain, un hurlement déchirait les dernières heures de la nuit. Devant, derrière? Elle n'aurait su dire s'il s'agissait d'un cri d'effroi ou de menace. Le sol semblait trembler. Les chuintements aux consonances végétales se confondaient aux bruissements de la menace animale qui semblait parfois rôder dans leur sillage... et puis le calme revint, la laissant replonger en elle.

Les heures qui avaient précédé le départ s'étaient faites à la fois interminables et trop courtes alors qu'elle s'adonnait à un pèlerinage mnémonique. Les visages, les voix, les effleurements des êtres qui avaient partagé sa vie, de près ou de loin, dans des soupirs et des larmes, entre étreintes et déchirures...
"Ma vie est un roman d'amours... En plusieurs tomes, multiples chapitres. Des poèmes et des tragédies. Ou juste aussi, des épisodes crus ou sordides, tristes ou simples."
Mon animal blessé à la folie destructrice... Mon blond cyborg, mon autre, mon âme soeur... Mon ptit prince au sourire triste entre ombre et pluie. Mon petit soleil trop vite éteint. Ma précieuse. Mon pilier de fourrure, roc si fragile... Et toi, Maman, tu étais si belle, si forte, si sanglante, si rebelle... Vous étiez les premiers sourires et soupirs entremêlés de larmes qui se noyaient de skiwi de la gynoïde candide qui perdait ses illusions et nourrissait ses premiers rêves.

Mais aussi, ma tendre soeur si parfaitement pleine de défauts. Mon balafré à la passion démente. Mon doux géant. Mon lord, que la nuit vous soit douce sans moi et sans escaliers vers notre paradis...
Et puis, mon roi, Arcanta, mon bel amour qui arpentait le monde avec cette distance d'intouchable pourtant si tactile, mon seul époux, mon univers durant 15 ans. Avec toi j'ai passé les tempêtes et j'ai vaincu la mort, j'ai combattu, plongé, chuté et remonté, te trouvant toujours là, immuable, immortel... Notre histoire fut parfaite.

Machinalement, elle ne put s'empêcher de regarder quelque part à ses côtés, avant de tourner son regard vers l'avant qui peut-être cacherait d'autres souvenirs à rattraper.
Je t'ai vu sourire et entendu crier, toi, l'homme qui marchait sur le monde et se réfugiait dans mes nuits secrètes, avant que l'Histoire ne se dérobe sous tes pieds... Nous nous serons manqués oui, dans cette vie là. Celle où j'ai cru en une chimère aux yeux d'argent, une belle d'âme insaisissable, une histoire irréelle comme un baiser soufflé, glaciale et brulant. Je lui ai préféré entre tourmente et absence, ma merveilleuse, ma blonde, ma femme, alors pleine de passion et de fougue, de rage de vivre et de volonté trempée. Je te laisse à ce monde en t'attendant dans le mien. Un jour, je sais que tes pas te ramèneront dans les empreintes que je laisse...
Vous êtes tous mes trésors enfouis, mes marques et mes repère et à chacun revient une part de moi, gravée dans ma peau. A mesure que la femme devenait, vous la forgiez de vos baisers, de vos murmures ou de vos coups rageurs. Vous en faisiez ce que suis, pour le meilleur ou pour le pire. Vous m'avez rendue forte, et aidée à passer de la punkette à plumes à la guerrière prétorienne, celle qui connut sa première chute, ma seule fuite... dans laquelle vous m'avez presque tous suivis ou précédés jusqu'à ce chemin que j'emprunte aujourd'hui.
P'pa... Je n'ai pas eu le courage de te dire adieu. Pardonne au monde de n'être pas à notre hauteur. Tes rêves sont fous et seuls les plus fous pourraient les comprendre.

Un sourire se dessine, mélancolique, ourlant les lèvres bleues derrière le masque de sa combinaison protectrice, dernier présent de son blond génie alors qu'elle avance dans les ruines d'une cité morte, abandonnée aux forces naturelles et sur-naturelles de cette planète, attentive toutefois aux dangers qui peuvent surgir, de partout et nulle part, de toutes les tailles et sous toutes les formes. Ici, plus que jamais, "le corps, c'est de la viande".
"Protège ton coeur, le monde prendra le corps", m'avait dit celui dont je porte l'initiale. Mais ça n'a jamais été aussi froid, aussi simple, aussi détaché, non... Faire l'amour c'est bien ce que je faisais. Je "fais" l'amour. Je suis l'amour que je vous donne et mon corps est mon vecteur. Mon plaisir, c'est ma déclaration, mon orgasme c'est le partage de mon être... et votre orgasme, c'est le présent que je vous fais. C'est ma façon de communiquer, de communier. Je donne, je me donne. Et je vous prends. Quand vous êtes en moi, vous êtes "en moi". Et quand mes lèvres vous embrassaient, vous marquiez votre souffle sur le mien. C'est avec cette respiration que je pars. Pour toujours. Moi, le robot...
Les drames avaient émaillé cette vie, cette existence passée à apprendre des hommes pour s'approcher de leur perfection imparfaite, cette vie vécue de leurs pires bassesses à leurs plus grandes gloires, de leurs sublime beauté à leurs pires mesquineries. Ainsi, vaincue, arrivée au terme de cette grande vie alors qu'il m'a semblé en vivre cent, je vais pouvoir me délivrer de cette mission accomplie pour laquelle j'ai tant vécu.

A travers la canopée qui vibre et les guette comme les proies qu'ils sont, une pâle lumière perce et vient effleuré d'un rayon encore laiteux quelques fongi qui semblent les observer... Son ventre se contracte et immanquablement son esprits repart en arrière quand bien même ses pas la font aller de l'avant.
Mon amour fou, ma déraison, vous pourrez encore me haïr de toute votre âme et m'attendre à votre tour si vous en avez la force. Je ne vous aurais cette fois fait aucune promesse... Oui, je vous abandonne et ne vous offre rien en échange de cette dernière raison de me détester plus que jamais dans votre chair comme j'ai marqué la mienne de votre empreinte. Je garde mon nom pour l'arborer comme seule écharpe au moment de ma mort. Je serai Moïra, et tu seras Mordekhaï... ad vitam. Fermez les yeux... je serais toujours quelque part, dans votre smog...
L'espace d'un instant, sa vue se brouille et son regard se pare d'une brume trop humide. Une seconde qui s'éternise comme une hésitation, un doute qui pourrait la tenailler s'il était un espoir. Mais celui-là mourrut il y a 15 ans. Il est temps de franchir le pas. A chacun son tunnel... Le souffle se libère et le voyage dans les méandres de ses souvenirs sillonne un autre chemin de coeur et de douleurs.
Ma sombre plume, ma dame oiselle, toi qui m’accueillit et me prévint d'une chute après cette mort intérieure, le sourire que tu m'as gardé m'a empêchée de sombrer dans une démence plus noire que ton duvet... Et lors que je me décidai à vivre et cueillir chaque jour, tu vins, Monsieur Hamilton et notre vie en rose, une danse merveilleuse, une infinie parenthèse...
Mes amours secrètes et mes passions charnelles resteront mes mirages, mes étreintes brulantes et mes sanglots prendront la sage patine du temps. Il me laisseront un sourire tendre lorsque je regarderai de loin cette vie au fil infini et je n'aurais peut-être que le regrets de ne pas avoir souscrit pleinement à l'amour supérieur qu'il me fut donné d'effleurer quelques heures seulement avec cette fille à la violence sauvage et à la peau aussi bleue que la mienne, partageant mes gènes, les siens, trop vite arrachée. Ma fille, mes filles... la superbe, la pétillante, la flamboyante... Trop sage, trop caractérielle, trop superficielle. Vous m'étiez si étrangères et si proches, si parfaites et si terrifiantes. Je n'ai jamais pu franchir cette barrière, préférant rester de glace, de marbre, de feu. J'emporte avec moi ce que je n'ai pu vous donner, ne vous laissant que quelques lettres à accrocher à votre vie, maigre héritage de ce que fut la mienne où je fus tout à la fois idéaliste rebelle, artiste, journaliste, guerrière, aventurière, biologiste, exploratrice du sauvage et du virtuel, amoureuse, femme, chercheuse, impérialiste, gardienne du savoir et de l'Empire, pourvoyeuse de rêves et de macarons, peintre, lady, ambassadrice, déchue et feydit...
Je n'ai pas bien gardé mon coeur, Ahambar. Il s'est épuisé, tari et asséché, et c'est l'âme trop pleine et le corps vide que je reviens.


Elle revenait oui vers l'inconnu, vers l'origine d'une certaine façon, livrant ses apprentissages et ses facettes, prête à rendre les couleurs dans cette univers luxuriant et intense, cherchant à se confronter à la dernière épreuve : ne pas mourir pour mieux vivre ses dernières minutes et sentir enfin hurler d'adrénaline ce corps devenu silencieux...
Ce corps pourtant si précieux, cet héritage qu'il m'a fallu tant de temps à faire mien ; ironique encore, quand le descendant du 'régicide' quitte la cité des mensonges avec le corps de Sa bien-aimée, non?
Finalement, les êtres et les choses en sont bien peu. Les héritages que nous portons, ces noms, ces histoires du passé dont nous nous parons parfois pour justifier ou revendiquer des existences qui ne sont pas les nôtres deviennent si lourds que c'est nos vies qui perdent leur sens.
La mémoire du sang à laquelle tu crois tant, Ahambar et que j'ai cherché longtemps à décrypter, croyant y trouver le nombre d'or.
Moi la première, comment n'aurais-je pas pu y céder? Réincarnation de la tant aimée Myra au sens propre du terme et dont l'âme est le palimpseste digitale de celle d'une inconnue, portant en prénom le patronyme d'un fou au génie démentiel, celui de mon "père" que tu étais un peu aussi, toi, le légendaire 42?
Longtemps, je trainai ce manteau d'héritage trop lourd pour mes épaules, femme piège ou fatale, avec dans les gènes un destin imparable qui m'a donné le nom que j'ai choisi de porter, héritière des mythes d'autrefois, fille des légendes de ce siècle, aimée des plus grands et des héros, détruite par un faux-semblant qui se croit et par des chimères ordinaires... La moïra avait tracé une voie d'équilibre pour une virtuose, un fil suspendu dans la tempête qui s'achevait à l'aveugle.
Il fallait bien que la mécanique s'enraye un jour, car le charme était trop beau et je ne suis qu'une poupée de sang, aux rêves artificiels et aux souvenirs volés.

"Tout ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie...
Il est temps de mourir"


Derrière eux, les murs de la cité des mensonges ont disparus.
Ici, il n'y a plus de smog, plus de machine, plus de sanglots.
Il ne reste que la vérité d'une vie qui s'achève, dans la lumière d'or et d'émeraude d'un dernier jour qui se lève, au point 42-43, quand le signal de l'identifiant 19531 émet son dernier cri...
Puis vient le silence.
Enfin.

......
..
.
...

In memoriam,
ad æternam

______________________________

Part 1 - OVERTURE
Aping my soul
You stole my overture
Trapped in god's program
Oh I can't escape
Who are we ? Where are we ? When are we ?
Why are we ? Who are we ? Where are we ?
Why, why, why ?
I can't forgive you
And I can't forget
Who are we ? Where are we ? When are we ?
Why are we in here ?


Part 2 - CROSS-POLLINATION
Rise above the crowds
And wade through toxic clouds
Breach the outer sphere
The edge of all our fears
Rest with you
We are counting on you
It's up to you

Spread, our codes to the stars
You must rescue us all
Spread our codes to the stars
You must rescue us all
Tell us, tell us your final wish ?
Now we know you can never return
Tell us, tell us your final wish ?
We will tell it to the world


Part 3 - REDEMPTION
Let's start over again
Why can't we start it over again
Just let us start it over again
And we'll be good
This time we'll get it, we'll get it right
It's our last chance to forgive ourselves



......
.......

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......
.......

Spoiler (Afficher)
• "He wishes for the cloths of heaven"(W. B. Yeats)
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.

Je ne pouvais pas résister à l'idée du face à face Lance-Stilicon... citant ces vers...

Blade Runner, Ridley Scott. «J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie... Il est temps de mourir. » ("All those moments will be lost in time like tears in rain. Time to die...")
• "J'ai rêvé comme rêve un androïde" : "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" écrit par Philip K. Dick, qui inspira justement le scénario de Blade Runner.
• "Le plus dur, c'est pas la chute..." ext de La haine (Mathieu Kassovitz) et citation de Kambei.
• "Le corps, c'est de la viande" (Gibson) Neuromanciens
• Moïra : parce que le nom n'avait pas été choisi par hasard... signifiant à la fois «destin», «part», «portion» ou «lot». Cette pluralité d'acceptions traduit la conception grecque du destin. La Moïra est la loi de partition qui impose à chacun une part de bien et de mal, de fortune et d'infortune, de bonheur et de malheur, de vie et de mort, qu'il est du devoir de l'individu de respecter. Transgresser la mesure assignée par le destin est commettre l'hybris, faute fondamentale sanctionnée par la «Némésis» ou le châtiment des Dieux. (wikipedia est mon ami).
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Comme vous l'aurez compris, ceci est un clap de fin ce qui explique la longueur particulière ce dernier EDC et la forme d'hommage qu'il aura pris à travers de multiples clins d’œil, évocations, références que vous trouverez peut-être.
J'ai passé des moments merveilleux -quelques autres moins- et toujours intenses sur DreadCast mais les bonnes choses ont une fin et celle de Elix arrive en même temps que mon envie de poursuivre.
Ne me cherchez pas sous un autre costume ou derrière un autre masque, pour moi l'aventure s'arrête avec l'histoire de ma bleue.
Bonne continuation à tous, ce fut sans doute souvent un plaisir de RP avec chacun de vous et un regret de ne pas avoir pu partager davantage pour d'autres, voire même pas du tout pour certains.
Je tâcherai de détailler un vrai poste de remerciements plus tard.
Pour l'heure, je tire ma révérence...

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♫♪ «L'espoir est une étrange chose à plumes qui se pense dans notre âme, chante des chansons sans paroles, et ne s'arrête jamais.» ♪♫ (E. Dickinson)

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